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noms sanscrit/ B a n g a et G a n g i k a ‘ orthographiés B h a n g a et
G u n j i k a par Piddington La racine de ces noms a n g ou a n se
retrouve dans toutes les langues indo-européennes et sémitiques
modernes : B a n g en hindou et persan, G a n g a en bengali fe H a n f
en ÿlemand, H e m p en anglais, K a n a s en celtique et bas-breton
moderne C a n z i a b i s en grec et en latin, C a n n a b e n arabe
D’après Hérodote (né en 484 avant Jésus-Ghrist), les Scythes-
employaient le Chanvre, mais de son temps les Grecs le connaissaient
à peine fe Hiéron II, roi de Syracuse, achetait le chanvre
de ses cordages pour vaisseaux dans la Gaule, et Lucilius est le
premier écrivain romain qui ait parlé de la plante (100 ans avant
Jésus Christ). Les livres hébreux ne mentionnent pas le Chanvre fe
H n entrait pas dans la composition des enveloppes de momies
chez les anciens Egyptiens. Même à la fin du xviiie siècle, on ne
cultivait le Chanvre, en Egypte, que pour le h a c h i c h , matière
enivrante fe Le recueil des lois judaïques appelé M i s c h n a , fait
sous la domination romaine, parle de ses propriétés textiles
comme d’une chose peu connue fe H est assez probable que
les Scythes avaient transporté cette plante de l ’Asie centrale
et de la R/ssie à l ’ouest, dans leurs migrations, qui ont eu lieu
vers 1 an 1500 avant Jésus-Christ, un peu avant la guerre de
Troie. Elle aurait pu sùntroduire aussi par les invasions anté-
rieures des Aryens en Thrace et dans l ’Europe occidentale ; mais
alors 1 Italie en aurait eu connaissance plus tôt. On n’a pas-
trouvé le Chanvre dans les palafittes des lacs de Suisse et du
nord de flta lie ‘ fe
Ce qu on a constaté sur l ’habitation du C a n n a b i s s a t i v a concorde
bien avec les données historiques et linguistiques. J ’ai eu
l occasion de m’en occuper spécialement dans une des monographies
du P r o d r o m u s , en 1869 ‘ fe
L ’espèce a été trouvée sauvage, d’une manière certaine, au
midi de la mer Caspienne ‘ fe en Sibérie, près de l ’Irtysch, dans le
désert des Kirghiz^ au delà du lac Baical, en üaourie (gouver-
nement d’Irkntsk). Les auteurs l ’indiquent dans toute la Russ-ie
méridionale et moyenne, et au midi du Caucase‘ fe mais la qualité
1. Roxburgh, F /om indica, ed. 2, vol. 3, p. 772.
2. Piddington, Index.
3. Roxburgh, ibid.
ri Reynier, F c o a o i / e des Celtes, p. 448; Legonidec, Dictionn. bas-breton.
/ i/ R ^ + e e r t , autrefois professeur d’arabe à Genève, m ’a indioué Kan-
nab, Kon-nab, Hon-nab, Ilen-nab, Kanedir, selon les localités,
b. Athénée, cité par Hehn, Cultmmflanzen, p. 168.
7 . Rosenmüller, Handb. bibl. Alterk.
8. Forskal, Flora; Delile, Flore d’Egypte.
9. Reynier, Economie des Arabes, p. 434.
10. Heer, Ueber d. Flachs, p. 25.
11. S o / e l l i , NoZZ/e sm//. staz. di Lagozza, 1880.
12. Vol. XVI, sectîo 1, p. 30.
13. De Bunge, Bull. Soc. bot. de Fr., 1860, p. 30.
14. Ledebour, F/o?’a mvs/m, 3 , p. 634.
spontanée y est moins sûre, attendu que ces pays sont peuplés
et que les graines de Chanvre peuvent se répandre aisément hors
jardins. L ’ancienneté de la culture en Ghine me fait croire que
fhabitation s ’étend assez loin vers l’est, quoique les botanistes
ne l ’aient pas encore constaté ‘ . M. Boissier indique l ’espèce
en Perse comme «presque spontanée ». Je doute qu’elle y soit
indigène, parce que les Grecs et les Hébreux l’auraient connue
plus tôt si elle l’était.
Mûrier blanc, — Morus alba, Linné.
Le Mûrier dont on sert le plus communément en Europe pour
l ’éducation des vers à soie est le Morus alba. Ses variétés, très
nombreuses, ont été décrites avec soin par Seringe ^ et plus
récemment par M. Bureau fe La plus cultivée dans ITnde, le
Moims indica, Linné [Morus alba, var. indica. Bureau), est sauvage-
dans le Punjab et à Sikim, d’après Brandis, inspecteur général
des forêts de l’Inde anglaise fe Deux autres variétés, serrata et
cuspidata, sont aussi indiquées comme sauvages dans diverses
provinces de l’Inde septentrionale ®. L ’abbé David a trouvé en
Mongolie une variété parfaitement spontanée, décrite sous le nom
de Mongolica parM. Bureau, et le D® Bretschneider ® cite un nom.
Yen, d’anciens auteurs chinois, pour le Mûrier sauvage. H ne
dit pas, il est vrai, si ce nom s ’applique au Mûrier blanc : Pc
[h\anc)-Sang (Mûrier), des cultures chinoises fe L ’ancienneté de
la culture en Ghine * et au Japon, ainsi que la quantité de
formes différentes qu’on y a obtenues, font croire que la patrie
primitive s’étendait à l ’est jusqu’au Japon, mais on connaît peu
ia flore indigène de la Ghine méridionale, et les auteurs les plus
dignes de confiance pour les plantes japonaises riaffîrment pas
la qualité spontanée. MM. Franchet et Savatier ® disent : « cultivé
depuis un temps immémorial et devenu sauvage çà et là. »
Notons aussi que le Mûrier blanc paraît s’accommoder surtout
des pays montueux et tempérés, par où l ’on peut croire qu’il
aurait été jadis introduit du nord de la Ghine dans les plaines du
midi. On sait que les oiseaux recherchent ses fruits et en portent
les graines à de grandes distances dans des localités incultes, ce
qui empêche de constater les habitations vraiment anciennes.
1. M. de Bunge a trouvé le Chanvre dans le nord de la Chine, mai»
dans des décombres {Enum., n° 338).
2. Seringe, Description et culture des Mûriers.
3. Bureau, dans de Candolle, Prodromus, 17, p. 238.
4. Brandis, The forest flora of north-west and central India, p .
Cette variété a le fruit noir, comme le Morus nigra.
5. Bureau, /. c . , d’après des échantillons de divers voyageur s,
6. Bretschneider, Study and value of chinese bot. works, p. 12.
7. Ce nom est dans le Pent-sao, d’après Ritter, Ex'dkunde, 17, p. 489.
8. D’après Platt, '¿eitschrift d. Gesellsch. Erdkunde, 1871, p. 162, la ciU-
ture remonte à 4000 ans avant J.-C. .
9. Franchet et Savatier, Enumeratio plantarum Japoniæ, 1, p. 433.
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