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montre encore d’anciennes cultures dans divers pays. Webb
et Berthelot n’ont pas découvert un nom du Dattier dans la
langue des Guanches, et c’est bien à regretter. Le nom grec,
Phoenix, se rapporte simplement à la Phénicie et aux Phéniciens,
possesseurs du Dattier ». Les noms Dactylus et Datte sont des
dérivés de Dachel, dans un dialecte hébreu fe On ne cite aucun
nom sanscrit, d’où Ton peut inférer que les plantations de Dattiers
ne sont pas très anciennes dans l ’Inde occidentale. Le climat
indien ne convient pas à l’espèce fe Le nom hindustani, Khurma,
est emprunté au persan. _ , ,
Plus à l’est, le Dattier a été longtemps inconnu. Les Lhinqis
l’ont reçu de Perse, au m« siècle de notre ère, et pins tard à différentes
reprises, mais aujourd’hui ils l’ont abandonné ». En
général, hors de la région aride qui s’étend de FEuphrate au
midi de l’Atlas et aux Ganaries, le Dattier n’a pas réussi sous
des latitudes analogues, ou du moins il n’est pas devenu un
objet important de culture. 11 aurait de bonnes conditions d’existence
en Australie et au Gap, mais les Européens, qui ont colonisé
ces pays, ne se contentent pas, comme les Arabes, de figues et de
dattes pour leur nourriture. J ’estime, en définitive, que dans les
temps antérieurs aux premières dynasties égyptiennes le Dattier
existait déjà, spontané ou semé çà et là par des tribus errantes,
dans la zone de l’Euphrate aux Ganaries, et qu’on s’est mis à le
cultiver plus tard jusqu’au nord-ouest de l ’Inde, d’un côté, et
aux îles du Gap-Vert fe de l’autre, de sorte que l’habitation naturelle
est restée à peu près la même environ 5000 ans. Qu’était-elle
à une époque antérieure? G’est ce que des découvertes paléonto-
logiques apprendront peut-être un jour.
B a n a n i e r . — Musa sapientum et M. paradisiaca, Linné. —
M. sapientum, Brown.
On regardait assez généralement le Bananier, ou les Bananiers,
comme originaires de l’Asie méridionale et comme transportés
en Amérique par les Européens, lorsque M. de Humboldt
est venu jeter des doutes sur l’origine purement asiatique. Il a
cité, dans son ouvrage sur la Nouvelle-Espagne fe d’anciens
auteurs d’après lesquels le Bananier aurait été cultivé en Amérique
avant la découverte.
Il convient que, d’après Oviedo fe le Père Thomas de Ber-
1. Hehn, CuUw'pflanzen, ed. 3, p. 234.
2. G. Ritter, l. c., p. 828.
3. D’après Roxburgh, Royle, etc.
4. Rretschneider, On study, etc., p. 31. , t. xx-
5. D’après Schmidt, Flora d. Cap-Verd Inseln, p. 168, le Dattier est rare
dans ces îles et n’y est certainement pas sauvage. Au contraire, d p s quelques
unes des îles Ganaries, il a toutes les apparences d’un arbre indigène,
d’après Webb et Rerthelot, Eist. nat. des Canaries, Botanique, 3, p. 289.
6. De Humboldt, Nouvelle-Fspagne, 1”® édit., II, p. 360. ,
7. Oviedo, Hist. nat., 1556, p. 112-114. Le premier ouvrage d Oviedo est
langas aurait transporté, en 1516, des îles Ganaries à Saint-
Domingue, les premiers Bananiers, introduits de là dans d’autres
îles et sur la terre ferme ». D reconnaît que, dans les relations
de Colomb, Alonzo Negro, Pinzón, Vespuzzi et Gortez, il n’est
jamais question de Bananier. Le silence de Demandez, qui
vivait un demi-siècle après Oviedo, l’étonne et lui paraît une
négligence singulière, « car, dit-il fe c’est une tradition constante
au Mexique et sur toute la terre ferme que le Platano
arton et le Dominico y étaient cultivés longtemps avant Farrivré
des Espagnols. » L ’auteur qui a marqué avec le plqs de soin
les différentes époques auxquelles Fagriculture américaine s’est
enrichie de productions étrangères, le Péruvien Garcilasso de la
Vega ®, dit expressément que, du temps des Incas, le maïs, le
quinoa, la pomme de terre, et dans les régions chaudes et tempérées
les bananes faisaient la base de la nourriture des indigènes.
Il décrit le Musa de la vallée des Andes; il distingue
même l’espèce plus rare, à petit fruit sucré et aromatique, le
Dominico, de la banane commune ou Arton. Le Père Acosta »
affirme aussi, quoique moins positivement, que le Musa était
cultivé par les Américains avant l ’arrivée des Espagnols. Enfin
M. de Humboldt ajoute d’après ses propres observations : « Sur
les rives de l’Orénoque, du Gassiquaire ou de Beni, entre les
montagnes de FEsmeralda et les rives du fleuve Garony, au
milieu des forêts les plus épaisses, presque partout où l’on découvre
des peuplades indiennes qui n’ont pas eu des relations
avec les établissements européens, on rencontre des plantations
de Manioc et de Bananiers. » M. de Humboldt, en conséquence,
a émis l ’hypothèse qu’on aurait confondu plusieurs espèces ou
variétés constantes de Musa, dont quelques-unes seraient originaires
du nouveau monde.
Desvaux s’empressa d’examiner la question spécifique, et
dans un travail vraiment remarquable publié en 1814 ® il a
regardé tous les Bananiers cultivés pour leurs fruits comme une
seule espèce. Dans cette espèce, il distingue 44 variétés, qu’il
dispose en deux séries, les Bananes à gros fruits (7 à 15 pouces
de longueur) et celles à petits fruits (1 à 6 pouces) appelées vulgairement
figues bananes. B. Brown en 1818, dans ren ouvrage
sur les plantes du Congo, p. 51, soutient aussi qu aucune circonstance
dans la structure des Bananiers cultivés en Asie et en
Amérique n’empêche de les considérer comme appartenant à
©
de 1526. G’est le pins ancien voyageur naturaliste cité par Dryander
[Bibl. banks.) pour l’Amérique. . ^ t,
1. J’ai lu ce passage également dans la traduction d Oviedo par Ramusio,
''^°2. De^Humboldt, Nouvelle-Fspagne, 2<= édit., p. 385.
3. Garcilasso de la Vega, Commentarios reales, 1, p. 2»2.
4. Acosta, Hist. nat. de Indias, 1608, p. 250.
5. Desvaux, Journ. bot., IV, p. 5.
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