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296 ' p l a n t e s CULTIVÉES POUR LEURS GRAINES
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spontané. Elle n’a pas été trouvée dans les monuments égyptiens,
ni dans les débris lacustres de Suisse, Savoie et Italie.
O r g e c om m u n e . — Hordeum vulgare, Linné,
L ’Orge commune, à quatre rangs, est mentionnée par Théophraste
», mais il paraît que dans l ’antiquité on la cultivait
moins que celles à deux et surtout à six rangs.
Elle n’a pas été trouvée dans les monuments égyptiens, ni
dans les débris des lacustres de Suisse, Savoie et Italie.
Willdenow ^ dit qu’elle croît en Sicile et dans le sud-est de la
Russie, à Samara ; mais les flores modernes de ces pays ne le
confirment nullement. On ne sait pas quelle Orge Olivier avait
vue sauvage en Mésopotamie; par conséquent, VHordeum vulgare
n’a pas encore été trouvé à l ’état spontané, d’une manière
certaine.
La multitude des noms vulgaires qu’on lui attribue ne signifie
rien comme indication d’origine, car il est impossible de savoir
dans la plupart des cas si ce sont des noms de l ’Orge, en général,
ou d’une Orge en particulier cultivée dans tel ou tel pays.
O r g e à s i x * r a n g s , E s c o u r g e o n . — Hordeum hexastichon,
Linné.
C’était l’espèce le plus souvent cultivée dans l ’antiquité. Non
seulement les Grecs en ont parlé, mais encore elle a été trouvée
dans les monuments les plus anciens de l ’Egypte ® et dans les
restes des lacustres de Suisse (âge de pierre), de Savoie et d’Italie
(âge de bronze) ». M. Heer a même distingué deux variétés dans
l ’espèce cultivée jadis en Suisse. L ’une d ’elles répond à forge à
six rangs figurée sur les médailles de Métaponte, ville de l’Italie
méridionale, six siècles avant J.-G.
D’après Roxburgh fe c’était la seule Orge cultivée dans l ’Inde
à la fin du siècle dernier. Il lui attribue le nom sanscrit Yuva,
devenu en bengali Juba. Adolphe Pictet ® a étudié avec soin les
noms sanscrits et des langues indo-européennes qui répondent
au mot générique Orge, mais il n’a pas pu suivre dans les détails
ce qui concerne chacune des espèces.
L ’Orge a six rangs n’a pas été vue dans les conditions d’une
plante spontanée dont un botaniste aurait constaté l ’espèce. Je
ne l ’ai pas trouvée dans l ’herbier de M. Boissier, si riche en
1 Théophraste, Hist., I. 8, c. 4 .
2. Willdenow, Species plant., 1 , p. 472.
3 . Unger, Pflanzen des alten Ægyptem, p. 3 3 ; E in Ziegel der Dashur
Pyramide, p. 109.
4 . Heer, Pflanzen der Pfahlbauten, p. S, flg. 2 et 3 ; p. 13, flg. 9 ; Flora
bot. Zeitung, 1869, p. 3 2 0 ; de Mortillet, d’après Perrin, Etudes préhistorigues
sur la Savoie, p. 2 3 ; Sordelli^ Stdle piante délia torbiera di Laqozza. p. 33..
5 . Roxhurgh, F l. ind., ed. 1832, v. 1 , p. 358.
6. Ad. Pictet, Origines indo-européennes, ed. 2, vol. 1 , p. 333.
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plantes d’Orient. H est possible que les Orges sauvages mentionnées
par d’anciens auteurs et par Olivier aient été VHordeum
hexastichon, mais on n’en a aucune preuve.
Sur les Orges en général.
Nous venons de voir que la seule forme trouvée aujourd’hui
spontanée est la plus simple, la moins productive, VHordeum
distichon, dont la culture est préhistorique, comme celle de
VH. hexastichon. Peut-être VH. vulgare est-il moins ancien de
culture que les deux autres?
On peut tirer de ces données deux hypothèses : 1° Une dérivation
des Orges à quatre et à six rangs de celle à deux rangs,
dérivation qui remonterait aux cultures préhistoriques, antérieures
à celles des anciens Egyptiens constructeurs des monuments.
2® Les Orges à quatre et à six rangs seraient des espèces
jadis spontanées, éteintes depuis l’époque historique. Il serait
singulier, dans ce cas, qu’il n’en restât aucune trace dans les
flores de la vaste région comprise entre l’Inde, la mer Noire
et l’Abyssinie, où fo n est à peu près assuré de la culture, au
moins de l'Orge à six rangs.
S e i g l e . — Secale cereale, Linné.
Le Seigle n ’est pas d’une culture très ancienne, si ce n’est
peut-être en Bussie et en Thrace.
On ne l ’a pas trouvé dans les monuments é /p t ien s , et il n’a
pas de noms dans les langues sémitiques, même modernes. Il
en est de même en sanscrit et dans les langues indiennes qui
dérivent du sanscrit. Ges faits concordent avec la circonstance
que le Seigle réussit mieux dans les pays septentrionaux que
dans ceux du Midi, où généralement, à notre époque, il n est
pas cultivé. Le D" Bretscbneider » pense qu’il est inconnu aux
agriculteurs chinois. Il doute de l ’assertion contraire d’un auteur
moderne et fait remarquer qu’une céréale mentionnée
dans les mémoires de l ’empereur Kanghi, qu’on peut soupçonner
être cette espèce, signifie d’après son nom Blé apporté de Russie.
Or le Seigle, dit-il, est cultivé beaucoup en Sibérie. H n’en est
pas question dans les flores japonaises.
Les anciens Grecs ne le connaissaient pas. Le premier auteur
qui fa i t mentionné dans l ’empire romain est Pline fe qui parle
du Secale, cultivé à Turin, au pied des Alpes, sous le nom de
Asia. Galien né en 131 de notre ère, l’avait vu cultivé, en
Thrace et en Macédoine, sous le nom de Briza. Ges cultures
paraissent peu anciennes, du moins en Italie, car on n a pas
1 . Rretschneider, On study, etc., p. 18, 44.
2 . Pline, Hist., 1. 18, c. 16. oro
3 . Galenus, De alimentis, 1, 13, cité d’après Lenz, Bot. d. AUen, p. ¿oà.
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