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ment rosée, avec un fond rouge. Le coton est toujours blanc.
D’après les botanistes anglo-indiens, cette espèce n’est pas
dans rinde, comme on l’avait cru, et même elle y est rarement
cultivée. Sa patrie est l’Afrique intertropicale. On l ’a vue spontanée
dans la Guinée supérieure, l ’Abyssinie, le Sennar et la
haute Egypte L Un si grand nombre de collecteurs l’ont rapportée
de ces divers pays qu’on ne peut guère en douter, mais
la culture a tellement répandu et mêlé cette espèce avec les autres
qu’on l ’a décrite sous plusieurs noms, dans les ouvrages sur
l’Asie méridionale.
Parlatore avait attribué au G. arboreum des échantillons asiatiques
du G. herbaceum et une plante, très peu connue, que
Forskal avait rencontrée en Arabie. Il soupçonnait, d’après cela,
que les anciens avaient eu connaissance du G. arboreum aussi
bien que du G. herbaceum. A présent qu’on distingue mieux ces
deux espèces et qu’on sait l ’origine de l’une et de l ’autre, ce n’est
pas probable. Ils ont connu le Cotonnier herbacé par l ’Inde et
la Perse, tandis que l ’arborescent n ’a pu arriver à eux que par
l ’Egypte. Parlatore lui-même en a fourni une preuve des plus
intéressantes. Jusqu’à son travail de 1866, on ne savait pas
bien à quelle espèce appartenaient les graines de Cotonnier
que Rosellini a trouvées dans un vase des monuments de l’ancienne
Thèbes fe Ces graines sont au musée de Florence. P a r latore
les a examinées avec soin et déclare qu’elles appartiennent
au Gossypium arboreum Rosellini affirme qu’il n ’a pas pu être
victime d’une fraude, attendu qu’il a ouvert, le premier, le tombeau
et le vase. Après lui, aucun archéologue n’a vu ou lu des
indices de Cotonniers dans les temps anciens de la civilisation
égyptienne. Gomment serait-il arrivé qu’une plante aussi apparente,
remarquable par ses fleurs et ses graines, n’eût été ni
figurée, ni décrite, ni conservée habituellement dans les tombeaux
si elle était cultivée? Gomment Hérodote, Théophraste
et Dioscoride n’en auraient-ils pas parlé à foccasion d e fE g yp te ?
Les bandes avec lesquelles toutes les momies sont enveloppées,
et qu’on supposait autrefois de coton, sont uniquement de lin,
d’après Thomson et une foule d’observateurs habitués à manier
le microscope. Je conclus de là que, si les graines trouvées par
Rosellini étaient véritablement antiques, elles devaient être une
rareté, une exception aux coutumes, peut-être le produit d’un
arbre cultivé dans un jardin, ou encore elles pouvaient venir
de la haute Egypte, pays où nous savons que le Cotonnier arborescent
est sauvage. Pline»n’a pas dit que le Cotonnier fût cultivé
L Master, dans Oliver, Flora o f tropical Africa, p. 2H ; Hooker, F l. of
brit. India, 1, p. 347 ; Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung., p. 265
(sous le nom de Gossypium nigrum); Parlatore, Specie dei Cotoni, p. 25.
2. Rosellini, Monum. della Fgizia, p. 2; Mon. civ., 1, p. 60.
3. Parlatore, Specie dei Cotoni, p. 16.
4. Pline, Hist. plant., 1. 19, c. 1.
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-dans la basse Egypte ; mais voici la traduction du passage très
remarquable, de lui, qu’on cite souvent : « La partie supérieure
de l ’Egypte,^dii côté de l’Arabie, produit un arbuste appelé par
quelques-uns Gossipion et par plusieurs autres Xylon, ce qui a
fait appeler xylina les fils qu’on en obtient. H est petit et porte
un fruit, semblable à celui de la noix barbue, dont on tisse la
laine extraite de l ’intérieur. Aucune ne lui est comparable pour
la blancheur e't la mollesse. »
Pline ajoute : « Les vêtements qu’on en fait sont les'plus
recherchés par les prêtres égyptiens. » Peut-être le coton destiné
à cet usage était-il envoyé de la Haute Egypte, ou bien
l’auteur, qui n’avait pas vu la fabrication et ne possédait pas
nos microscopes, s’est-il trompé sur la nature des vêtements
sacerdotaux, comme nos contemporains qui ont manié des centaines
d’enveloppes de momies avant de se douter qu’elles
n’étaient pas de coton. Ghez les Juifs, les robes des prêtres devaient,
d’après la règle, être en lin, et il n ’est pas probable que
l ’usage à cet égard fût différent de celui des Egyptiens.
Pollux », né un siècle après Pline et en Egypte, s’exprime
■clairement sur le Gotonnier, dont les fils étaient employés par
ses compatriotes; mais il ne dit pas d ’où l’arbuste était originaire,
et l ’on ne peut pas savoir si c’était le Gossypium arboreum
ou Vherbaceum. On ne voit même pas si la plante était cultivée
dans la basse Egypte ou si l ’on recevait le coton de la région
située au midi. Malgré ces doutes, on peut soupçonner qu’un
Gotonnier, probablement celui de la haute Egypte, s’était introduit
récemment dans le Delta. L ’espèce que Prosper Alpin avait
vue cultivée en Egypte au xvi® siècle était le Gotonnier arborescent.
Les Arabes et ensuite les Européens ont préféré et ont
transporté en divers pays le Gotonnier herbacé , plutôt que
l ’arborescent, qui donne un moins bon produit et demande plus
de chaleur.
Dans ce qui précède, au sujet des deux Gotonniers de l’ancien
monde, je me suis servi le moins possible d’arguments tirés des
noms grecs, tels que j^uaaoç, (rivâov, \okoq, Oôtov, etc, ou des noms
sanscrits et dérivés du sanscrit, comme Carbasa, Carpas, ou
-des noms hébreux Schesch, Buz, qu’on attribue, avec doute, au
coton. G’est un sujet sur lequel on a disserté énormément
mais la distinction plus nette des espèces et la découverte de
leur pays d’origine diminuent beaucoup fimportance de ces
questions, du moins pour les naturalistes qui préfèrent les faits
aux mots. D’ailleurs, Reynier et après lui G. Ritter sont arrivés
dans leurs recherches à une conclusion qu’il faut se rappeler :
1. Pollux, Onomasticon, cité dans C. Ritter, l. c., p. 26.
2. Revnier, Fconomie des Arabes et des Ju ifs , p, 363 ; Bertoloni, Nov. act.
Acad. honon., 2, p. 213, et Miscell. bot., 6; Viviani, in Bibl. ü al., \o\. 81,
p. 94 ; G. Ritter, Geogr. Verbreitung der Baumwolle, in-4 ; Targioni, Cenm
.storici, p. 93 ; Brandis, Ber Baumwolle im Altherthum, in-8, 1866.
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