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autre côté, M. de Tchihatcheff fe qui a traversé l ’Anatolie et
l’Arménie à plusieurs reprises, ne paraît pas avoir vu l ’Abricotier
sauvage, et ce qui est plus significatif encore, Karl Koch, qui a
parcouru la région au midi du Gaucase avec l ’intention d’observer
ce genre de faits, s’exprime de la manière suivante ^ :
<( Patrie inconnue. Du moins, pendant mon séjour prolongé en
Arménie, je n’ai trouvé nulle part l’Abricotier sauvage, et même
je ne l’ai vu cultivé que rarement. »
Un voyageur, W . - J . Hamilton fe disait bien l ’avoir trouvé
spontané près d’Orgou et d’Outch Hisar, en Anatolie; mais cette
assertion n’a pas été vérifiée par un botaniste.
Le prétendu Abricotier sauvage des ruines de Balbeck, décrit
par Eusèbe de Salle est absolument différent de l’Abricotier
ordinaire d’après ce qu’il dit de la feuille et du fruit. M. Boissier
et les divers collecteurs qui lui ont envoyé des plantes de Syrie
et du Liban ne paraissent pas avoir vu l ’espèce. Spach ® prétend
qu’elle est indigène en Perse, mais sans en donner aucune
preuve. MM. Boissier et Buhse ® n’en parlent pas dans leur énumération
des plantes de la Transcaucasie et de Perse.
D est inutile de chercher l ’origine en Afrique. Les Abricotiers
que Reynier dit avoir vus « presque sauvages » dans la Haute
Egypte devaient venir de noyaux jetés hors des cultures, comme
cela se voit en Algérie fe MM. Schweinfurth et Ascherson dans
leur catalogue des plantes d’Egypte et Abyssinie, ne mentionnent
l’espèce que comme cultivée. D’ailleurs, si elle avait existé
jadis dans le nord de l’Afrique, les Hébreux et les Romains eh
auraient eu connaissance de bonne heure. Or il n’y a pas de
nom hébreu, et Pline dit que l ’introduction à Rome datait de
trente années lorsqu’il écrivait son livre.
Poursuivons notre recherche du côté de l’Orient.
Les botanistes anglo-indiens “ s’accordent à dire que l’Abricotier,
généralement cultivé dans le nord de l ’Inde et au Thibet,
n’y est pas spontané ; mais ils ajoutent qu’il tend à se naturaliser
ou qu’on le trouve sur l’emplacement de villages abandonnés.
MM. Schlagintweit ont rapporté plusieurs échantillons du nord-
ouest de l’Inde et du Thibet, que M. A„ Wesmael “ a vérifiés;
1. Tchihatcheff, Asie Mineure, Botanique, vol. 1.
2. K. Koch, Dendrologie, i, p. 87.
3. Nouv. ann. des voyages, ievr. 1839, p. 176.
4. E. de Salle, Voyage, 1, p. 140.
5. Spach, Hist. des vég. phanérog., 1, p. 389.
6. Boissier et Buhse, Aufzählung der auf eine Reise, etc, iu-4, 1860.
7. Reynier, Economic des Egyptiens, p. 371.
8. Munby, Catal., Fl. dAlgérie, p. 49 ; ed. 2.
9. ^^Schweinfurth et Acherson, Beitræge zur flox-a Æthiopiens, in-4, 1867.
p. 2a9.
10. Royle, lU. of Himalaya, p. 205 ; Aitchison, Catal. of Punjab and
Sindh, p. 36 ; sir J. Hooker, Fl. of bx-it. India, 2, p. 313 ; Brandis, Fox-est
flox-a of N. W. and central India, 191.
11. Wesmael, dans Bull. Soc. bot. Belgiq., 8, p. 219.
mais, d’après ce qu’il a bien voulu m’écrire, il ne peut pas
affimer la qualité spontanée, l ’étiquette des collecteurs ne donnant
aucune information à cet égard.
Roxburgh fe qui ne négligeait pas les questions d’origine, dit
en parlant de l’Abricotier : « natif de Ghine aussi bien que de
l’ouest de l ’Asie. » Or je lis dans le curieux opuscule du D^ Bretschneider
-2, rédigé à Pékin, le passage suivant, qui me paraît trancher
la question en faveur de l’origine chinoise : S in g , comme
on le sait bien, est l’abricot {Prunus Armeniaca). Le caractère
(un signe chinois imprimé p. iO) n’existe, comme indiquant un
fruit, ni dans le Shu-King ou les Shi-King, Gihouli, etc. ; mais le
Shan-hai King dit que plusieurs S in g croissent sur les collines
(ici un caractère chinois). En outre, le nom de l ’abricot est
représenté par un caractère particulier, ce qui peut démontrer
qu’il est indigène en Ghine. » Le Shan-hai-King est attribué à
l’empereur Yü, qui vivait en 2203-2198 avant Jésus-Ghrist. De_-
caisne fe qui a soupçonné le premier l ’origine chinoise de l ’abricot,
avait reçu récemment du Bretschneider des échantillons
accompagnés de la note suivante : « N° 24, Abricotier sauvage
des montagnes de Peking, où il croît en abondance. Le fruit est
petit (2 cent. 1/2 de diamètre). Sa peau est jaune et rouge; sa
chair est jaune rougeâtre, d’une saveur acide, mais mangeable.
N® 25, noyaux de l ’Abricotier cultivé aux environs de Peking.
Le fruit est deux fois plus gros que le sauvage fe » Deeaisne ajoutait
dans la lettre qu’il avait bien voulu m’écrire : « La forme et
la surface des noyaux sont absolument semblables à celles de nos
petits abricots ; ' ils sont lisses et non rugueux. » Les feuilles
qu’il m’a envoyées sont bien de l’Abricotier.
On ne cite pas l ’abricotier dans la région du fleuve Amur, m
au japon fe Peut-être le froid de l’hiver y est-il trop rigoureux.
Si l ’on réfléchit au défaut de communications, dans les temps
anciens, entre la Ghine et l ’Inde, et aux assertions de 1 indigéiiat
de l ’espèce dans ces deux pays, on est tenté de croire au premier
aperçu que la patrie ancienne s’étendait du nord-ouest de
l ’Inde à la Ghine. Cependant, si l ’on veut adopter cette hypothèse,
il faut admettre aussi que la culture de l ’Abricotier se
serait répandue bien tard du côté de Touest. On ne lui connaît
en effet aucun nom sancrit ni hébreu, mais seulement un nom
hindou, Zard-a lu, et un nom persan, Mischmisch, qui a passé dans
1. Roxburgh, Fl. ixid., ed. 2, v. 2, p. 301. „ , . j c
2. Bretschneider, On the study and value of chixiese wox-ks of botany,
^ ’s íV e c a i sn e , Jax-din fx-uitier du Muséum, vol. 8, article Abricotier.^
4. Le p« Bretschneider confirme ceci dans son opuscule recent . Notes
^\^Î!pruxuu^Ax-memaca de Thunberg est le Pr. Muxxie de Siebold et
Zuccarini. L’Abricotier n ’est pas mentionné dans \Enumex-atxo, etc, de
Franchet et Savatier.