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 des  tubercules  de  Pommes  de  terre  comme  provision,  et W.  Raleigh, 
   faisant  une  guerre  de  flibustier  aux  Espagnols,  lui  ou  un  
 autre  peut  avoir  pillé  quelque  vaisseau  qui  en  contenait.  Ceci  
 €st  d autant  moins  invraisemblable  que  les  Espagnols  avaient  
 introduit  la  plante  en  Europe  avant  158 5 . 
 r  J   Joseph  Banks ^  et  Dunal  ^  ont  eu  raison  d’insister  sur  ce  
 tait  de  1 introduction  première  par  les  Espagnols,  attendu  que  
 pendant  longtemps  on  a  parlé  surtout  de Walter Baleigh,  qui  a  
 été  le  second  introducteur,  et même d’autres Anglais, qui avaient  
 apporté  non  la Pomme  de  terre,  mais  la Batate,  plus  ou moins  
 coniondue  avec  elle  fe  Un  botaniste  célèbre,  de  L ’Ecluse  fe  avait  
 pourtant précisé  les  faits  d’une  manière  remarquable.  C’est  lui  
 qui  a  publié  la  première  bonne  description  et  bonne  figure  de  
 la  Pomme  de  terre,  sous  le  nom  significatif  de  Papas  Perua-  
 nomm  D  après  ce  qu’il  dit,  l’espèce  a  bien  peu  changé  par  
 1 effet  d une  culture  de  près  de  trois  siècles,  car  elle  donnait  à  
 1  origine jusqu à  50  tubercules  de  grosseur  inégale,  ayant  de  un  
 a  deux pouces de  longueur,  irrégulièrement  ovoïdes,  rougeâtres,  
 qui mûrissaient  en  novembre  (à Vienne).  La  fleur  était  plus  ou  
 moins  rose  à  l ’extérieur  et  rosée  à  l ’intérieur,  avec  cinq  raies  
 longitudinales  de  couleur  verte,  ce  qu’on  voit  souvent  auiour-  
 d nui.  Un  a  obtenu  sans  doute  de  nombreuses  variétés,  mais  
 1  état  ancien  n  est  pas perdu. De L ’Ecluse  compare  le  parfum  des  
 fleurs  a  celui  du  tilleul,  seule  différence  d’avec  nos  plantes  
 actuelles.  11  sema  des  graines  qui  donnèrent une  variété  à fleurs  
 manches,  comme  nous  en  voyons  quelquefois. 
 L ’Ecluse  lui  avaient  été  envoyées  
 5  Philippe  de  Sivry,  seigneur  de Waldheim,  gouverneur  
 de Mons,  qui  les  tenait  de  quelqu’un  de  la  suite  du  légat 
 T?  L ’Ecluse  ajoute  que  l ’espèce  avait  été 
 reçue  en  Italie  d Espagne  ou  d’Amérique  (certum  est  vel  ex His-  
 paniis,  vel  ex  America  habuisse),  et  il  s ’étonne  qii’étant  devenue  
 commune  en  Italie,  au  point  qufen  la  mangeait  comme  
 des  raves  et  qu on  en  donnait  aux  porcs,  les  savants  de  l ’école  
 ,  e  Dadoue  en  avaient  eu  connaissance  par  les  tubercules  au’il  
 leur  envoya  d Allemagne.  Targioni  ®  n’a  pas  pu  constater  que  
 fe Pomme  de  terre  eut  été  cultivée  aussi  fréquemment  en  Italie  
 n  1a  fin  du  x v F   siecle  que  le  dit  de  L ’Ecluse,  mais  il  cite  le Père  
