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l ’arabe fe Gomment supposer qu’un fruit aussi excellent et qui
s ’obtient en abondance dans l’Asie occidentale se serait répandu
si lentement du nord-ouest de ITnde vers le monde gréco-
romain? Les Gbinois le connaissaient deux ou trois mille ans
avant l ’ère chrétienne. Ghang-Kien était allé jusqu’en Bactriane,
un siècle avant cette ère, et il est le premier qui ait fait connaître
l ’Occident à ses compatriotes fe G’est peut-être alors que
l ’Abricotier a été connu dans l ’Asie occidentale et qu’on a pu le
cultiver et le voir se naturaliser, çà et là, dans le nord-ouest de
rinde et au pied du Gaucase, par l ’eiTet de noyaux jetés hors des
plantations.
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Am a n d ie r . — Amygdalus communis, \Ànïié. — Pruni species,
Bâillon. — Prunus Amygdalus, Hooker fils.
L ’Amandier se présente, avec l’apparence tout à fait spontanée
■ou quasi spontanée, dans ies parties chaudes et sèches d e là
région méditerranéenne et de l’Asie occidentale tempérée. Gomme
les noyaux sortis des cultures naturalisent facilement l ’espèce,
il faut recourir à des indications variées pour deviner la patrie
ancienne.
Ecartons d’abord l ’idée d’une origine de l ’Asie orientale. Les
flores japonaises ne parlent pas de l ’amandier. Gelui que M. de
Bunge a vu cultivé dans le nord de la Ghine, était le Persica
Davidiana Le Bretschneider dans son opuscule classique,
nous apprend qu’il n’a jamais vu l ’Amandier cultivé en Chine,
et que la compilation publiée sous le nom de Pent-sao, dans le
X® ou XI® siècle de notre ère, le décrit comme un arbre du p a y s
des Mahométans, ce qui signifie le nord-ouest de l ’Inde ou la
Perse.
Les botanistes anglo-indiens ® disent que l ’Amandier est cultivé
dans les régions fraîches de l’Inde, mais quelques-uns ajoutent
qu’il n’y prospère pas et qu’on fait venir beaucoup d’amandes
de Perse fe On ne connaît aucun nom sanscrit, ni même des
langues dérivées du sanscrit. Evidemment, le nord-ouest de
l’Inde est hors de la patrie originelle de l ’espèce.
Au contraire, de la Mésopotamie et du Turkestan jusqu’en
Algérie, il ne manque pas de localités dans lesquelles d’excellents
botanistes ont trouvé l ’Amandier tout à fait sauvage.
M. Boissier ^ a vu des échantillons recueillis dans les rocailles en
Piddington, /ndeæ; Roxburgh, FL ind.,l. c. ; Forskal, FL Egypt. : De-
iile, ni. Egypt. .
2. Bretschneider, On the study and value of chinese botanical wox-ks.
à. Bretschneider, Eax-ly european x-eseax-ches. p. 149.
fe Bretschneider, Study and value, etc., p. 10, et Eax-ly x-esearches, p. 149.
fe Brandis, Fox-est flox-a ; sir J. Hooker, Fl. of bx-it. India, 3, p. 313.
6. Roxburgh, Fl. ind., ed. 2, vol. 2, p. 500; Royle, III. Himal., p. 204.
7. Boissier, Fl. or., 3, p. 641.
Mésopotamie, dans l ’Aderbijan, le Turkestan, le Kurdistan et
dans les forêts de l ’Antiliban. Karl Koch ‘ ne l’a pas rencontré
à l’état sauvage au midi du Gaucase, ni M. de Tchibatcheff en
Asie Mineure. M. Gosson ^ a trouvé des bois naturels d ’Aman-
diers près de Saïda, en Algérie. On le regarde aussi comme
sauvage sur les côtes de Sicile et de Grèce mais là, et plus
encore dans les localités où il se montre en Italie, en France
ou en Espagne, il est probable ou presque certain que c’ est
le résultat de noyaux dispersés par hasard à la suite des cul-
turcs •
L ’ancienneté d’existence dans l ’Asie occidentale est prouvée
par le fait de noms hébreux, Schaked, Luz ou Lus (qui est
encore le nom arabe Louz), et de Schekedim, pour l’amande fe
Les Persans ont un autre nom, Badam, dont j ’ignore le degré
d’ancienneté. Théophraste et Dioscoride ® mentionnent l ’Amandier
sous un nom tout différent, Amugdalai, traduit par les
latins en Amygdalus. On peut en inférer que les Grecs n’avaient
pas reçu l ’espèce de l’intérieur de l’Asie, mais l ’avaient trouvée
chez eux ou au moins dans l’Asie Mineure. L ’Amandier est
figuré plusieurs fois dans les peintures découvertes à Pompeia
fe Pline ’ doute que l’espèce fût connue en Italie du temps
de Gaton, parce qu’elle était désignée sous le nom de noix
grecque. D est bien possible que l ’Amandier eut été introduit
des îles de la Grèce à Borne. On n a pas trouvé d amandes dans
les (( Terramare » du Parmesan, même dans les couches supérieures.
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J ’avoue que le peu d’ancienneté de 1 espece chez les Romains
et l ’absence de naturalisation hors des cultures en Sardaigne et
en Espagne ® me font douter de findigénat sur la côte septen-
trionale d’Afrique et en Sicile. Ce sont plutôt, à ce qu il semble,
des naturalisations remontant à quelques siècles. A l ’appui de
cette hypothèse, je remarque le nom berbère de fam an te
Talouzet fe qui se rattache évidemment à f arabe Louz, c ’est-à-
dire à la langue des conquérants venus après les Romains. Au
contraire, dans l’Asie occidentale et même dans certains points
de la Grèce, on peut regarder findigénat comme préhistorique,
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1. K. Koch, Dexidrologie, 1, p. 80 ; Tchihatcheff, Asie Mineure, Botanique,
1, p. 108.
2. Ann. des sc. xiat., série 3, vol. 19, p. 108. , , . ,
3. Gussone, Synopsis fl. siculæ, 1, p. 532 ; de Heldreich, Nutzpflanzen
Griechenland’s, p. bl.
4. Hiller, Hierophyton, 1, p. 213 ; Rosenmüller, Handb. bibl. Alterk.,
B ^ r iS p h r a s t e s , HisL, L 1, c. 11, 18, etc. ; Dioscorides, L 1, c. 176.
6. Schonw, Die Erde, etc.; Cornes, III. piante nei dipinti pompeiani, p. 13.
7. Pline, HisL, 1. 16, c. 22. .
8. Moris, Flox-a Sardoa, 2, p. 5 ; Willkomm et Lange, Prodx-. II. hisp.,
3, p. 243.
9. Dictionnaire fx-ançais-bex-bèx-e, 1844.