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fruit pareil. On a cru quelquefois le reconnaître dans les Tuberes
dont il parle fe Gelait un arbre apporté de Syrie du temps d’Auguste.
Il y avait des Tuberes blanches et des rouges. D’autres
(Tuberes? ou Mala?) des environs de Vérone étaient velues. Le
reste du chapitre paraît concerner les Mala seulement. Des vers
élégants de Pétrone, cités par Dalechamp 2, prouvent clairement
que les Tuberes des Romains du temps de Néron étaient un fruit
glabre; mais ce pouvait être le Jujubier (Zizyphus), le Diospyros,
ou quelque Gratægus, aussi bien que le Pêcher à fruit lisse. Chaque
auteur, à l’époque de la Renaissance, a eu son opinion à cet
égard ou s’est mis à critiquer l’assertion des autres fe Peut-être
•y avait-il des Tuberes de deux ou trois espèces, comme le dit
Pline, et l ’une d’elles, qui se greffait sur les Pruniers était-elle
la pêche lisse? Je doute qu’on puisse jamais éclaircir cette question
fe
« En admettant même que le Nucipersica eût été introduit en
Europe seulement au moyen, âge, on ne peut se refuser â constater
le mélange dans les cultures européennes depuis plusieurs
siècles, et au Japon depuis un temps inconnu, de toutes les qua-
l i t / principales de peches. Il semble que ces qualités diverses se
soient produites partout au moyen d ’une espèce primitive, qui
aurait été la pêche velue. S ’il y avait eu d ’origine deux espèces,
ou elles auraient été dans des pays différents, et leur culture se
serait établie séparément, ou elles auraient été dans le même
pays, et dans ce cas il est probable que les anciens transports
auraient introduit ici une des espèces, ailleurs l ’autre. »
J insistais, en 1855, sur d autres considérations pour appuyer
1 idée que la pêche lisse ou Brugnon [Nectarine des Anglais)
est issue du Pêcher ordinaire ; mais Darwin a cité un si grand
nombre de cas dans lesquels une branche de Nectarine est
sortie tout à coup d’un Pêcher â fruit velu, qu’il est inutile d’en
parler davantage. J ’ajouterai seulement que le Brugnon a
toutes les apparences d’un arbre factice. Non seulement on ne
l ’a pas trouvé sauvage, mais.il ne se naturalise pas hors des
jardins, et chaque pied dure moins que les Pêchers ordinaires.
C’est une forme affaiblie.
« L a facilité, disais-je, avec laquelle nos Pêchers se sont multipliés
de semis en Amérique et ont donné, sans le secours de
la greffe, des fruits charnus, quelquefois très beaux me fait
croire que l ’espèce est dans un état naturel, peu altéré par une
1. Pline, Dediv. gen. malorum, 1. 2, c. 14,
2. Dalechamp, Eist., 1, p. 358.
“ iMatthioli, p. 122; Cæsalpinus, p. 107; J. Bauhin,
p . I b ü ^ 6 t C .
4. Pline, 1. 17, c. 10.
5. Je frai pas pu / c o u v r i r un nom italien de fruit glabre ou autre oui
denv e de tuher ou tuberes. C’est une chose singulière, car, en gèuérah
les anciens noms de fruits se sont conservés sous quelque forme.
longue culture ou par des fécondations hybrides. En Virginie et
dans les Etats voisins, on a des pêches provenant d’arbres
semés, non greffés, et leur abondance est si grande qu’on est
obligé d’en faire de l ’eau-de-vie fe Sur quelques pieds, les
fruits sont magnifiques fe A Juan-Fernandez, dit Bertero fe le
Pêcher est si abondant, qu’on ne peut se faire une idée de la
quantité de fruits qu’on en récolte; ils sont en général très bons,
malgré l ’état sauvage dans lequel ils sont retombés. D’après
ces exemples, il ne serait pas surprenant que les Pêchers sauvages,
â fruits médiocres, trouvés dans l ’Asie occidentale, fussent
tout simplement des pieds naturalisés sous un climat peu
favorable, et que l ’espèce fût originaire de Chine, où la culture
paraît la plus ancienne. »
Le Dù Bretschneider fe entouré â Peking de toutes les ressources
de la littérature chinoise, après avoir lu ce qui précède,
s’est contenté de dire : « Tao est le Pêcher. De Candolle pense
que la Ghine est le pays natal de la Pêche. Il peut avoir raison
(He maybe right). »
L ’ancienneté cÚexistence et la spontanéité de l’espèce^ dans
l ’Asie occidentale sont devenues plus douteuses qu’en 1855. Les
botanistes anglo-indiens parlent du Pêcher comme d’un arbre
uniquement cultivé ou cultivé et se naturalisant dans le nord-
ouest de l’Inde, avec une apparence spontanée M. Boissier
cite des échantillons recueillis dans le Ghilan et au midi du
Gaucase, mais il n’affirme rien quant â la qualité spontanée, et
Karl Koch fe après avoir parcouru cette région, dit en parlant
du Pêcher : « Patrie inconnue, peut-être la Perse. » M. Boissier a
vu des pieds qui se sont établis dans les gorges du mont
Hymette, près d’Athènes.
Le Pêcher se répand avec facilité dans les pays où on le cultive,
de sorte qu’on a de la peine à savoir s [ tel individu e /
d’origine naturelle, antérieure à la culture, ou s il est naturalisé,
mais c’est en Ghine qu’on a certainement commencé à le planter;
c’est lâ qu’on en a parlé deux mille ans avant l’introduction
dans le monde gréco-romain, un millier d’années peut-être avant
l’introduction dans les pays de langue sanscrite.
Le groupe des Pêchers [genre ou sous-genre) se compose
maintenant de cinq formes, que Deeaisne considérait comme
des espèces, mais que d’autres botanistes appelleront volontiers
1. Braddick, Trans. hox-t. Soc. Lond., 2, p. 205.
2. Ibid., pl. 13.
3. Bertero, dans Ann. sc. nat., XXI, p. 350. , , • , ?
4. Bretschneider, On the study and vcdue of chínese botanical work.,
;p. 10.
5. Sir J. Hooker, Fl. of brit. India, 2, p. 313.
6. Brandis, Forest flora, etc., p. 191.
7 . Boissier, Flora orientalis, 2, p. 640.
8. K. Koch, Dendrologie, 1, p. 83.
9. Deeaisne, Jardin fruitier du Muséum, Pêchers, p. 42.
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