variables. Elles sont classées par l’auteur dans dix groupes,
qu’il appelle Cantaloups, Melons brodés, Sucrins, Melons d'hiver,
serpents, forme de concombre, Chito, Dudaïm, rouges de Perse et
sauvages, chacun contenant des variétés ou races voisines les
unes des autres. Celles-ci ont été nommées de 25 à 30 manières
différentes par des botanistes qui, sans s ’inquiéter des transitions
de forme, de la faculté de croisement ou du peu de fixité
dans la culture, ont désigné comme espèces tout ce qui diffère
plus ou moins dans un temps et un lieu donnés.
Il résulte de là que plusieurs formes qu’on avait t ro u v é / à
Fétat sauvage et qu’on décrivait comme espèces doivent être
les types ou souches des formes cultivées, et M. Naudin fait la
réffexion très juste que ces formes sauvages plus ou moins différentes
l ’une de l’autre ont pu donner des produits cultivés différents.
G’est d’autant plus probable qu’elles habitent quelquefois
des pays assez éloignés, comme l’Asie méridionale et l ’Afrique
tropicale, de sorte que les diversités de climat, combinées avec
l ’isolement, ont pu créer et consolider les différences.
Voici les formes que M. Naudiii énumère comme sauvages :
1 ° Celles de l’Inde, qui ont été nommées par Willdenow Cucumis
pubescens, et par Roxburgh C. turbinatus ou C. Maderas-
patanus. Leur habitation naturelle est l’Inde anglaise dans toute
son étendue et le Belouchistan. La qualité spontanée est évidente,
même pour des voyageurs non botanistes te Les fruits
varient de la grosseur d’une prune à celle d’un citron. Ils sont
unis, rayés ou bariolés à l ’extérieur, parfumés ou sans odeur.
La chair en est sucrée, fadè ou aigrelette, différences qui rappellent
beaucoup celles des Cantaloups cultivés. D’après Roxburgh,
les Indiens récoltent les fruits du turbinatus et du Made-
raspatanus, qu’ils ne cultivent pas, mais dont ils aiment la saveur.
Si l’on consulte la flore la plus récente de l ’Inde anglaise, où
M. Glarke a décrit les Gucurbitacées (2, p. 619), il semble que
cet auteur ne s’accorde pas avec M. Naudin sur les formes indiennes
spontanées, quoique tous deux aient examiné les nombreux
échantillons de l’herbier de Kew. La différence d’opinion,
plus apparente que réelle, tient à ce que l ’auteur anglais
rapporte à une espèce voisine, Cucumis trigonus, Roxburgh,
certainement sauvage, les formes que M. Naudin classe dans le
Cucumis Melo. M. Cogniaux fe qui a vu depuis les mêmes échantillons,
attribue seulement le C. turbinatus au trigonus. La distinction
spécifique des C. Melo et C. trigonus est malheureusement
obscure, d’après les caractères donnés par les trois
auteurs. L a principale différence est que le Melo est annuel,
Fautre vivace, mais cette durée ne paraît pas bien constante.
1. Gardener’s chronicle, articles signés : J. H. H., 1857, p. 153; 1858^
1.3 0
^ '2 . Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 485.
M Glarke lui-même dit que le C. Melo est peut-être dérivé par
la' culture du C. trigonus, c’est-à-dire, selon lui, des formes
attribuées par Naudin au C. Melo.
Les expériences faites pendant trois années consécatives par
M. Naudin ‘ sur des produits du Cucumis trigonus fécondé par
Melo paraissent appuyer Fopinion d’une diversité spécifique
admissible, car, si la fécondation a eu lieu, les produits ont été
divers de formes et sont revenus souvent à l’un des ancêtres
primitifs. , 1 . 1 x-1
2° Les formes africaines. M. Naudin n a pas eu des échantillons
en assez bon état et assez certains sous le rapport de la
spontanéité, pour affirmer d’une manière positive Fhabitation
en Afrique. D l’admet avec hésitation. Il attribue à Fespèce
des formes cultivées ou d’autres spontanées, dont il n’a pas vu
les fruits. Après lui, sir Joseph Dooker " a eu des échantillons
plus probants. Je ne parle pas de ceux de la région du Nil, qui
sont probablement cultivés fe mais de plantes recueillies par
Barter, en Guinée, dans les sables au bord du N ig / . Thonning fe
avait déjà trouvé dans les sables, en Guinée, un Cucumis, qu il
avait nommé arenarius, et M. Cogniaux fe après avoir vu mi
échantillon rapporté par ce voyageur. Fa classé dans le 6. Melo,
comme le pensait sir Joseph Dooker. Les nègres mangent le
fruit de la plante recueillie par Barter. L’odeur est celle d un
melon vert frais. Dans la plante de Thonning, le fruit est ovoide,
de la grosseur d’une prune. Ainsi, en Afrique, comme dans
FInde Fespèce a des-petits fruits à Fétat spontané, ce qui iFest
pas eitraordinaire. Le Dudaïm s ’en rapproche, parmi les va-
riétés cultivGGS.
L a majorité des espèces du genre Cucumis est en Afrique ;
une faible minorité se trouve en Asie ou en Amérique, ü autres
espèces de Gucurbitacées sont disjointes entre l ’Asie et l Afrique,
auoiaue les habitations soient ordinairement dans cette famille
continues et restreintes. Le Cucumis Melo a_ peut-être été une
fois spontané de la côte occidentale d’Afrique j u s / e dans 1 Inde,
sans intervalle, comme la Coloquinte [Citrullus Colocynthis), de
la même famille. . , , 1 i -.i-
J ’ai parlé jadis de la spontanéité douteuse du Melon au midi
du Gaucase, d’après d’anciens auteurs. Les botanistes subséquents
ne Font pas confirmée. Dohenacker, qui avait trouve,
disait-on, Fespèce autour d’Elisabethpol, n’en fait aucune men-
tion dans son opuscule sur les plantes de la province de Ta-
Ivsch. M. Boissier n’admet pas lé Cucumis Melo dans sa üore
orientale. D dit seulement qu’il se naturalise avec facilite dans
1 . Naudin, A nn . sc. nat., série 4, vol. 18, p. 171.
2. Hooker, dans Flora o f tropical A frica, 2, p. f e /
3 . Schweinfurth et Ascherson, Aufzæh lun g,p. 2 6 /.
4 . Schumacher et Thonning, Guineiske planten, p. 426.
5 . Cogniaux, t. c., p. 483.
ti