FRAISIER
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mémoire d’homme, dans certaines îles de l ’archipel asiatique.
Forster ne la mentionne pas dans son opuscule sur les fruits des
îles de la mer Pacifique, lors de l’expédition de Gook. Le nom
vulgaire aux Philippines, M a n g a fe montre une origine étrangère,
car c’est le nom malais et espagnol. Le nom vulgaire à
Geylan e s t A m b e , analogue au sanscrit A m r a et d’où Viennent
les noms persan et arabe A m b ^ , les noms modernes indiens, et
peut-être les noms malais M a n g k a , M a n g a , M a n p e l a a n , indiqués
par Rumphius. Il y a cependant d’autres noms usités dans les
îles de la Sonde, des Moluques et en Gochinchine. La variété de
ces noms fait présumer une introduction ancienne dans l’ar chipel
Indien, contrairement à l ’opinion de Rumphius.
Les Mangifera que cet auteur avait vus sauvages dans l ’île de
Ja v a et le M a n g i f e r a s y l v a t i c a que Roxburgh avait découvert à
Sillet sont d’autres espèces; mais le véritable Manguier est
indiqué par les auteurs modernes comme spontané dans les
forêts de Geylan, les districts au pied de THimalaya, surtout
vers Test, dans TArracan, le Pégu et les îles Andaman fe Miquel
ne l’indique comme sauvage dans aucune des îles de Tarchipel
malais. Malgré Thabitàtion à Geylan et les indications moins
affirmatives, il est vrai, de sir J . Hooker, dans la Flore de TInde
anglaise, Tespèce est probablement rare ou seulement naturalisée
dans la péninsule indienne. La grosseur des graines est
telle que les oiseaux ne peuvent pas les transporter, mais la
fréquence de la culture amène une dispersion par Thomme. Si
le Manguier est^ seulement naturalisé dans l ’ouest de TInde
anglaise, ce doit être depuis longtemps, vu Texistence d’un nom
sanscrit. D’un autre côté les peuples de l’Asie occidentale doivent
l ’avoir connu assez tard, puisqu’ils n’ont pas transporté
Tespèce en Egypte ou ailleurs vers l ’ouest.
Aujourd’hui, on la cultive dans TAfrique intertropicale et
même aux îles Maurice et Seychelles, où elle s ’est un peu naturalisée
dans' les forêts
L ’introduction en Amérique a eu lieu d ’abord au Brésil, car
c'est de là qu’on fit venir des graines à la Barbade dans le milieu
du siècle dernier fe Un vaisseau français transportait des pieds
de cet arbre de Bourbon à Saint-Domingue, en 1782, lorsquil fut
pris par les Anglais, qui les portèrent à la Jamaïque, où il
réussit à merveille. Quand les plantations de café furent abandonnées,
lors de l’émancipation des esclaves, le Manguier, dont
1. Blanco, Fl. filip., p. 181.
2. Rumphius, l. c. ; Forskal, p. cvii.
3. Thwaites, Enum. plant. Ceyl., p. 75 ; Stuart et Brandis, Fox-est flox-a,
p. 126 ; Hooker, Flox-a of bx-it. India, 2 p. 13 ; Kurz, Fox-est flora of bx-it.
Burma, i,
4. Oliver, Flox-a of tropical Afx-ica, 1, p. 442 ; Baker, Flox-a of Mauritius
and Seychelles, p. 63.
5. Hughes, Bax-badoes, p. 177.
les nègres jetaient partout des noyaux, forma dans cette île des
forêts, qui sont devenues une richesse à cause de leur ombrage
et comme moyen de nourriture fe D n’était pas encore cultivé à
Cayenne dans le temps d’Aublet, à la fin du xvm« siècle, mais
actuellement il y a des mangues de première qualité dans cette
colonie. Elle sont greffées et Ton observe que leurs semis donnent
des fruits meilleurs que ceux tirés des pieds francs
E v i . — Spondias dulcis, Forster. 1
Arbre de la famille des Anacardiacées, indigène dans les îles
de la Société, des Amis et Fidji fe Les naturels faisaient une
grande consommation de ses fruits à l’époque de l’expédition du
capitaine Gook. Ils ressemblent à un gros pruneau, couleur de
pomme, et contiennent un noyau hérissé de longues pointes
crochues fe Le goût en est excellent, disent les voyageurs. Ce
n’est pas un des arbres fruitiers le plus répandus dans les colonies
tropicales. On de cultive pourtant aux îles Maurice et
Bourbon, sous le nom primitif polynésien F v i ou Hévi fe et aux
Antilles. Il a été introduit à la Jama'ique, en 1782, et de là à
Saint-Domingue. L ’absence dans beaucoup de contrées chaudes
d’Asie et Afrique tient probablement à ce que Tespèce a été découverte
seulement il y a un siècle, dans de petites îles sans
communications avec l ’étranger.
Fraisier. — F ra g a ria vesca, Linné.
Notre Fraisier commun est une des plantes les plus répandues
dans le monde, en partie, il est vrai, grâce à la petitesse de ses
graines que les oiseaux, attirés par le corps charnu sur lequel
elles se trouvent, transportent à de grandes distances.
Il est spontané en Europe, depuis les îles Shetland et la L a ponie
® jusque dans les parties montueuses du midi : à Madère,
en Espagne, en Sicile et en Grèce fe On le trouve aussi en Asie,
depuis la Syrie septentrionale et l’Arménie fe jusqu’en Daourie.
Les fraisiers de THimalaya et du Japon fe que divers auteurs ont
rapportés à cette espèce,^n’en sont peut-être pas “ , et cela me
1. Mac-Faùyen, Flox-a of Jamaica, p. 221 ; fer J. Hooker, Discoux-s à VInstitution
royale, traduit dans Ann. sc. nat., série 6, vol. 6, p. 320..
2. Sagot, Jovx-nal de la Soc. centr. d’agx-ic. de France, 1872.
3. Forster, De plantis esculentis insulax-um oceani austx-alis, p. 33 ; bee-
mann, Flora Vitiensis, p. 51 ; Nadaud, Enum. des plantes de Taïti, p. 7fe
4. Voir bonne figure coloriée, dans Tussac, Flox-e des Antilles, 3, pl. 28.
5. Boier, Hox-tus maw-itianus, p. 81. . „
6. H.-C. Watson, Compendium Cybele brit., 1 p. 160 ; Fries, Summa
veq. Scand., p. 44. » n 7 « 1. Lowe, Manual fl. of Madeira, p. 246 ; Willk omm et Lange, Px-odr. fl.
hisp. 3, p. 224 ; Moris, Fl. sardoa, 2, p. 17.
8. Boissier, l. c.
9. Ledebour, Fl. rossica, 2, p. 64. » » 7 , 77 7-
10. Gay, ibid.; Hooker, Fl. brit. India, 2, p.„344 ; Franchet et Savatier,
Enum. pl. Japon., 1, p. 129.
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