abandonnée, jusqu’à l’époque où Althen l ’introduisit de nouveau
dans le comté d ’Avignon, au milieu du xviii® siècle. Elle était
jadis florissante en Alsace, en Allemagne, en Hollande et surtout
dans la Grèce, l’Asie Mineure et la Syrie, d’où l’exportation
était considérable, mais la découverte de matières tinctoriales
tirées de substances inorganiques a supprimé cette culture, au
détriment des provinces qui en obtenaient de grands bénéfices.
T op in amb ou r . — Helianthus tuherosus, Linné.
C est dans l’année 16 16 que les botanistes européens ont parlé
pour la première fois de cette Composée à grosse racine, meilleure
pour la nourriture des animaux que pour celle de l ’homme.
Golumna ^ l ’avait vue dans le jardin du cardinal Farnèse et
l’avait nommée Aster peruanus tuberosus. D’autres auteurs du
même siècle ont donné des épithètes qui montrent qu’on la
croyait ou du Brésil, ou du Canada, ou de l ’Inde, ce qui voulait
dire l ’Amérique. Linné ^ avait adopté, d’après l ’opinion de
Parkinson, l ’origine canadienne, dont il n ’avait cependant aucune
preuve. J ’ai fait remarquer autrefois ® qu’il n’y a pas
d’espèces du genre Helianthus au Brésil, et qu’elles sont au
contraire nombreuses dans l ’Amérique du Nord.
Schlechtendal après avoir constaté que le Topinambour supporte
des hivers rigoureux dans le centre de l ’Europe, fait observer
que c’est favorable à l ’idée d’une origine canadienne et
contraire à celle d’une provenance de quelque région méridionale.
Deeaisne ® a pu élaguer dans la synonymie de 1’^^. tuberosus
plusieurs citations qui avaient fait croire à une origine de l’Amérique
méridionale ou du Mexique. Gomme les botanistes américains,
il rappelle ce que d’anciens voyageurs avaient dit sur certaines
coutumes des indigènes du nord des Etats-Unis et du
Canada. Ainsi Ghamplain, en 1603, avait vu « entre leurs mains
des racines qu’ils cultivent, lesquelles ont le goût d’artichaut. »
Lescarbot ® parle de ces racines, ayant goût de cardon, qui multiplient
beaucoup, et qu’il avait rapportées en France, où l’on
commençait à les vendre sous le nom de Topinambaux. Les
sauvages, dit-il, les appellent Chiquehi. Deeaisne cite encore
deux horticulteurs français du xvii® siècle, Colin et Sagard, qui
parlent évidemment du Topinambour et disent qu’il venait du
Canada. Notons qu’à cette époque le nom de Canada avait un
sens vague et comprenait quelques parties des Etats-Unis actuels.
1. Cçlumna, EcphmHs, II, p. i l .
2. Linné, Hortus cliffortianus, p. 420.
3. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 824.
4. Schlechtendal, Bot. Zeit., 1858, p. 113.
5. Deeaisne, Rechetyhes sur torigine de quelques-unes de nos plantes alimentaires,
dans la Flore des serres et jardins, vol. 23 1881.
6. Lescarbot, Histoire dé la Nouveîle-France, éd. 3, iOl's, t. VI, p. 931.
SALSIFIS. SCORSONÈRE
Gookin, auteur américain sur les coutumes des indigènes, dit
que ceux-ci mettaient des morceaux de Topinambour (Jérusalem
artichoke) dans leurs potages fe
Les analogies botaniques et les témoignages de contemporains
s’accordent, comme on voit, dans le sens de l ’origine du nord-
est de l’Amérique. Le D® Asa Cray, voyant qu’on ne trouvait
pas la plante sauvage, l ’avait supposée une forme de Vff. doro-
nicoides de Lamarck, mais on dit maintenant qu’elle est spontanée
dans l’état d’Indiana fe
Le nom Topinambour paraît venir de quelque nom réel ou
supposé des langues américaines. Celui des Anglais, Jérusalem
artichoke, est une corruption de l ’italien Girasole (Tournesol)
combinée avec une allusion au goût d ’artichaut de la racine.
S a ls i f i s . Tragopogón porrifolium, Linné.
m * M m F . ^ _ Le salsifis ou, comme on écrivait jadis, S e rc ifi fe était plus
cultivé il y a un siècle ou deux qu’à présent. C’est une Composée
bisannuelle, qu’on trouve à l’état sauvage en Grèce, en
Dalmatie, en Italie et même en Algérie fe Elle s’échappe assez
souvent des jardins dans l ’ouest de l’Europe et se naturalise à
moitié ® .
Les commentateurs ® attribuent le nom Tragopogón (barbe
de bouc) de Théophraste tantôt à l ’espèce actuelle et tantôt au
Tragopogón crocifolium, qui croît également en Grèce. H est
difficile de savoir si les anciens cultivaient le Salsifis ou le re cueillaient
dans la campagne. Dans le x v F siècle, Olivier de Serres
dit que c’était une culture nouvelle pour son pays, le midi de la
France. Notre mot Salsifis vient de l ’italien Sassefrica, qui
frotte les pierres, sens qui n’a rien de raisonnable.
S c o r so n è r e d’E s p a g n e . — Scorzonera hispánica, Linné.
On donne quelquefois à cette plante le nom de Salsifix ou
Salsifis d'Espagne, parce qu’elle ressemble au salsifis [Tragopogón
porrifolium) ; mais sa racine est brune extérieurement :
d’où viennent le nom botanique et celui d'écorce noire usité
dans quelques provinces. ’
Elle est spontanée en Europe, depuis l’Espagne, où elle est
commune, le midi de la France et l ’Allemagne, jusqu ’à la région
du Caucase et peut-être jusqu’en Sibérie, mais elle manque
t. Pickering, Chroriél. arrang., p. 749, 972.
2. Catalogue o f Indiana plants, 1881, p. 15.
3. Olivier de Serres, Théâtre de l'agriculture, p, 470.
4. B o is /e / Flora orient., III, p. 745 ; Visiani, F l. dalmat., I I , p. 108 ; Berto-
ioni, H . ital., V III, p. 348 ; Gussone, Synopsis fl. siculæ, I I , p. 384; Munby,
Catal. Alger., ed. 2, p. 22. > ’ r > Jr
5. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 671.
6. Fraas, Synopsis fl. class., p. 196; Lenz, Botanik der Alten, p. 485.
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