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c ’est que les mêmes noms, chez les anciens, ont été appliqués
souvent à des plantes ou des tissus différents, par exemple au
Lin et au Coton. Dans ce cas, comme dans plusieurs autres, la
botanique moderne explique les mots anciens, tandis que les
mots et les commentaires des linguistes peuvent égarer.
C o to n n ie r d e s B a r b a d e s . — Gossypium barhadense, Linné.
Lors de la découverte de l’Amérique, les Espagnols trouvèrent
la culture et l’emploi du coton établis généralement des
Antilles au Pérou et du Mexique au Brésil. G’est un fait constaté
par tous les historiens de l ’époque. Mais de quelles espèces
venaient ces cotons américains et dans quelles contrées étaient-
elles indigènes? G'est ce qu’il est encore très difficile de savoir.
L a distinction botanique des espèces ou variétés américaines
est embrouillée au plus haut degré. Les auteurs, même ceux qui
ont vu de grandes collections de Gotonniers vivants, ne s ’accordent
pas sur les caractères. Ds sont gênés aussi par la difficulté
de savoir quels noms spécifiques de Linné doivent être
conservés, car les définitions primitives ne sont pas suffisantes.
L ’introduction de graines américaines dans les cultures d’Afrique
et d’Asie a compliqué encore les questions, les botanistes de
Ja v a , Galcutta, Bourbon, etc., ayant décrit souvent les formes
américaines comme des espèces, sous des noms divers. M. Todaro
admet une dizaine d’espèces d’Amérique ; Parlatore les réduisait
à trois, qui selon lui répondent au Gossypium hirsutum, G. bar-
badense et G. religiosum de Linné ; enfin le Dr Masters réunit
toutes les formes américaines en une seule qu’il nomme G. barbadense,
et il lui donne pour caractère principal que la graine
porte uniquement de longs poils, tandis que les espèces de Pan-
cien monde ont un duvet court au-dessous des poils allongés ».
L a fleur est jaune, avec un fond rouge. Le coton est blanc ou
jaune. Parlatore s ’est efforcé de classer 50 ou 60 des formes
cultivées dans les trois espèces qu’il admettait, sur le vu des
plantes dans les jardins ou les herbiers. Le D“ Masters mentionne
peu de synonymes, et il est possible que certaines formes dont
il n’a pas eu connaissance ne rentrent pas dans la définition de
son espèce unique.
Avec une pareille confusion, le mieux serait pour les botanistes
de chercher avec soin les Gossypium spontanés en Amérique, de
constituer les espèces, ou l ’espèce, uniquement sur eux, et de
laisser aux formes cultivées leurs noms baroques, souvent absurdes,
qui trompent sur l ’origine. J ’émets ici cette opinion,
parce que dans aucun autre genre de plantes cultivées je n’ai
senti aussi fortement que l ’histoire naturelle doit se baser sur
les faits naturels et non sur les produits artificiels de la culture.
1. Masters, dans Oliver, Flora o f tropical Africa, 1, p. 322, et dans
Hooker, Flora o f brit. India, 1, p. 347.
Si Ton veut partir de ce point de vue, — qui a ie mérite d’être
une méthode vraiment scientifique, - - il faut constater malheureusement
que, pour les Gotonniers indigènes en Amérique, les
connaissances sont encore bien peu avancées. G’est tout au plus
si l ’on peut citer deux collecteurs ayant trouvé des Gossypium
vraiment spontanés, semblables ou très analogues à telle ou
telle forme des cultures.
D est rare qu’on puisse se fier aux anciens botanistes et voyageurs
pour la qualité de plante spontanée. Les Gotonniers lèvent
quelquefois dans le voisinage des plantations et se naturalisent
plus ou moins, le duvet de leurs graines facilitant les transports
accidentels. L ’expression ordinaire des vieux auteurs : le Gotonnier
de tel nom croît dans tel pays, signifie souvent une plante
cultivée. Linné lui-même, en plein xviii“ siècle, dit souvent d’une
espèce cultivée : « Habitat, » et même il le dit quelquefois
à la légère ». Parmi les auteurs du xvi“ siècle, un des plus exacts,
Hernandez, est cité pour avoir décrit et figuré un Gossypium
sauvage au Mexique; mais le texte fait douter un peu de la condition
spontanée ^ de cette plante que Parlatore rapporte au
G. hirsutum, Linné. Dans son catalogue des plantes du Mexique,
M. Hemsley =» se borne à dire d’un Gossypium qu’il nomme bar-
badense : « cultivé et sauvage. » De cette dernière condition, il
ne fournit aucune preuve. Mac Fadyen » parle de trois formes
sauvages et cultivées à la Jamaïque. D leur attribue des noms
spécifiques et ajoute qu’elles rentrent peut-etre dans le G. hirsutum,
Linné. Grisebach® admet la spontanéité'd’une espèce,
G. barbadense, aux Antilles. Quant aux distinctions spécifiques,
il déclare ne pas pouvoir les établir sûrement.
Pour la Nouvelle-Grenade, M. Triana ® décrit un Gossypium,
qu’il appelle G. barbadense, Linné, qu’il dit : « cultivé et subspontané
le long du Rio Seco, province de Bogota, et dans la
vallée du Gauca, près de Gali; » et il ajoute une variété hirsutum
croissant (il ne dit pas si c’est spontanément) le long du
Rio Seco.
Je ne puis découvrir aucune assertion analogue pour le
Pérou, la Guyane et le Brésil ’ ; md s la flore du Chili, publiée
par Cl. Gay mentionne un Gossypium « quasi spontané dans la
province de Gopiapo », que l ’auteur rapporte^ à la forme du
G. peruvianum, Gavanilles. Or cet auteur ne dit pas la plante
1 . Il a dit, par exemple, du Gossypium herbaceum, qui est certainement
de l ’ancien monde, d’après les faits connus avant lui : Habitat in America.
2 . Nascitur in calidis, bumidisque, cultis præcipue, locis. (Hernandez,
Novæ Hispaniæ thesaurus, p. 308.)
3 . Hemsley, Biologia centrali-americana, i , p. 123.
4 . Mac Fadyen, FZom o f Jamaica, p. 7 2 .
5 . Grisebach, Flora o f brit. W. India islands, p. 86.
6. T rian a et Planchon, Prodr. fl. novo-granatensis, p. 170.
7 . L es Malvacées n ’ont pas encore paru dans le Flora brasiliensis.
8. Gl. Gay, Flora chilena, 1 , p. 312.
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