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lifoUum *. Ces anciens habitants ne connaissaient pas le Chanvre
ni les métaux, mais possédaient les mêmes céréales que les
lacustres de l ’âge de pierre en Suisse et mangeaient comme eux
les glands de Chêne Rouvre. Il y avait donc une civilisation,
déjà un peu développée, en deçà et au delà des Alpes, avant
que les métaux, même le bronze, y fussent d’un usage habituel,
et que le chanvre et la poule domestique y fussent connus 2. Ce
serait avant l’arrivée des Aryens en Europe, ou un peu après fe
Les noms vulgaires du Lin dans les anciennes langues d’Europe
peuvent jeter quelque jour sur cette question.
Le nom Lin, Llin, Linu, Linon, Linum., Lein, Lan, existe dans
toutes les langues européennes, d’origine aryenne, du centre
et du midi de l ’Europe, celtiques, slaves, grecques ou latines.
Ce riest pas un nom commun avec les langues aryennes de
r in de ; par conséquent, dit avec raison Ad. Pictet fe la culture
du Lin doit avoir commencé par les Aryens occidentaux et avant
leur arrivée en Europe. J ’ai fait cependant une réflexion qui m’ a
conduit à une nouvelle recherche, mais sans résultat. Puisque
le Lin, me suis-je dit, était cultivé par les lacustres de Suisse et
d’Italie avant l’arrivée des peuples aryens, il l’était probablement
par les Ibères, qui occupaient alors l’Espagne et la Gaule,
et il en est resté peut-être quelque nom spécial chez les Basques,
qu’on suppose descendre des Ibères. Or, d’après plusieurs dictionnaires
de leur langue fe Liho, Lino ou Li, suivant les dialectes,
signifient Lin, ce qui concorde avec le nom répandu dans
toute l ’Europe méridionale. Les Basques paraissent donc avoir
reçu le Lin des peuples d’origine aryenne, ou peut-être,ils ont
perdu un ancien nom auquel ils auraient substitué celui des
Geltes et des Romains. Le nom Flachs ou Flax, des langues germaniques,
vient de l’ancien allemand Flahs fe II y a aussi, dans le
nord-ouest de l’Europe, des noms particuliers pour le lin :
Pellawa, Aiwina en finlandais ; Hor, Hör, Hürr en danois ® ;
1. Sordelli, Sulle piante délia torbiera e delta slazione piæistorica délia
Lagozza, p . 37 et 51, imprimé à la suite de Castélfranco, Notizie ail. sta-
ziône lacustre délia Lagozza, in-8% Atti délia Soc. ital. sc. nat., 1880.
2. La poule a été introduite d’Asie en Grèce dans le vi® siècle avant
J.-C., d’après Heer, Ueb. d. Flachs, p. 25.
3. Ces découvertes dans le s tourbières de Lagozza et autres lieux, en
Italie, montrent à quel point M. V. Hehn {Kulturpfl., ed. 3, 1877, p. 524)
s ’est trompé en supposant les lacustres suisses des Helvétiens rapprochés
du temps de César. Les homme s de la même civilisation qu’eux au midi
des Alpes étaient évidemment plus anciens que la république romaine,
peut-être plus que les Ligures.
4. Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd. 2, vol. 1, p. 396.
5. Van Eys, D/cZ. basque - français, 1876; Gèze, Eléments de grammaire
basque suivis d’un vocabulaire, Rayonne, 1873; Salaberry, Mots basques
navarrais,Hajomie, 1856; Lécluse, Vocabul. français basque, 1826.
6. Ad. Pictet, l. c.
7. Nemnich, Polygl. Lexicon d. Naturgesch., 2, p. 420; Rafn, Damnark
fl07'a, 2, p 390.
8. Nemnich, ibid.
Hör et Tone en vieux goth fe Haar existe aussi dans l’allemand
de Salzburg 2, Sans doute on peut expliquer ce mot par le sens
ordinaire en allemand de fd, cheveu, comme le nom de Li peut
être rattaché à une même racine que ligare, lier, et comme Hör,
au pluriel Hörvar, est rattaché par les érudits ® à Harva, radical
allemand pour Flachs, mais le fait n’en existe pas moins que
dans les pays Scandinaves et en Finlande on a employé d’autres
expressions que dans tout le midi de l ’Europe. Cette diversité
indique l’ancienneté de la culture et concorde avec le fait que
les lacustres de Suisse et d’Italie cultivaient un Lin avant
les premières invasions des Aryens. Il est possible, je^ dirai
même probable, que ceux-ci ont apporté le nom Li, plutôt que
la plante ou sa culture ; mais, comme aucun Lin n’est spontané
dans le nord de l ’Europe, ce serait un ancien peuple-, les Finnois,
d’origine touranienne, qui auraient introduit le Lin dans le nord
avant les Aryens. Dans cette hypothèse, ils auraient cultivé le
Lin annuel, car le Lin vivace ne supporterait pas les r igu eu / des
pays septentrionaux, tandis que nous savons à quel point le
climat de Riga est favorable en été à la culture du Lin ordinaire
annuel. La première introduction dans la Gaule, en Süisse et en
Italie a pu venir du midi, par les Ibères, et en Finlande par les
Finnois; après quoi les Aryens auraient répandu les noms les
plus habituels chez eux, celui de Lin dans le midi et de flahs
dans le nord. Peut-être eux et les Finnois avaient-ils apporté
d’Asie le Lin annuel, qu’on aurait vite substitué au Lin vivace,
moins avantageux et moins adapté aux pays froids. On ne sait
pas exactement à quelle époque la culture du Lin annuel a rom-
placé, en Italie, celle du Linum angustifolium vivace, mais ce
doit être avant l’ère chrétienne, car les auteurs parlent d’une
culture bien établie, et Pline dit qu’on semait le Lin au priiRemps
et qu’on l’arrachait en été fe On ne manquait pas alors d’instruments
de métal, ainsi on aurait coupé le Lin s’il avait été vivace.
D’ailleurs celui-ci semé au printemps n’aurait pas été mûr avant
l’automne. . .
Pa r les mêmes raisons, le Lin cultivé chez les anciens Egyptiens
devait être annuel. On n ’a pas trouvé jusqu’à présent dans les
catacombes des plantes entières ou des capsules nombreuses, de
nature à donner des preuves directes et incontestaMes. Seulement
Unger ® a pu examiner une capsule tirée de/briques d’un monument
que Lepsius attribue au xiii® ou xiv® siècle ayant J.-G., et
il l’a trouvée plus semblable à celles du L. usitatissimum que du
i, G.
1. Nemnich, ibid.
2 N6Hiiiicli zbid»
3. Fick, Vergi. Wörterbuch Ind. germ. 2® éd., 1, p. 722. Le même fait
venir le nom Lina du latin Linum, mais ce nom r emonte plus haut, étant
commun à plusieurs langues aryennes européennes.
4. Plinius, 1 19, cap. 1 : Vere satum æstaie vellitur.
5. Unger, Botanische Sti'eifzüge, 1866, n» 7, p. 15.