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II était inconnu aux Grecs et aux Romains, de même que
l’oranger doux. Gomme ils avaient eu des relations avec TInde
et Geylan, Gallesio présume que ces arbres n’étaient pas cultivés
de leur temps dans la partie occidentale de TInde. Il a
étudié, sous ce point de vue, les anciens voyageurs et géographes,
tels que Diodore de Sicile, Néarque, Arianus, et n’a
trouvé chez eux aucune mention des orangers. Gependant le
sanscrit avait un nom pour l’orange, Nagarunga, Nagrunga^.
C'est même de là qu’est venu le mot Orange, car les Hindous en
ont fait IVarungee (prononcez Naroudjï) d’après Royle, Nerunga
d ’après Piddington, les Arabes Narunj, d’après Gallesio, les Italiens
Aaranzi, Arangi, et dans le moyen âge on a dit en latin
Arancium, Arangium, puis Aurantium Mais le nom sanscrit
s ’appliquait-il à Torange amère ou à Torange douce? Le philologue
Adolphe Pictet m’a donné jadis un renseignement curieux
sur ce point. 11 avait cherché dans les ouvrages sanscrits les noms
significatifs donnés à Torange ou à Toranger et en avait trouvé
17, qui tous font allusion à l a couleur, l’odeur, la qualité acide
(danta catha, nuisible aux dents), le lieu décroissance, etc., jamais
à une saveur douce ou agréable. Cette multitude de noms analogues
à des épithètes montre un fruit anciennement connu,
mais d’une saveur bien différente de Torange douce. D’ailleurs
les Arabes, qui ont transporté les orangers vers l’Occident, ont
connu d’abord Torange amère, lui ont appliqué le nom Narunj
et leurs médecins, dès le x» siècle, ont prescrit le suc amer du
Bigaradier fe Les recherches approfondies de Gallesio montrent
que Tespèce s’était répandue depuis les Romains du côté du golfe
Persique, et à la fin du ix® siècle en Arabie, par l ’Oman, Bas-
sora, Irak et la Syrie, selon le témoignage de Tauteur arabe
Massoudi. Les croisés virent le Bigaradier en Palestine. On le
cultivait en Sicile dès Tannée 1002, probablement à la suite
des incursions des Arabes. Ce sont eux qui l ’ont introduit en
Espagne, et vraisemblablement aussi dans l’Afrique orientale..
Les Portugais le trouvèrent établi sur cette côte lorsqu’ils doublèrent
le Gap, en 1498
Rien ne peut faire présumer que Torange amère ou douce
existât en Afrique avant le moyen âge, car la fqble du jardin
des Hespérides peut concerner une Aurantiacée quelconque, et
chacun peut la placer où il veut, l’imagination des anciens étant
d’une fertilité singulière.
1. Roxburgh, Fl. ind., ed. 1832, v. 2, p. 392 ; Piddington, Index.
2. Gallesio, p. 122.
3. Dans les langues modernes de l ’Inde, le nom sanscrit a été appliqué à
l’orange douce, selon le témoignage de Brandis, par une de ces transpositions
qui sont fréquentes dans le langage populaire.
4. Gallesio, p. 122, 247, 248.
o. Gallesio, p. 2kb. M. Goeze, Beitrag zur Kenntniss der Orangengewachse,
80, 1874, p. 13, cite d’anciens voyageurs portugais pour le même fait.
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Les premiers botanistes anglo-indiens tels que Roxburgh,
Royle, Griffith, Wight, n’avaient pas rencontré le Bigaradier
sauvage ; mais toutes les probabilités indiquaient la région orientale
de TInde comme sa patrie primitive. Le D' Wallicb a mentionné
la localité de Sillet fe sans affirmer la spontanéité. Après
lui, sir Joseph Hooker a vu Toranger amer bien certainement
spontané dans plusieurs districts au midi de THimalaya , de
Garwal et Sikkim à Khasia. Son fruit était sphérique ou un
peu déprimé, de deux pouces de diamètre, très coloré, non
mangeable, d’une saveur (si je me souviens bien, dit Tauteur)
dégoûtante (mawkish) et amère. Le Citrus fusca, de Loureiro fe
semblable, d’après lui, à la planche 23 de Rumphius, et spontané
en Gochinchine et en Ghine, pourrait bien être le Bigaradier,
dont l ’habitation s’étendrait vers l’est.
2° Oranger à fruit doux, Arancio dolce des Italiens, Apfelsine
des Allemands— Citrus Aurantium sinense, Gallesio.
Selon Boyle fe il existe des oranges douces, sauvages, à Sillet
et dans les Nilghiries, mais Tassertion iTest pas accompagnée
de détails qui permettent de lui donner de l ’importance. D’après
le même auteur, l ’expédition de Turner avait cueilli des oranges
sauvages « délicieuses » à Buxedwar, localité au nord-est de
Rungpoor, dans le Bengale. D’un autre côté, les botanistes
Brandis et sir Joseph Hooker ne mentionnent pas Toranger
doux comme spontané dans TInde anglaise. Ils le disent seulement
cultivé. Kurz n’en parle pas du tout dans sa flore forestière
du pays Burman anglais. Plus à 1 est, en Gochinchine,
Loureiro ® a décrit un C. Aurantium à pulpe moitié acide
moitié douce (acido-dulcis), qui parait être 1 oranger à fruits
doux et qui « habite à l’état cultivé et non cultivé en Cochin-
chine et en Ghine ». te rappelle que les auteurs chinois considèrent
les orangers, en général, comme des arbres de leur pays;
mais on manque d’informations précises sur chaque espèce ou
variété, au point de vue de Tindigénat. - . • ,
D’après l’ensemble de ces documents, l’oranger à fruit doux
paraît originaire de la Ghine méridionale et de la Gochinchine,
avec une extension douteuse et accidentelle, par un effet des
semis, dans la région de l’Inde.
Cherchons dans quels pays sa culture a commencé et comment
elle s’ est propagée. Il en résultera peut-être plus de lumière
sur Torigiue et sur la distinction des Orangers proprement
dits d’avec les Bigaradiers.
Un fruit aussi gros et aussi agréable au goût que 1 orange
1. Wallich, List, n® 6384.
2. Hooker, Fl. of brit. India, 1, p. 515.
3. Loureiro, Fl. cochinch., p. 571.
4. Royle, Illustr. of Himalaya, p. 160. H cite Turner, Voyage au Thibet,
p. 20 et 387.
5. Loureiro, Fô cocAmc/i. p. 569. - .
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