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J . Grawfurd », après avoir vu le Mais généralement cultivé dans
rarchipel indien, sous nn nom, Jarung, qui lui paraissait indigène,
a cru l ’espèce originaire de ces îles. Mais alors comment
Rumphius n’en aurait-il pas dit un mot? Le silence d’un pareil
auteur fait présumer une introduction depuis le xvii® siècle. Sur
le continent indien, le Maïs était si peu répandu dans le siècle
dernier, que R o xb u r / i ^ écrivait dans sa flore, publiée longtemps
après avoir été rédigée : « Guitivé dans différentes parties de
rinde dans les jardins et seulement comme objet de luxe; mais
nulle part sur le continent indien comme objet de culture en
grand. » Nous avons vu qu’il n’y a pas de nom sanscrit.
En Ghine, le Maïs est fréquemment cultivé aujourd’hui, en
particulier , autour de Péking , depuis plusieurs générations
d’hommes quoique la plupart des voyageurs du siècle dernier
n’en aient fait aucune mention. Le D"' Bretschneider, dans son
opuscule de 1870, n’hésitait pas à dire que le Maïs n’est pas
originaire de Ghine ; mais quelques mots de sa lettre de 1881
me font penser qu’il attribue maintenant de l ’importance à un
ancien auteur chinois dont Bonafous et après lui MM. Hance et
Mayers ontbeaucoup parlé. Il s’agit de l ’ouvrage de Li-chi-Tchin
intitulé Phen-thsao-Kang-Mou, ou Pên-tsao-kung-mu, espèce
de traité d’histoire naturelle, que M. Bretschneider » dit être de
la fin du XVI® siècle. Bonafous précise davantage. Selon lui, il a
été terminé en 1578. L ’édition qu’il en avait vue, dans la bibliothèque
Hiizard, est de 1037. Elle contient la figure du Maïs, avec
le caractère chinois. Gette planche est copiée dans l’ouvrage de
Bonafous, au commencement du chapitre sur la patrie du Maïs.
Il est évident qu’elle représente la plante. Le D'’ Hance ® paraît
s’être appuyé sur des recherches de M. Mayers, d ’après lesquelles
d’anciens auteurs chinois prétendent que le Maïs aurait été importé
de Sifan (Mongolie inférieure, à l ’ouest de la Ghine), longtemps
avant la fin du quinzième siècle, à une date inconnue. Le
mémoire contient une copie de la figure du Pên-tsa-kung-mu,
auquel il attribue la date de 1597.
L ’importation par la Mongolie est tellement invraisemblable
qu’il ne vaut pas la peine d’en parler, et, quant à l ’assertion
principale de l’auteur chinois, il faut remarquer les dates ou incertaines
ou tardives qui sont indiquées. L ’ouvrage a été terminé
en 1578, selon Bonafous, et selon Mayers en 1597. Si cela
est vrai, surtout si la seconde de ces dates est certaine, on peut
admettre que le Maïs aurait été apporté en Ghine depuis la dé-
1 . Grawfurd, History o f the indian archipelago, Edinburgh, 1820, vol. 1 -
Journal o f hot., 1866, p. 326. ’
2 . Roxburgh, Flora indica, ed. de 1832, vol. 3 , p. 568.
3 . Rretschneider, On study and value, etc., p. 7 , 18.
4 . Bretschneider, Z. c., p. 5 0 .
5 . L ’article est dans le Pharmaceutical journal de 1870. Je ne le connais
que par un court extrait, dans Seemann, Journal o f botany, 1871, p. 62.
couverte de l’Amérique. Les Portugais sont venus a Ja v a en
1496 » c’est-à-dire quatre années après la découverte de i Amér
ique,’et en Ghine dès l’année 1 5 16 fe Le voyage de Magellan
de l ’Amérique australe aux îles Philippines a eu lieu / 15..0.
Pendant les 58 ou 77 années entre 1 5 16 et les dates attribuées
aux éditions de l ’ouvrage chinois, des graines de Mais ont pu
être portées en Ghine par des voyageurs venant d Amérique
ou d’Europe. Le D“ Bretscbneider m’écrivait récemment que tes
Ghinois n’ont point eu connaissance du nouveau monde avant
les Européens, et que les terres situées à forient de leur pays,
dont il est quelquefois question dans leurs anciens ouvrage/
étaient le Japon. Il avait déjà cité l’opinion d un savant chinois
que l ’introduction du Maïs près de Peking
temps de la dynastie Ming, laquelle a fini en 16 i4. Yoila une
date qui s’accorde avec les autres probabilités.
L ’introduction au Japon est probablement plus tardive, puisaue
Kæmpfer n’a pas mentionné l ’espèce fe j •
D ’a p r è s cet ensemble de faits,, le Maïs n’était pas de 1 ancien
monde. Il s’y est répandu rapidement après la découverte de
l ’Amérique, et cette rapidité même achève de prouver que, s il
avait existé quelque part, en Asie ou en Afr iqu / il y aurait joue
depuis des milliers d’années un rôlé tres/mportant.
Nous allons voir en Amérique des faits qui contrastent avec
»
Au moment de la découverte de ce nouveau coteinent, ^ Mais
était une des bases de son agriculture, depuis la
Plata jusqu’aux Etats-Unis. Il avait des noms dans toutes les lam
©nés fe Les indigènes le semaient autour de leurs demeuies tem
poraires, quand ils ne formaient pas une population ag g lomè re.
Les sépultures appelées mounds des indigènes de 1 Ammaque du
Nord antérieurs à ceux de notre temps les tombeaux des Incas
les catacombes du Pérou renferment des epis ou
Maïs de même que les monuments de 1 ancienne Egypte des
©rains d’Orge, de blé on de Millet. Au Me/qne, une ¿eesse
portait un nom dérivé de celui du M / s
était comme la Gérés des Grecs, car elle recevait les premices
de la récolte du Maïs, comme la déesse grecque
A Gusco les vierges du soleil préparaient du pmn de Mais poui
les sacrifices. Rien ne montre mieux l’antiquité et la pneralite
de la culture d’une plante que cette fusion intime / e c l e s usagre^
reliffieux d’anciens habitants. Il ne faut cependant pas attiibuei
à ces indications en Amérique la même impor tpce que dans
notre aimien monde. La civilisation des Péruviens, sous les
1 . Rumphius, Amboyn., vol. 5 , p. 525.
4 . Voir Martius, Beiträge zur Ethnographie Amerikas, p.
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