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OU « naturalisée ». Desfontaines, dans sa Flore atlantique, l’indiquait
comme spontanée en Algérie, mais les auteurs subséquents
la disent plutôt naturalisée fe Je doute de la qualité
spontanée dans le Béloutchistan, où le voyageur Stocks l ’a
récoltée % car les botanistes anglo-indiens n’admettent pas
comme certain Findigénat à l ’est de l ’Indus, et je remarque
l’absence de l ’espèce dans les collections du Liban et de la Syrie
que M. Boissier cite toujours avec soin.
En Ghine, le Grenadier n’est qu’à l’état cultivé. Il y a été
introduit, de Samarkande, par Chang-Kien, un siècle et demi
avant l ’ère chrétienne fe
L a naturalisation dans la région de la mer Méditerranée est si
commune qu’on peut l ’appeler une extension de l ’ancienne
habitation. Probablement elle date d’un terme reculé, car la
culture de l ’espèce remonte à une époque très ancienne dans
l’Asie occidentale.
Voyons si les documents historiques et linguistiques peuvent
apprendre quelque chose à cet égard.
Je note d’abord l ’existence d ’un nom sanscrit, Barimba, d ’où
viennent plusieurs noms de l’Inde moderne 'L On peut en conclure
que l ’espèce était connue depuis longtemps dans les pays qui ont
été traversés par les Aryas, lors de leur marche vers l ’Inde.
Le Grenadier est mentionné plusieurs fois dans l ’Ancien Testament
sous le nom de Rimmon fe qui est l ’origine du nom arabe
Rummàn ou Rumàn. C’était un des arbres fruitiers de la Terre
promise, et les Hébreux l’avaient apprécié dans les jardins
d ’Egypte. Beaucoup de localités de la Palestine avaient reçu
leur nom de cet arbuste, mais les textes n’en parlent que comme
d’une espèce cultivée. Les Phéniciens faisaient figurer la fleuret
le fruit du Grenadier dans leurs cérémonies religieuses, et la
déesse Aphrodite l ’avait planté elle-même dans l ’île de Chypre®,
ce qui fait supposer qu’il ne s’y trouvait pas alors. Les Grecs
avaient connaissance de l ’espèce déjà à l ’époque d’Homère. Il
en est question deux fois dans VOdyssée, comme d’un arbre des
jardins des rois de Phæacie et Phrygie. Ils l ’appelaient Roia ou
Roa, que les érudits disent venir du nom syriaque et hébreu fe
et aussi S id a i fe qui paraît venir des Pelasges, car le nom albanais
actuel est Seye fe Rien ne peut faire supposer que l’espèce fut
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1. Munby, Fl. d'Alger, p. 49; Bail, Spicilegium floræ maroccanæ, p. 4ô8.
2. Boissier, l. c.
3. Bretscbneider, On study, etc., p. 16.
4. Piddington, Index.
5. Rosenmüller, Biblische Naturgeschichte, 1, p. 273; Hamilton, La botanique
de la Bible, Nice, 1871, p. 48.
6. Hebn, Cultur und Hausthiere aus Asien, éd. 3, p. 106.
7. Hebn, ibid.
8. Lenz, Botanik d. alten Griechen und Roemer, p. 681.
9. De Heldreicb, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 64.
spontanée en Grèce, où maintenant Fraas et Heldreich affirment
qu’elle est uniquement naturalisée fe
Le Grenadier entrait aussi dans les légendes et les cérémonies
du culte des plus anciens Romains fe Gaton parle de ses propriétés
vermifuges. Selon Pline fe les meilleures grenades étaient
de Garthage. Le nom de M alum punicum en avait été tiré ; mais on
n’aurait pas dù croire, comme cela est arrivé, que l’espèce fût
originaire de l ’Afrique septentrionale. Très probablement les
Phéniciens l ’avaient introduite à Garthage, longtemps avant les
rapports des Romains avec cette ville, et sans doute elle y était
cultivée, comme en Egypte. , , i • a
Si le Grenadier avait été jadis spontané dans 1 Afrique repten-
trionale et le midi de l ’Europe il aurait eu chez les L a tm / e s
noms plus originaux que Granatum (venant de granum?) ei
Malum punicum. On aurait peut-être à citer quelques/oms lo-
dérivés d’anciennes langues occidentales,eaux tandis que le
nom sémite Rimmon a prévalu soit en grec, soit en arabe et se
trouve même, par l ’iniluence arabe, chez les Berbères fe H laut
admettre que l’origine africaine est une des erreurs causées par
les mauvaises désignations populaires des Romains. ^
On a trouvé dans le terrain pliocène des environs de Meximieux
des feuilles et fleurs d’un Grenadier que M. de Saporta ® décrit
comme une variété du Punica Granatum actuel. Sous cette
forme l ’espèce a donc existé, antérieurement à notre époque
avec plusieurs espèces les unes éteintes , les autres existant
encore aujourd’hui dans le midi de l ’Europe et d autres enfin
restées aux îles Ganaries, mais la continuité d’existence jusqu a
nos jours n’en est pas pour cela démontrée. _
En résumé les arguments botaniques, historiques et linguistiques
s’accordent à faire considérer l ’espèce actuelle comme
originaire de la Perse et de quelques pays adjacents. La culture
en a commencé dans un temps préhistorique, et son extension
dans l’antiquité, vers l’occident d’abord et ensuite en Chine a
causé des naturalisations qui peuvent tromper sur te veritable
orifone, car elles sont fréquentes, anciennes et durables.
J ’était arrivé à ces conclusions en 1835 ce qui n a pas empêché
de reproduire dans quelques ouvrages l’erreur de 1 origine
africaine.
P om m e r o s e . — E u g en ia Jambos, Linné. — Jambosa rw/-
(/ans, de Candolle
Petit arbre, de 1a famille des Myrtacées. H est cultive aii-
1. Fraas, F l. class., p. 79; Heldreicb, l. c.
2. Hebn, l. e.
!: D Î S m n i à fj^ ia ü -b e rb è r e publié par l_e gouyemement irançais,
3. De Saporta, BulL soc. géoL de France du b avril 1869, p. 767, 769.
6. Géogr. bot. raisonnée, p. 891.
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