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Le Linum ambiguum de Jordan croît sur la côte de Provence
et du Languedoc, dans les endroits secs fe
Enfin le Linum angustifolium, dont le précédent diffère à
peine, présente une habitation bien constatée et assez vaste. 11
croît spontanément, surtout sur les collines, dans toute Féten-
due de la région dont la mer Méditerranée est le centre, savoir
dans les îles Canaries et Madère, au Maroc en Algérie ® et
jusque dans la Gyrénaïque , au midi de FEurope jusqu’en
Angleterre jusqu’aux Alpes et aux Balkans, et enfin en Asie,
du midi du Caucase ® au Liban et à la Palestine fe Je ne le vois
pas mentionné en Crimée, ni au delà de la mer Caspienne.
Voyons ce qui concerne la culture, destinée le plus souvent à
fournir une matière textile, souvent aussi à donner de l ’huile ou,
chez certains peuples, une matière nutritive au moyen des
graines. Je me suis occupé de la question" d’origine, en 1855 ®.
Elle se présentait alors de la manière suivante :
Il était démontré surabondamment que les anciens Egyptiens
et les Hébreux se servaient d’étoffes de lin. Hérodote l ’affirmait.
On voit d’ailleurs la plante figurée dans les dessins de
l ’ancienne Egypte, et Fexamen au microscope des bandelettes
qui entourent les momies ne laisse subsister aucun doute La
culture du Lin était ancienne en Europe, par exemple chez les
Geltes, et dans l’Inde, d’après les notions historiques. Enfin des
noms vulgaires très différents indiquaient aussi une culture ancienne
ou des usages anciens dans divers pays. Le nom celte L in
et gréco-latin Linon ou Linum n’a aucune analogie avec le nom
hébreux Pischta''^ ni avec les noms sanscrits Ooma (prononcez
Ouma), Atasi, Utasi^^. Quelques botanistes citaient le Lin comme
« à peu près spontané » dans le sud-est de la Russie, au midi du
Caucase et dans la Sibérie occidentale, mais on ne connaissait
pas une véritable spontanéité. Je résumais alors les probabilités
en disant : « L ’étymologie multiple des noms, Fanciennete de la
culture en Egypte, en Europe et dans le nord de FInde à la fois.
1. Jordan, cité dans Walpers, Annal., v o l. 2, e t dans Heer, l. c., p. 22..
2. Bail, Spicilegium fl. marocc., p. 380.
3. Munby, Catal., ed. 2, p. 7.
4. Rotilf, d'après Cosson, Bull. Soc. bot. de Fr., 1875, p. 46.
5. Planchón, l. c. ; Bentham, Handbook of brit. fl. ed. 4, p. 89.
6. Planchón, Le.
7. Boissier, Fl. or., 1, p. 861.
8. A. de Candolle, Géogr. bot. raisonnée, p. 833.
9. Thomson, Annals of philos, juin 1834; Dutrocliet, Larrey et Costaz»
Comptes rendus de VAcad. des sc., Paris, 1837, s em. 1, p. 739; Unger, Bot.
Streifzùge, 4, p. 62.
10. On a traduit d ’antres mots hébr eux par lin, mais celui-ci est le plus
certain. Voir Hamilton, La botanique de la Bible, Nice, 1871, p. 58.
11. Piddington, Index Ind. plants; Roxburgh, Fl. ind , ed. 1832, 2, p . 110.
Le nom Matusee (prononcez Matousi) indiqué par Piddington, appartient
à d’autres plantes, d’après Ad. Pictet, Origines indo-europ., éd . 2, vol. 1»
p. 396.
I
la circonstance que dans ce dernier pays on cultive le Lin seulement
pour faire de l’huile, me font croire que deux ou troi&
espèces d’origine différente, confondues sous le nom de Linum’
usitatissimum par la plupart des auteurs, ont été cultivées jadis
dans divers pays, sans imitation ou communication de l ’un à
l ’autre Je doute, en particulier, que Fespèce cultivée par
les anciens Egyptiens fut Fespèce indigène en Russie et en
Sibérie. »
Une découverte très curieuse de M. Oswald Heer, est venue,
dix ans après, confirmer mes prévisions. Les habitants des palafittes
de la Suisse orientale, à une époque où ils n’avaient que
des instruments de pierre et ne connaissaient pas le chanvre,
cultivaient déjà et tissaient un lin qui riest pas notre lin ordinaire
annuel, mais le lin vivace appelé Linum angustifolium
spontané au midi des Alpes. Gela résulte de Fexamen des capsules,
des graines et surtout de la partie inférieure d’une plante
extraite soigneusement du limon de Robcnhausen fe La figure
publiée par M. Heer montre clairement une racine surmontée de
deux à quatre tiges, à la manière des plantes vivaces. Les tiges
avaient été coupées, tandis qu’on arrache notre Lin ordinaire,
ce qui prouve encore la qualité persistante de la plante. Avec les
restes clu Lin de Robenhausen se trouvaient des graines du Silene
cretica, espèce également étrangère à la Suisse, qui abonde en
Italie dans les champs de Lin M. Heer en a tiré la conclusion
que les lacustres suisses faisaient venir des grainesdeLin d’Italie.
Il semble en effet que ce devait être nécessaire, à moins de supposer
jadis un autre climat en Suisse que celui de notre époque,,
car le Lin vivace ne supporterait pas habituellement aujourd’hui
les hivers de la Suisse orientale Iriopinion de M. Heer est appuyée
par le fait, assez inattendu, que le Lin n ’a pas été trouvé dans les.
restes lacustres de Laybach et Mondsee, des Etats.autrichiens,
qui renferment du bronze L ’époque tardive de l ’arrivée du
Lin dans cette région empêche de supposer que les habitants de
la Suisse l ’aient reçu de l’Europe orientale, dont ils étaient
séparés d’ailleurs par d’immenses forêts.
Depuis les observations iugénieuses du savant de Zurich, on a
découvert un Lin employé par les habitants des tourbières
préhistoriques de Lagozza, en Lombardie ; et M. Sordelli a
constaté, que c’était celui de Robenhausen , le L . angus-
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1. Heer, Die Pflanzen der Pfahlbauten, br . in-4», Zürich, 1865, p. 35;
Ueber den Flachsund dieFlachscultur in Altherthum, br. in-4°, Zürich, 1872..
2. Bertoloni, Flora ital., 4, p. 612.
3. Nous avons vu qu’il ava’nce vers le nord-ouest de l’Europe, mais iî
manque au nord des Alpes. Peut-être l ’ancien climat de la Suisse était-il
plus égal qu'à présent, avec plus de ne ig e s pour abriter les plantes v i vaces.
4. Mittheil. anthropol. Gesellschaft. Wien. v o l. 6, p. 122, 161; Ahhand^L
Wien. Akad., 84, p. 488.