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82 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS TIGES OU FEUILLES
1711 Tull ne 1 avait pas vue au delà des Alpes. Targioni cependant,
qui n’a pas pu se tromper sur ce point, dit que la
culture de la Luzerne s’est maintenue en Italie, surtout en
Toscane, depuis les anciens fe Dans la Grèce moderne, elle est
rare
Les cultivateurs français ont souvent appliqué à la Luzerne le
nom de Sainfoin (jadis Sain foin), qui est celui de VOnobrychis
sativa, et cette transposition existe encore aux environs de Genève,
par exemple. Le nom de Luzerne a été supposé venir de la
vallée de Luzerne, en Piémont, mais il y a une autre origine
plus probable. Les Espagnols avaient un ancien nom, Eruye,
■cité par J . Bauhin ®, et les Catalans disent Lserdas 'j d’où vient
peut-être le nom patois du midi de la France, Laouzerdo, très
voisin de Luzerne. La culture en était si commune en Espagne
que les Italiens ont quelquefois appelé la plante Herba spagna
Les Espagnols, outre les noms indiqués, disent ou Melga,
qui paraît venir de Medica, mais ils emploient surtout les noms
tirés de l’arabe Alfafa, Alfasafat, Alfalfa. Dans le xiip siècle,
le célèbre médecin Abn Baithar, qui écrivait à Malaga, emploie
le mot avaho ¡F is fis a l, qu’il rattache au nom persan Lsfist ®.
■On voit que si l ’on se fiait aux noms vulgaires l ’origine de la
plante serait ou l ’Espagne, ou le Piémont, ou plutôt la Perse.
Heureusement les botanistes peuvent fournir des preuves directes
nt positives sur la patrie de l ’espèce.
Elle a été recueillie spontanée, avec toutes les apparences
d’une plante indigène, dans plusieurs provinces de l’Anatolie
au midi du Caucase, dans plusieurs localités de Perse, en Afghanistan,
dans le Belouchistan et en Gachemir D’autres localités
dans le midi de la Russie, indiquées par les auteurs, sont
peut-être le résultat des cultures, comme cela se voit dans l ’Europe
méridionale. Les Grecs peuvent donc avoir tiré la plante
de l’Asie Mineure aussi bien que de la Médie, qui s’entendait
surtout de là Perse septentrionale.
Cette origine, bien constatée, de la Luzerne, me fait apercevoir,
comme une chose singulière, qu’on ne lui connaît aucun
nom sanscrit fe Le Trèfle et le Sainfoin n’en avaient pas non plus
.9^ î f ^ supposer que les Aryens n’avaient pas de prairies
LlllCldlôS»
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1. Targioni, Cenni storici, p. 34.
. f i f e Ä Ä f e o * p- “ ’ bbuHpflanzen
3. Bauhin,-F/âL p. 381.
4. Colmeiro, Catal.
5. Tozzetti, Dizion. bot.
xoL 2? p^257^^^’ Nahrungsmittel, trad. de l’arahe par Sontheimer,
7. Boissier, Fl. orient., II, p. 94.
8. Royle, III. Himal., p. 197.
9. Piddington, Index.
FOURRAGES. SAINFOIN 83
S a in fo in . E s p a r c e t t e . — Hedysarum Onobrychis, Linné.
— Ombrychis sativa, Lamarck.
Cette Légumineuse, dont l’utilité est incontestable dans les
terrains secs et calcaires des régions tempérées, n’est pas d’un
usage ancien. Les Grecs ne la cultivaient pas, et aujourd’hui
encore leurs descendants ne Font pas introduite dans leur agriculture
fe La plante nommée Onobrychis dans Dioscoride et
Pline est VOnobrychis Caput-Galli des botanistes modernes fe
espèce sauvage en Grèce et ailleurs, qu’on ne cultive pas. VEs-
parcette, Lupinella des Italiens, était fort estimée, comme fourrage,
dans le midi de la France, à l ’époque d’Olivier de Serres fe
c’est-à-dire au xvi® siècle; mais en Italie c’est surtout dans
le XVIII® que la culture s ’en est répandue, particulièrement en
Toscane
L ’Esparcette ou Sainfoin (autrefois Sain foin) est une plante
vivace qui croît spontanément dans l’Europe tempérée, au
midi du Caucase, autour de la mer Caspienne ® et même au
delà du lac Baikal ®. Dans le midi de l ’Europe, elle est seulement
sur les collines. Gussone ne la compte pas dans les espèces spontanées
de Sicile, ni Moris dans celles de Sardaigne, ni Munby
dans celles d’Algérie.
On ne connaît pas de nom sanscrit, persan ou arabe. Tout
indique pour la culture une origine du midi de la France, peut-
être aussi tardive que le xv® siècle.
S u l l a ou S a in fo in d’E s p a g n e . — Hedysarum. coronarium,
Linné.
La culture de cette Légumineuse, analogue au Sainfoin, dont
on peut voir une bonne figure dans la Flore des serres et des ja r dins,
vol. 13, pl. 1382, s’est répandue, dans les temps modernes,
en Italie,' en Sicile, à Malte et dans les îles Baléares fe Le marquis
Grimaldi, qui Fa signalée le premier aux agriculteurs, en
1766, l ’avait vue à Seminara, dans la Galabre ultérieure ; de
Gasparin ® la recommande pour l ’Algérie, et il est probable que
les agriculteurs de pays analogues en Australie, au Cap et dans
l’Amérique méridionale ou le Mexique feraient bien de l’essayer
La plante a péri aux environs d’Orange par un froid de — 6® C.
VHedysarum coronarium croît en Italie, depuis Gênes jusqu’à
1. Heldreich, Nutzpflanzen Griechenlands, p. 72.
2. Fraas, Synopsis fl. class., p. 58 ; Lenz, Bot. ait. Griechen. und Roemer,
p . 731.
3. 0 . de Serres, Théâtre de l'agric., p . 242.
4. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p. 34.
5. Ledehour, Fl. ross., I, p . 708; Boissier, Fl. or., p. 532.
6. Turczaninow, Flora baical. Dahur., 1, p. 340.
7. Targioni Tozzetti, Cenni storici, p . 35; Marès et Vigineix, Catal. des
Baléares, p. 100.
8. De Gasparin, Cours d’agric., 4, p . 472.
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