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question déjà dans Aristophane, comme servant de nourriture
aux pauvres ». Les Latins l’appelaient Lens, mot d’une origine
inconnue, qui est évidemment lie au nom ancien slave Lesfia,
illyrien Lechja, lithuanien Lenszic fe La diversité des noms grec
et latin est une indication que l ’espèce a peut-être existé en
Grèce et en Italie, avant d’y être cultivée. Une autre preuve
d’existence ancienne en Europe est qu’on a trouvé des lentilles
dans les habitations lacustres de l’île Saint-Pierre, du lac de
Bienne ®, qui sont, il est vrai, de l’époque du bronze. L ’espèce
peut avoir été tirée d’Italie.
D’après Théophraste », les habitants de la Bactriane (Bouc-
kharie actuelle) ne connaissaient pas le Fakos des Grecs. Adolphe
Pictet cite un nom persan, Mangu ou Margu; mais il ne dit pas
si c’ est un nom ancien, qui se trouve, par exemple, dans le ^ 6 / "
avesta. Il admet pour la Lentille plusieurs noms sanscrits, Ma-
sura, Renuka, Mangalyci, etc., tandis que les botanistes anglo-
indiens, Boxburgh et Piddington, n ’en connaissaient aucun fe
Comme ceux-ci mentionnent un nom analogue h in d u s t / i et
bengali, Mussouv, on peut croire que Masuva exprime bien la
Lentille, tandis que Mangu des Persans rappelle l’autre nom,
Mangalya. Boxburgh et Piddington ne donnant aucun nom dans
les autres langues de l ’Inde, on peut présumer que la lentille
n’était pas connue dans ce pays avant l’arrivée du peuple de
langue sanscrite. Il n’est pas question de 1 espèce dans les anciens
ouvrages chinois; du moins, le D“ Bretschneider n’en parle ni
dans son opuscule de 1870, ni dans les lettres plus détaillées
qu’il m’a écrites récemment.
En résumé, la lentille paraît avoir existé dans l’Asie occidentale
tempérée, en Grèce et en Italie quand les hommes ont eu l ’idée
de la cultiver , dans un temps préhistorique très ancien, et
l’ont portée en E ^ p t e . La culture paraît s’être étendue, à une
époque moins reculée, mais à peine historique, à l’ouest et à
l’est, c’est-à-dire en Europe et dans l’Inde.
P o i s c h i c h e . — Cicer arietinum, Linné.
On connaît quinze espèces du genre Cicer, qui sont toutes de
l’Asie occidentale ou de la Grèce, à l ’exception d’une, qui est
d’Abyssinie. La probabilité est donc très grande que l’espèce
cultivée vient des pays entre la Grèce et THimalaya, appelés
vaguement l ’Orient. • i i
Elle n’a pas été trouvée, d’une manière certaine , dans les
conditions d’une plante spontanée. Toutes les flores du midi de
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1. Helin, Cultw'pflanzen, etc., ed. 3, vol. 2, p. 188.
2. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2, vol. 1, p. 364 ;
Helin, l. c.
3. Heer, Pflanzen d. Pfahlbauten, p. 23, fig. 49.
4. Theophrastes, Hist., \. 4, c. 5.
5. Roxhurgh. Fl. ind., ed. 1832, v. 3, p. 324 ; Piddington, Index.
l’Europe, d'Egypte et de l’Asie occidentale jusqu’à la mer Gaspienne
et rinde en parlent comme d’une espèce cultivée ou des
champs et de terrains cultivés. On Ta indiquée quelquefois » en
Grimée, et au nord et surtout au midi du Gaucase, comme à peu
près spontanée ; mais les auteurs modernes bien informés ne le
croient pas Cette quasi spontanéité peut faire présumer seulement
une origine d’Arménie et des pays voisins.
L a culture et les noms de Tespèce jetteront peut-être quelque
jour sur la question.
Le Pois chiche était cultivé chez les Grecs, déjà du temps
d’Homère, sous le nom de Erehinthos ® et aussi de Krios », à
cause de la ressemblance de la graine avec une tête de bélier.
Les Latins l ’appelaient Cicer, origine des noms modernes dans
le midi de TEurope. Ge nom existe aussi chez les Albanais, descendants
des Pélasges, sous la forme de Kïkere L ’existence
de noms aussi différents indique une plante très anciennement
connue et peut-être indigène dans le sud-est de TEurope,
Le Pois chiche n ’a pas été trouvé dans les habitations lacustres
de Suisse, Savoie ou Italie. Pour les premières, ce n’est pas singulier;
le climat n’est pas assez chaud.
Un nom commun chez les peuples du midi du Gaucase et de
la mer Caspienne est en géorgien Nachuda, en turc et arménien
Nachius, Nachunt, en persan Nochot Les linguistes pourront
dire si c’est un nom très ancien et s ’il a quelque rapport avec
le nom sanscrit Chennuka.
Le Pois chiche est si souvent cultivé en Egypte depuis lespre-
miers temps de Père chrétienne ’ qu’on le suppose avoir été
également connu des anciens Egyptiens. H n’en existe pas de
preuve dans les figures ou les dépôts de graines de leurs monuments,
mais on peut supposer que cette graine, comme la fève
et la lentille, était réputée vulgaire ou impure. Beynier ® pensait
que le Ketsech, mentionné par Esaïe dans l’Ancien Testament,
était peut-être le pois chiche ; mais on attribue ordinairement ce
nom à la Nielle [Nigella sativa) ou au Vicia sativa, sans en être
sûr Comme les Arabes appellent le Pois chiche d’un nom tout
différent, Omnos, Homos, qui se retrouve chez les Kabyles sous
1. Ledebour, Fl. ross., 1, p. 660, d’après Pallas, Falk et C. Koch.
2. Boissier, F l. orient., 2, p. 560; Steven, Verzeichniss des taurischen Hab-
linseln, p. 134.
3. Iliade, 1. 13, v. 589 ; Theophrastes, Hist., 1. 8, c. 3.
4. Dioscorides, 1. 2, c. 126.
5. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 71.
6. Nemnich, Pohjglott. Lexicon, 1, p. 1037 ; Bunge, dans Goebels Reise,
2, p. 328.
7. Clément d’Alexandrie, Strom., L 1, cité d’après Reynier, Fconomie des
Egyptiens et Carthaginois, p. 343.
8. Reynier, Economie des Arabes et des Juifs, p. 430.
9. Rosenmüller, Bibl. Alterth., 1, p. 100; Hamilton, Botanique de la Bible,
p. 180.
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