EDl'i h& '"Iv'l
dit qu’on employait le café en Abyssinie depuis un temps immémorial.
L ’usage_, même médical, ne s’en était pas propagé dans
les pays voisins, car les croisés n’en eurent aucune connaissance,
et le célèbre médecin Ebn Baithar, né à Malaga, qui avait parcouru
le nord de l’Afrique et la Syrie au commencement du
XIII® siècle de l ’ère chrétienne, ne dit pas un mot du café ». En
1596, Bellus envoyait à de L ’Ecluse des graines dont les Eg yptiens
tiraient la boisson du Cavé A peu près à la même époque,
Prosper Alpin en avait eu connaissance en Egypte même.
Il désigne l’arbuste sous le nom de « arbor Bon, cum fructu suo
Buna. » Le nom de Bon se retrouve aussi dans les premiers auteurs
sous la forme de Bunnu, Buncho, Bunca Les noms d
Cahue, Cahua, Chaulé », Cavé ® s’appliquaient, en Egypte et en
Syrie, plutôt à la boisson préparée, et sont devenus l ’origine du
mot Café. Le nom Bunnu, ou quelque chose d'analogue, est si
bien le nom primitif de la plante, que les Abyssins l ’appellent
aujourd’hui encore Boun
Si l’usage du café est plus ancien en Abyssinie qu’ailleurs, cela
ne prouve pas que la culture y soit bien ancienne. Il est très
possible que pendant des siècles on ait été chercher les baies
dans les forêts, où elles étaient sans doute très communes. Selon
l ’auteur arabe cité plus haut, ce serait un muphti d’Aden, à peu
près son contemporain, appelé Gemaleddin, qui, ayant vu boire
du café en Perse, aurait introduit cette coutume à Aden, et de
là elle se serait répandue à Moka, en Egypte, etc. D’après cet
auteur, le Caféier croissait en Arabie fe II existe d’autres fables ou
traditions, d ’après lesquelles ce seraient toujours des moines ou
des prêtres arabes qui auraient imaginé la boisson du café fe
mais elles nous laissent également dans l ’incertitude sur la date
première de la culture. Quoi qu’il en soit, l ’usage du café s’étant
répandu dans l ’Orient, puis en Occident, malgré une foule de
prohibitions et de conflits bizarres fe la production en est devenue
bientôt un objet important pour les colonies. D’après Boerhaave,
le bourgmestre d’Amsterdam, Nicolas Witsen, directeur de la
Compagnie des Indes, pressa le gouverneur de Batavia, Van
Hoorn, de faire venir des graines de Caféier d’Arabie à Batavia :
ce qui fut fait et permit à Van Hoorn d’en envoyer des pieds
vivants à Witsen, en 1690. Geux-ci furent soignés dans le jardin
botanique d’Amsterdam, fondé par Witsen. Ils y portèrent des
1 . Ebn Baithar, trad. de Sordtbeimer, 2 vol. in-8®, 1842.
2. Bellus, Epist. ad Glus., p. 309.
3 . Rauwoif, Clusius.
4 . R auw o if; Bauhin, Hist., 1 , p. 422.
8. Bellus, l. c.
6. Richard, Tentamen fl. abyss., p. 350.
7 . Uu extrait du même auteur dans Playtair, Hist. o f Arabia Felix,.
Bombay, 1859, ne mentionne pas cette assertion.
8. Nouv. dict. d’hist. nat., IV, p. 552.
9 . Ellis, l. c .; Nouv. dict., l. c.
\
fruits. En 17 14 , les magistrats de cette ville en envoyèrent un
pied en bon état et couvert de fruits à Louis XIV, qui le déposa
dans son jardin de Marly. On multiplia aussi le Caféier dans les
serres du jardin du roi à Paris. L ’un des professeurs de cet établissement,
Antoine de Jussieu, avait déjà publié, en 1 7 1 3 , dans
les Mémoires de VAcadémie des sciences, une description intéressante
de la plante, d’après un pied que Paneras, directeur du
jardin d’Amsterdam, lui avait envoyé.
Les premiers Caféiers plantés en Amérique furent introduits à
Surinam par les Hollandais, en 17 18 . De la Motte-Aigron, gouverneur
de Cayenne, ayant été à Surinam, en obtint quelques-uns
en cachette et les multiplia en 1725 ». Le Caféier fut introduit à
la Martinique par de Clieu officier de marine, en 1720 d’après
Deleuze en 17 2 3 d’après les Notices statistiques sur les colonies
françaises ». On l ’introduisit de là dans les autres îles françaises,
par exemple à la Guadeloupe en 1730 fe Sir Nicolas Lawes le cultiva
le premier à la Jamaïque®. Dès 17 18 , la Compagnie française
des Indes avait envoyé des plantes de café Moka à l’île Bourbon
fe et même, selon d’autres fe ce fut en 1 7 1 7 qu’un nommé
Dufougerais-Grenier fit venir de Moka dans cette île des pieds de
Caféier. On sait combien la culture de cet arbuste s’est répandue
à Java, à Geylan, aux Antilles et an Brésil. Rien ne l ’empêche
de s’étendre dans la plupart des pays intertropicaux, d’autant
plus que le Caféier s’accommode des terrains en pente et assez
arides où d’autres produits ne peuvent pas réussir. H est dans
Pagriculture tropicale un équivalent de la vigne en Europe et du
thé en Ghine.
On peut trouver d ’autres détails dans le volume publié par
M. H. Welter ^ sur l’histoire économique et commerciale du café.
L ’auteur a même ajouté un chapitre intéressant sur les divers
succédanés, au moyen desquels on remplace, passablement on
1 . Ce détail est emprunté à Ellis, Diss. Caf., p. 16. Les Notices statistiques
sur les colonies françaises, 2 , p. 46, disent ; « Vers 1716 ou 1721, des
semences fraîches de café ayant été apportées secrètement de Surinam,
malgré la surveillance des Hollandais, la culture de cette denrée coloniale
se naturalisa à Cayenne. »
2 . L e nom de ce marin a été écrit de plusieurs manières, Declieux, Du-
clieux, Desclieux, selon les ouvrages. D’après les informations que j ’ai
prises au ministère de la guerre, de Clieux était un gentilhomme allié au
comte de Maurepas. Il était né en Normandie, était entré dans la marine en
1702, et s’était retiré en 1760, après une carrière très honorable. J ’ai donné
ses états de service dans une note de ma Géographie botanique, p. 971.
Il est mort en 1775. L es rapports officiels n ’ont pas omis de mentionner le
fait important qu’il avait introduit la Caféier dans les colonies françaises.
3 . Delenze, Hist. du Muséum, 1, p. 20.
4 . Notices statist, sur les colonies françaises, 1, p. 30.
5 . Notices statist, col. fr ., 1, p. 209.
6. Martin, Statist, colon. Brit. Emp.
7 . Nouv. Dict. hist. nat., IV , p. 135.
8. Notices stat. col. franç., 2 , p. 8 4 .
9 . H. W elter , Essai sur l’histoire du café, 1 vol. in-8“, Paris, 1868,
tî
lÿ J3 II'II
Iki
îf r
. I
” K
î
tt
.I‘ U*
;i
H
Â
a .
!