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l ’artichaut est probablement une forme obtenue, par la culture,
du Gardon sauvage fe Aujourd’hui, de bonnes observations
en ont donné la preuve. Moris fe par exemple, ayant
cultivé, dans le jardin de Turin, la plante spontanée de Sar daigne
à côté de rArtichaut, affirme qu’on ne pouvait plus les
distinguer par de véritables caractères. MM. Wilkomm et
Lange ®, qui ont bien observé, en Espagne, la plante spontanée
et l’Artichaut qu’on y cultive, ont la même opinion. D’ailleurs
l ’Artichaut n’a pas été trouvé hors des jardins, et comme la
région de la Méditerranée, patrie de tous les Cynara, a été
explorée à fond, on peut affirmer qu’il n’existe nulle part spontané.
Le Gardon dans lequel il faut comprendre le C . h ó r r i d a , de
Sibthorp, est indigène à Madère et aux Gamaries, dans les montagnes
du Maroc près de Mogador, dans le midi et l’orient de
la péninsule ibérique, le midi de la France, de l ’Italie, de la
Grèce et dans les îles de la mer Méditerranée, jusqu’à celle de
Chypre fe Munby ® n’admet pas le C . C a r d u n c u l u s comme
spontané en Algérie, mais bien le C y n a r a h u m i l i s l À ï m è , qui est
considéré par quelques auteurs comme une variété.
Le Gardon cultivé varie beaucoup au point de vue de la
division des feuilles, du nombre des épines et de la taille, diversités
qui indiquent une ancienne culture. Les Romains mangeaient
le réceptacle c[ui porte les fleurs, et les Italiens le mangent
aussi sous le nom de g i r e l l o . Les modernes cultivent le
Gardon pour la partie charnue des feuilles, usage qui n’est pas
encore introduit en Grèce fe
L ’Artichaut présente moins de variétés, ce qui appuie l'opinion
qu’il est une dérivation obtenue du Gardon. Targioni fe dans un
excellent article sur cette plante, raconte que l’Artichaut a été
apporté de^ Naples à Florence en 1466, et il prouve que les
anciens, même Athénée, ne connaissaient pas l’Artichaut, mais
seulement les Gardons sauvages et cultivés. Il faut citer cependant,
comme indice d’ancienneté dans le nord de l ’Afrique, la
circonstance que les Berbères ont deux noms tout à fait particuliers
pour les deux plantes : A d d a d pour le Gardon, T a g a pour
l’artichaut
On croit que les R a c t o s , K i n a r a et S c o l i m o s des Grecs et le
1. Dod o ea s , Hist. plant., p. 724; Linné, Species, p. 1159; de Candolle’ Prodromus, 6, p. 620.
2. Moris, Flora sardoa, 2, p. 61.
3. Willkomm et Lange, Prodr. fl. hisp., 2, p. 180.
4. Webb, Phyt. Canar., 3, sect. 2, p. 384 ; Bail, Spicilegium fl. marocc.,
p. 524 ; Willkomm et Lange, l. c. ; Bertoloni, fl. ital., 9 p. 86 ; Boissier.
fl. orient., 3, p. 357 ; Unger et Kotschy, Inseln Cypern, p. 246.
5. Munby, Cate/., ed. 2. -VF ’ F
6. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenland’s, p. 27.
7. Targioni, Cenni storici, p. 52.
8. Dictionnaire français-berbère, publié par le gouve rnement, 1 vol. in-8.
Carduus des horticulteurs romains étaient le Cynara Cardun-
eulus fe quoique la description la plus détaillée, celle des Théophraste,
soit assez confuse. « La plante, disait-il, croît en
Sicile » ce qui est encore vrai; et il ajoutait : « non en Grèce. » Il
est donc possible que les pieds observés de nos jours dans ce
pays soient le résultat de naturalisations par le fait des cultures.
D’après Athénée ' le roi d’Egypte Ptolomée Euergètes, du
lie siècle avant Jésus-Ghrist, avait trouvé en Lybie une grande
quantité de K in a ra sauvages, dont ses soldats avaient profité.
Malgré la proximité de l’habitation naUirelle de fespèce je
doute beaucoup que les anciens Egyptiens aient cultivé le Gardon
ou l ’artichaut. Pickering et Unger ® ont cru le reconnaître dans
quelques dessins des monuments ; mais les deux figures que
Unger regarde comme le plus admissibles me paraissent extrêmement
douteuses. D’ailleurs on ne connaît aucun nom hébreu,
et les Juifs auraient probablement parlé de ce légume s’ils
l’avaient vu en Egypte. L ’extension de l ’espèce doit s’être faite
en Asie assez tardivement. Il y aun nom arabe, Hirschuff ou Ker-
schoufjf oi un nom persan, Kunghir femáis pas de nom sanscrit,
et les Hindous ont pris le nom persan K u n jir fe ce qui montre
l ’époque tardive de f introduction. Les auteurs chinois n’ont
mentionné aucun Cynara **. En Angleterre, la culture de 1 Artichaut
n’a été introduite qu’en 1548 fe L ’un des faits les plus
curieux dans l ’histoire du Cynara Cardunculus est sa naturalisation,
dans le siècle actuel, sur une vaste étendue des pampas
de Buenos-Ayres, au point de gêner les communications fe II
devient incommode également au Chili fe On ne dit pas que
f Artichaut se naturalise de cette manière nulle part, ce qui est
encore l ’indice d’une origine artificielle.
L a i t u e . — Lactuca Scariola, var. sativa.
Les botanistes s’accordent à considérer, la laitue cultivée
comme une modification de fespèce sauvage appelée Lactuca
S cariola ‘ °.
1. Theophrastes, Hist., 1. 6, c. 4 ; Pline, Hist., 1. 19, c. 8 ; Lenz, Botanik
der alten Griechen und Roemer, p. 480.
2. Athénée, Deipn., 2, 84. i u .
3. Pickering, Chronol. arrangement, p. 71 ; Unger, Pflanzen des alten
Ægyptens, p. 46, fig. 27 et 28.
4. Ainslies, Mat. méd. ind., 1, p. 22.
5. Piddington, Index.
6. Bretschneider, Study, etc., et Lettres de 1881.
7. Phillips, Companion to the kitchengarden, p. 22.
8. Aug. de Saint-Hilaire, Plantes remarq. du Brésil, Introd., p. o8 ; Darwm,
Animais and plants under domestication, 2, p. 34.
9. Cl. Gay, Flora chilena, 4, p. 317. .
10. L’auteur qui a examiné cette ques tion avec le plus de soin est B i /
choff, dans ses Beiträge zur flora Deutschlands und der Schweiz, p. 184.
Voir aussi Moris, Fl. sardoa, 2, p. 530.