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feuilles dans le g^nre des ctioux-cavaliers, et les fruits, qui ressemblent
aux melons, sont suspendus au-dessous des feuilles ».
On le cultive maintenant dans tous les pays tropicaux, même
jusqu’aux 30®-32® degrés de latitude. Il se naturalise facilement
bors des plantations. G’est une des causes pour lesquelles on l ’a
dit et on persiste à le dire originaire d’Asie ou d’Afrique, tandis
que Robert Brown et moi avons démontré, en 1818 et 1855,
son origine américaine fe Je répéterai les arguments contre l’origine
supposée de l’ancien monde.
L ’espèce n’a pas de nom sanscrit. Dans les langues modernes
de l’Inde, on la nomme d’après le nom américain P a p a ya ,
qui dérive du nom caraïbe Ababai ®. D’après Rumphius », les habitants
de l’archipel indien la regardaient comme d’origine
exotique, introduite par les Portugais, et lui donnaient des noms
exprimant l’analogie avec d’autres plantes ou une importation
de l ’étranger. Sloane fe au commencement du xviii® siècle, cite
plusieurs de ses contemporains d’après lesquels on l’avait transportée
des Indes occidentales en Asie et en Afrique. Forster ne
l’avait pas aperçue dans les plantations; des îles de la mer Pacifique
lors du voyage de Gook. Loureiro fe au milieu du xviiP siècle,
l ’avait vue dans les cultures de la Chine, de la Gochinchine et
du Zanguebar. Une plante aussi avantageuse et aussi particulière
d’aspect se serait répandue depuis des milliers d’années dans
fancien monde si elle y avait existé. Tout porte à croire qu’elle
a été introduite sur les côtes occidentales et orientales d’Afrique
et en Asie, depuis la découverte de l ’Amérique.
Toutes les espèces de la famille sont américaines. Celle-ci
doit avoir être cultivée du Brésil aux Antilles et au Mexique
avant l ’arrivée des Européens, puisque les premiers auteurs sur
les productions du nouveau monde en ont parlé fe
Marcgraf avait vu souvent des pieds mâles (toujours plus nombreux
que les femelles) dans les forêts du Brésil, tandis que les
pieds femelles étaient dans les jardins. Clusius, qui a donné le
premier une figure de la plante dit qu’elle avait été dessinée
en 1607 à la (( baie des Todos Santos » (province de Bahia). Je ne
connais pas d’auteur moderne qui ait confirmé l ’habitation au
N
1. Voir les belles planches de Tussac, Flore des Antilles, 3, p. 45, pl. 10
et 11. Le Papayer appartient à la petite famille des Papayacées, réunie
par quelques botanistes aux Passiüorées et par d’autres aux Rixacées.
2. R. Browu, Botany o f Congo, p. 52 ; A. de Candolle, Géogr. bot. ra isonnée,
p. 917.
3. Sagot, Journal de la Société centi'ale d'horticulture de France, 1872.
4. Rumphius, Amboin., 1, p. 147..
5. Sloane, Jamaica, p. 165.
6. Loureiro, Ftora Cochinch., p. 772.
7. Marcgraf, Bi'asil., p. 103, et Piso, p. 159, pour le Brésil; Ximenes, dans
Marcgraf et Hernandez, Thesaurus, p. 99, pour le Mexique ; ce dernier pour
Saint-Domingue et le Mexique.
8. Clusius, Curæ posteriores, p. 79, 80.
Brésil. De Martius ne mentionne pas l ’espèce tens son dictionnaire
sur les noms de fruits en langue des T l^ is ». On ne la
cite pas comme spontanée à la Guyane et d / s la Colombie.
P Browne ^ affirme, au contraire, la qualité spontanée à la
Jamaïque, et avant lui Ximenes et Hernandez favaient affirmré
pour Saint-Domingue et le Mexique. Oviedo ® paraît avoir vu le
Papayer dans l ’Amérique centrale, et il cite pour Nicaragua le
nom vulgaire Olocoton. Gependant MM. Gorrea de Mello et
Spruce,, dans leur mémoire important sur les Papayacées, après
avoir beaucoup herborisé dans la région des Arnazones, au
Pérou et ailleurs, regardent le Papayer comme originaire des
îles Antilles et ne, pensent pas qu’il soit sauvage nulle part sur
le continent. J ’ai vu » des échantillons rapportés des bouches
de la rivière Manate en Floride, de Puebla au Mexique et de
Colombie ; mais les étiquettes ne portent aucune remarque sur
la qualité spontanée. Les indices, comme on voit, sont nombreux
pour les bords du golfe du Mexique et les Antilles. L habitation
au Brésil, fort isolée, est suspecte.
F ig u i e r . — Ficus Carica, Linné. ,
L ’histoire du Figuier présente beaucoup d’analogie avec celle
de rOlivier en ce qui concerne l’origine et les limites géographiques.
Son habitation, comme espèce spontanée, a pu s eteii-
dre par un effet de la dispersion des graines à mesure que la
culture: s ’étendait. Gela paraît probable, car les graines traversent
intactes les organes digestifs de l’homme et des ani
maux. Cependant on peut citer des pays dans lesquels on cultive
le figuier depuis au moins un siècle sans qu li se soit
naturalisé de cette manière. Je ne parle pas de l’E u r / e au nord
des Alpes, où l ’arbre exige des soins particuliers et mûrit m /
ses fruits, même ceux de la première portée, mais par exemple
de l ’Inde, du midi des Etats-Unis, de l’île Maurice / du Chili,
où, d’après le silence des auteurs de flores, les faits de quasi
spontanéité paraissent rares., ,
De nos jours, le Figuier est spontané ou presque spontané dans
une vaste région dont la Syrie est à peu près le milieu, savon
de la Perse orientale ou même de l ’Afghanistan, au travers de
toute la région de la Méditerranée, jusqu aux îles Çananes .
Du midi au nord, cette zone varie de 25 a 40- 42« de 1/ itude
environ, suivant les circonstances locales. En général, le higuiei
1 Martius, Beitr. z. Ethnographe, 2, p. 418.
2. P. Rrowne, Jamaica, ed. 2, p. 360. La première édition, que je
^*^3 7æ\ja?'sa"e'ffOviedo est traduit en anglais par Gorrea de Mello et
Spruce, dans rieur mémoire, Journal o f the proceedings o f the Linnean
Society, 10, p. 1.,
ffi' £i?îi^fe'Ftom'oneniaZrè 4, p. 1}64; Brandis, For/Z / m o f Iffiia ,
p. 418 ; Webb et Rerthelot, Hist. nat. des Canaries, Botanique, 3, p. 2o7.
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