 Magazzmi,  de  Valombrosa,  dont  l’ouvrage  posthume,  publié 
 1.  Banks,  L  e. 
 2.  Dunal,  Histoire  naturelle  des Solanum,  in-4 
 <^lairern\m  k   ^ h n   Hawkins  était 
 4.  De L’Ecluse,  z.  c. 
 un  1623,  mentionne  fespèce  comme  apportée  précédemment,  
 sans  indication  de  date,  d’Espagne  ou  de  Portugal,  par  des  
 carmes  déchaussés.  Ce  serait  donc  vers  1a  fin  du  xvi®  siècle  ou  
 au  commencement  du  xvii®  que  1a  culture  se  serait  répandue  en  
 Toscane.  Indépendamment  de ce que disent de L ’Ecluse  et l’agronome  
 de Valombrosa  sur  l ’introduction  par  1a  péninsule  espagnole, 
   il  riest  nullement  probable  que  les  Italiens  aient  eu  des  
 rapports  avec  les  compagnons de  Baleigh. 
 Personne  ne peut  douter  que  1a Pomme  de  terre ne  soit  originaire  
 d’Amérique; mais, pour  connaître  de quelle partie précisément  
 de  ce  vaste  continent, il est nécessaire de savoir si  1a plante  
 s y  trouve  à  l ’état  spontané  et dans  quelles  localités. 
 Pour  répondre  nettement  à  cette  question,  il  faut  d’abord  
 écarter deux  causes  d’erreurs  :  l’une  qu’on  a  confondue  avec  1a  
 Pomme de terre  des  espèces  voisines  du  genre  Solanum ;  l’autre  
 que  les  voyageurs  ont  pu  se  tromper  sur  1a  qualité  de  plante  
 spontanée. 
 Les  espèces  voisines  sont  le  Solanum  Commersonii àa  Dunal,  
 dont j ’ai  déjà  parlé;  le  S. Maglia  de Molina,  espèce  du Chili; le  
 S.  immite  de  Dunal,  qui  est  du  Pérou;  et  le  S.  verrucosum  de  
 Schlechtendal, qui croît  au Mexique.  Ges trois sortes  de Solanum  
 ont  des  tubercules  plus  petits  que  le  S.  tuberosum  et  diffèrent  
 aussi par d’autres caractères  indiqués  dans les ouvrages spéciaux  
 de  botanique.  Théoriquement,  on  peut  croire  que  toutes  ces  
 formes  et  d’autres  encore  croissant  en  Amérique,  dérivent  d’un  
 ■seul  état  antérieur;  mais,  à  notre  époque  géologique,  elles  se  
 présentent  avec  des  diversités  qui  me  paraissent  justifier  des  
 ■distinctions  spécifiques,  et il n’a  pas  été  fait  d’expériences  pour  
 prouver  qu’en  fécondant  l ’une  par  l ’autre  on  obtiendrait  des  
 produits  dont les  graines  (et  non  les  tubercules)  continueraient  
 ia  race  fe  Laissons de  côté ces  questions plus  ou moins douteuses  
 sur  les  espèces.  Cherchons  si  1a  forme  ordinaire  du  Solanum  
 tuberosum  a  été  trouvée  sauvage,  et  notons  seulement  que  
 l’abondance  des  Solanum  à  tubercules  croissant  en  Amérique  
 •dans  les régions tempérées, du Chili ou de Buenos-Ayres jusqu’au  
 Mexique,  confirme  le  fait  de  Porigine  américaine.  On ne  saurait  
 rien de  plus  que  ce  serait  une  fòrte  présomption  sur  1a  patrie  
 primitive. 
 La  seconde  cause  d’erreur  est  expliquée  très  nettement  par  le  
 botaniste Weddell  qui  a  parcouru  avec  tant  de  zèle  1a  Bolivie  
 et  les  contrées  voisines,  a  Quand  on  réfléchit,  dit-il,  que  dans  
 l’aride  cordilllère  les  Indiens  établissent  souvent  leurs  petites 
 1.  Le  Solanum  verrucosum,  dont  j ’ai  raconté,  en  18SS,  l’introduction  
 dans  le pays  de Gex,  près  de Genève,  a  été  abandonné, parce que  ses tubercules  
 sont  trop  petits  et  qu’il  ne  résistait  pas  à  l’oïdimn,  comme  on  s’en  
 é ta it  flatté. 
 .2.  Chloris  Andina,  in-4,  p.  103. 
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