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marque de Pline ‘ que les Germains se nourrissaient de farine
tirée de cette plante fait comprendre que les Romains ne la
cultivaient pas.
La culture de l’Avoine était donc pratiquée anciennement au
nord de l’Italie et de la Grèce. Elle s’est propagée plus tard, et
partiellement dans le midi de l’empire romain. Il est possible
qu’elle fût plus ancienne dans l ’Asie Mineure , car Galien ^ dit
que l’Avoine abondait en Mysie, au-dessus de Pergame ; qu’on
la donnait aux chevaux et que les hommes s’en nourrissaient
dans les années de disette. L ’Asie Mineure avait reçu jadis une
colonie gauloise.
On a trouvé de l’Avoine dans les restes des habitations
lacustres suisses de l’époque du bronze ®, et en Allemagne, près
de Wittenberg, dans plusieurs tombeaux des premiers siècles de
l ’ère chrétienne ou un peu plus anciens ». Jusqu’à présent, les
lacustres du nord de l ’Italie n’en ont pas présenté, ce qui confirme
l’absence de culture de l ’espèce dans le temps de la république
romaine.
Les noms prouvent encore une ancienne existence au nord et
à l’ouest des Alpes et sur les confins de l ’Europe, vers le Gaucase
et la Tartarie. Le plus répandu de ces noms est indiqué par le
latin Avena, l’ancien slave Ovisu, Ovesu, Ovsa, le russe Ovesu, le
lithuanien Awiza, le letton Ausas, l’ostiaque Abis L ’anglais
Oats vient, d'après Ad. Pictet, de l ’anglo-saxon Ata ou Ate. Le
nom basque Olba ou Oloa. ® fait présumer une culture très
ancienne par les Ibères.
Les noms celtiques diffèrent des autres : irlandais, Coirce,
Cuirce, Corca; armoricain Kerch. Les noms tartare Sulu, géorgien
Kari, hongrois Zab, croate Zob, esthonien Kaer et autres
sont indiqués par Nemnich ® comme s’appliquant au mot générique
Avoine, mais il n’est pas probable qu’il y eût des noms
aussi variés s’il ne s’agissait pas d’une espèce cultivée. Gomme
singularité, je note un nom berbère Zekkoum fe quoique rien ne
puisse faire présumer une ancienne culture en Afrique.
Tout ce qui précède montre combien était fausse l'opinion que
l ’Avoine est originaire de Pile de Juan Fernandez, opinion qui
régnait dans le siècle dernier et qui parait venir d ’une assertion
du navigateur Anson »». Ge n’est pas dans l’hémisphère
1 . Pline, Hist., 1. 18, c. 17.
2 . Galenus, De alimentis, 1, c. 12.
3 . Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. 6, fig. 2 4 .
4 . Lenz, l. c., p. 245.
5 . Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, éd. 2 , vol. 1, p. 350.
6. Notes communiquées par M. Clos.
7 . Ad. Pictet, l. c.
8. Nemnich, Polyglott. Lexicon Naturgesch., p. 548.
9 . Dict. français-berbère, publié par lè gouvernement français.
10. Linné, Species, p. 1 1 8 ; Lamarck, Dict. enc., 0 p .431.
1 1 . Phillips, Cuit, veget., 2 , p. 4 .
austral qu’ils faut chercher la patrie de l’espèce, mais évidemment
dans les pays de l’hémisphère boréal où on l’a cultivée
anciennement. Yoyons si elle s’y trouve encore dans un état
spontané. .
L ’Avoine se sème dans les décombres, au bord des chemins
et près des endroits cultivés, plus facilement que les autres
céréales, et se maintient quelquefois de manière à sembler spontanée.
Cette remarque a été faite dans des localités très éloignées,
comme l’Algérie et le Japon, Paris et le nord de la Ghine ».
Ce genre de faits doit nous rendre sceptiques sur l ’Avoine que
Bové dit avoir trouvée dans le désert du mont Sinaï. On a prétendu
aussi ^ que le voyageur Olivier avait vu l ’Avoine sauvage
en Perse, mais il n’en parle pas dans son ouvrage. D’ailleurs
plusieurs espèces annuelles qui ressemblent beaucoup à l’Avoine
ordinaire peuvent tromper un voyageur. Je ne puis découvrir ni
dans les livres ni dans les herbiers l’existence de pieds v r a im e /
spontanés, soit en Asie, soit en Europe, et M. Bentham m a
certifié qu’il n’y en a pas dans les riches herbiers de Kew ; mais
certainement, comme pour les formes dont je parlerai tout à
l ’heure, la condition quasi spontanée ou quasi naturalisée est
plus fréquente dans les Etats autrichiens, de Dalmatie en Transylvanie
®, que nulle part ailleurs. G’est une indication de
l’origine, à ajouter aux probabilités historiques et linguistiques
en faveur de l’Europe orientale tempérée.
U Avena strigosa, Schreber, parait une forme de l’Avoine
ordinaire, d’après des expériences de culture dont parle M. Bentham,
en ajoutant, il est vrai, qu’elles «méritent confirmation ».
On peut voir une bonne figure de cette plante dans Host, Icones
Graminum austriacorum, 2, pl. 56, qui est intéressante à comparer
avec la pl. 59 de VA. sativa. Du reste, VAvena strigosa n’a pas
été trouvée à l'état spontané. Elle est en Europe dans les champs
abandonnés, ce qui appuie l ’hypothèse d’une forme dérivée, par
suite de la eulture.
VAvena orientalis, Schreber, dont les épillets penchent d un
seul côté, est aussi cultivée en Europe depuis la fin du xviii® siècle.
On ne la connait pas à l ’état spontané. Mélangée souvent avec
l’Avoine ordinaire, elle se distingue au premier coup d’oeil. Les
noms qu’elle porte en Allemagne, Avoine de Turquie ou de
Hongrie, montrent une introduction moderne venant de l ’est. Host
en a donné une excellente figure [Gram, austr., 1 , pl. 44).
4 . Munby, Catal. Algér., éd. 2 , p. 3 6 ; Franchet et Savatier, Enum. plant.
Ja p ., 2 , p. 175 ; Gosson; F l. Paris, 2 . p. 637 ; Bunge, Enum. chin., p. 71, pour
la variété nuda.
2 . Lamarck, Dict. encijcL, 1, p. 3 3 t. \
3. Visiani, F l. dalmat., 1, p. 6 9 ; Host, F L a u s t r . 1 , p. 1 3 3 ; Neilreich,
F l. Wien., p. 8 5 ; Baumgarten, Enum. Transylv., 3 , p. 239 ; Farkas^FL croatica,
1277
4 . Bentham, Handbook o f british flora, ed. 4, p. 544.
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