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n ’est pas spécifiée dans VEncyclopédie dont je viens de parler;
mais, à cet égard, les auteurs chinois sont peu attentifs.
Après quelques détails sur les noms vulgaires de la pêche
dans diverses langues, je disais ; « L ’absence de noms sanscrits et
hébreux reste le fait le plus important, duquel on peut inférer
une introduction dans l’Asie occidentale venant de plus loin,
c’est-à-dire de Ghine. >>
« Le Pêcher a été trouvé spontané dans plusieurs points de
l ’Asie; mais on peut toujours se demander s’il y était d’origine
primitive, ou par le fait de la dispersion des noyaux provenant
de pieds cultivés. La question est d’autant plus nécessaire que
ces noyaux germent facilement et que plusieurs des modifications
du Pêcher sont héréditaires fe Des pieds en apparence
spontanés ont été trouvés fréquemment autour du Gaucase.
Pallas ^ en a vu sur les bords du Terek, où les habitants lui
donnent un nom qu’il dit persan, Scheptala^. Les fruits en sont
velus, âpres (austeri), peu charnus, à peine plus gros que ceux
du Noyer; la plante petite. Pallas soupçonne que cet arbuste
provient de Pêchers cultivés. D ajoute qu’on le trouve en Crimée,
au midi du Gaucase et en Perse; mais Marshall Bieberstein,
C.-A. Meyer et Hohenacker n ’indiquent pas de Pêcher sauvage
autour du Gaucase. D’anciens voyageurs, Gmelin, Güldenstædt
et Georgi, cités par Ledebour, en ont parlé. G. Koch est le seul
botaniste moderne qui dise avoir trouvé le Pêcher en abondance
dans les provinces caucasiennes. Ledebour ajoute cependant
avec prudence : Est-il spontané? Les noyaux que Bruguière et
Olivier avaient apportés d’Ispahan, qui ont été semés â Paris et
ont donné une bonne pêche velue, ne venaient pas, comme le
disait Bosc d’un Pêcher sauvage en Perse, mais d’un arbre
des jardins d’Ispahan Je ne connais pas de preuves d’un Pêcher
trouvé sauvage en Perse, et, si des voyageurs en indiquent,
on peut toujours craindre qu’il ne s’agisse d’arbres semés. Le
docteur Royle dit que le Pêcher croît sauvage dans plusieurs
endroits du midi de THimalaya, notamment près de Mussouri;
mais nous avons vu que dans ces régions la culture n’en est pas
ancienne, et ni Roxburgh ni le F lo ra nepalensis de Don n’indiquent
de Pêcher sauvage. M. Bunge ® n'a trouvé dans le nord
de la Chine que des pieds cultivés. Ce pays n’a guère été exploré,
et les légendes chinoises semblent indiquer quelquefois des Pê-
1. Noisette, Jard. fr., p. 77 ; Trans. Soc. hort. Lond., IV, p. 513.
2. Pallas, Fl. i-oss., p. 13,
3. Shuft-aloo (proDoncez Schouft-alou), est le mo t persan de la pêclie
lisse, d’après Royle {III. Him., p. 204).
4. Ledebour, F/, x-oss. 1, p. 3. Voir, p. 181, l’opinion subséquente de Koch.
o. Rose, Dict. d’agr., IX, p. 481.
6. Thouin, Ann. Mus., VIII, p. 433.
7. Royle, III. Him., p. 204.
8. Bunge, Exium. plant, chin., p. 23.
chers spontanés. Ainsi, le Chou-y-ki, d’après fauteur cité précédemment,
porte : « Quiconque mange des pêches de la montagne
de Kouoliou obtient une vie éternelle. » Pour le Japon,
Thunberg i dit : « Grescit ubique vulgaris, præcipue juxta
Nagasaki. In omni horto colitur ob elegantiam tlorum. » Il
semble, d’après ce passage, que Tespèce croit hors des jardins
et dans les jardins: mais peut-être ii s ’agit seulement, dans le
premier cas, de Pêchers cultivés en plein vent.
« Je n ’ai rien dit encore de la distinction à établir entre les différentes
variétés ou espèces de Pêchers. G’est que la plupart sont
cultivées dans tous les pays, du moins les catégories bien tranchées
que l’on pourrait considérer comme des espèces botaniques.
Ainsi la grande distinction des pêches velues et des pêches
lisses, sur laquelle on a proposé deux espèces [Persica vulgaris,
Mill, et P . lævis, D G.) se trouve au Japon ^ et en Europe, ainsi
que dans la plupart des pays intermédiaires fe On accorde moins
d’importance aux distinctions fondées sur l’adhérence ou non-
adhérence de la peau superficieÎle, sur la couleur blanche,
jaune ou rouge de la chair, et sur la forme générale du fruit.
Les deux grandes catégories de pêches, velues et lisses, offrent
îa plupart de ces modifications, et cela en Europe, dans l ’Asie
occidentale et probablement en Ghine. Il est certain que dans
ce dernier pays la forme varie plus qu’ailleurs, car on y voit,
comme en Europe, des pêches allongées, et de plus des pêches
dont je parlais tout â l ’heure, qui sont entièrement déprimées,
où le sommet du noyau n’est pas même recouvert de
chair fe L a couleur y varie aussi beaucoup fe En Europe, les
variétés les plus distinctes, en particulier les pêches lisses
et velues, à noyau adhérent ou non adhérent, existaient
déjà il V a trois siècles, car J . Bauhin les énumère avec beaucoup
de clarté % et avant lui Dalechamp, en 4587, indiquait
aussi les principales fe A cette époque, les pêches lisses étaient
appelées Nucipersica, à cause de leur ressemblance de forme, de
grosseur et de couleur avec le fruit du Noyer. G est dans le meme
sens que les Italiens les appellent encore Pescanoee.
« Jtei cherché inutilement la preuve que cette pêche lisse
existât chez les anciens Romains. Pline fe qui mélange dans sa
compilation des Pêchers, des Pruniers, le Laurus Persea et
d’autres arbres peut-être, ne dit rien qui puisse s’entendre d un
1. Thunberg, Fl. Jap., p. 199.
2. Thunberg, FZ. J ap ., p. 199.
3. Les relations sur la Chine, que j ’ai consultées, ne parlent pas de la
pêche lisse ; mais, comme elle existe au Japon, il est infiniment probable
■qu’elle est aussi en Ghine.
4. Noisette, l. c.; Trans. Soc. hoxd., IV, p. 512, tab. 19.
5. Lindley, Trans. hort. Soc., V, p. 122.
6. J. Bauhin, 1, p. 162 e t 163.
7. Dalechamp, Hist., 1, p- 295.
.8. Pline , 1. XV, ch. 12 et 13.
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