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320 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES
mates, comme dans le setigerum, et non de 10 à 12 , comme dans
le Pavot cultivé. Cette dernière forme, inconnue dans la nature,
paraît donc s’être manifestée plus tard, dans les temps historiqiies.
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On cultive encore le P. setigerum dans le nord de la France,
conjointement avec le somniferum, pour l ’huile d’oeillette ».
Les anciens Grecs connaissaient très bien le Pavot cultivé.
Homère, Théophraste et Dioscoride en ont parlé. Ils n’ignoraient
pas les propriétés somnifères du suc , et Dioscoride -
mentionne déjà la variété à graines blanches. Les Romains cultivaient
le Pavot avant l’époque républicaine, comme le prouve
l ’anecdote sur Tarquin. Ils en mêlaient les graines avec la farine
dans la panification.
Les Egyptiens, du temps de Pline fe se servaient du suc de
pavot comme médicament, mais nous n ’avons aucune preuve
que cette plante ait été cultivée en Egypte plus anciennement ».
Dans le moyen âge ® et aujourd’hui, c’est une des principales cultures
de ce pays, en particulier pour l ’opium. Les livres hébreux
ne mentionnent pas l ’espèce. D’un autre côté, il existe un
ou deux noms sanscrits. Piddigton indique Chosa et Adolphe
Pictet Khaskhasa, qui se retrouve, dit-il, dans le persan Chash-
châsh, Parménien Chashchash et l’arabe fe Un autre nom persan
est Kouknar fe Ges noms et d ’autres que je pourrais c ite r ,
très différents du Maikôn (M-/)y.tov) des Grecs, sont un indice de
fancienneté d’une culture répandue en Europe et dans l ’Asie
occidentale. Si l ’espèce a été cultivée, dans un temps préhistorique,
d’abord en Grèce, comme cela paraît probable, elle a pu
se répandre vers l ’est avant finvasion des Aryens dans l ’Inde;
mais il est singulier qu’on n’ait pas de preuve de son extension
en Palestine et en Egypte avant l ’époque romaine. Il est possible
encore qu’en Europe on ait cultivé premièrement la forme
sauvage appelée Papaver setigerum, usitée par les lacustres de
Suisse, et que la forme des cultures actuelles soit venue de
FAsie Mineure, où Fespèce était cultivée il y a au moins trois
mille ans. Ge qui peut le faire supposer, c'est l’existence du nom
grec Maikôn, en dorien Makon, dans plusieurs langues slaves et
des peuples au midi du Gaucase, sous la forme de Mack fe
La culture du Pavot a augmenté, de nos jours, dans FInde, à
cause de l’exportation de l’opium en Ghine, mais les Ghinois
1. De Lanessan, dans la traduction de F lü ck ig e r et Hanbury, Histoire des
drogues d ’origine végétale, 1, p. 129.
2 . Dioscorides, Hist. plant., 1. 4 , c. 6 5 .
3 . Pline, Hist. plant., \. 2 Q, c. 1 8 .
4. Unger, Die Pflanze als Ei'regungs und Betaubungsmitlel, p. 47 ; Die
Pflanzen des alten Ægyptens, p. 5 0 .
5 . Ebn Raithar, trad. allem., 1 , p. 6 4 .
6. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, éd. 3 , vol. 1 , p. 366.
7 . Ainslies, Mat. med. indica, 1 , p. 326.
8. Nemnich, Polygl. Lexicon, p. 848.
PAVOT 321
cesseront bientôt de chagriner les Anglais en leur achetant ce
poison, car ils se mettent à le produire avec ardeur. Plus de la
moitié de leur territoire cultive actuellement le Pavot». L ’espèce
n’est nullement spontanée dans les régions orientales de FAsie, et
même, pour ce qui est de la Ghine, la culture n’en est pas ancienne
fe
Le nom Opium, appliqué au médicament tiré de la capsule,
remonte aux auteurs grecs et latins. Dioscoride écrivait Opos
(O t io ç ) . Les Arabes en ont fait Afiun ® et Font propagé dans
FOrient, jusqu’en Ghine.
MM. Flückiger et Hanbury » ont, donné des détails très
développés et intéressants sur l’extraction, le commerce et
l ’emploi de l ’opium dans tous les pays, en particulier en Ghine.
Gependant je présume que nos lecteurs liront avec plaisir les
fragments qui suivent de lettres de M. leD‘- Bretschneider, datées
de Péking, 23 août 18 8 1 , 28 janvier et 18 juin 1882. Elles donnent
les renseignements les plus certains que les livres chinois,
bien interprétés, puissent fournir.
« L ’auteur du Pent-sao-kang-mou, qui écrivait en 1552^ et
1578, donne quelques détails concernant le a-fou-yong (c’est
Afioun, Opium), drogue étrangère produite par une espèce de
Ying sou à fleurs rouges dans le pays de Tien fang (l’Arabie) et
employée récemment comme médicament en Ghine. Du temps
de la dynastie précédente (mongole, 1280-1368), on n’avait pas
beaucoup entendu parler du a-fou-yong. L ’auteur chinois donne
quelques détails sur l’extraction de FOpium dans son pays natal,
mais ne dit pas qu’il soit aussi produit en Ghine. H ne parle pas
non plus de l’habitude de le fumer. — Dans le Descriptive
Dictionary of the Indian Islands by Grawfurd, p. 3 1 2 , je
trouve le passage suivant : « The earliest account we have oi
the use of Opium, not only from the Archipelago, but also for
India and Ghina, is by the faithful and intelligent Barbosa ®. He
writes the word amfiam, and in his account of M/ac ca, enumerates
it among the articles brought by the Moorish and gentile
merchants of Western India, to exchange for the cargos of Ghi-
nese junks. »
« II est difficile de fixer d’une façon exacte Fépoque à laquelle
les Gbinois commencèrent à fumer FOpium et à cultiver le Pavot
qui le produit. Gomme je Fai dit, il y a beaucoup de confusion à
propos de cette question, et pas seulement les auteurs européens,
mais aussi les Ghinois de nos jours appliquent le nom de
\. Martin, dans Bull. Soc. d ’acclimatation, 1872, p. 200.
2 . S ir J . Hooker, Flora o f british India, 1, p. 117 ; Bretschneider, Study
and value, etc., kl.
3 . Ebn Baithar, 1 , p. 64.
4 . Flückiger et Hanbury, Histoire des drogues d origine végétale, traduction
française, 2 vol. in-8‘, 1878, vol. i , p. 97- 130.
5. Barhosa / ib l i a son ouvrage en 1516.
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