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240 PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS
prises, dans la péninsule indienne, notamment dans les Ghats
occidentaux, avec toute l ’apparence d ’un arbre indigène sauvage.
On le plante beaucoup à Geylan; mais Thwaites, la meilleure
autorité pour la flore de cette île, ne le reconnaît pas comme
spontané. Dans l’archipel au midi de l’Inde, il ne l ’est pas non
plus, selon l ’opinion générale. Enfin, Brandis en a trouvé des
pieds dans les forêts du district d’Attaran, pays des Birmans,
à l’est de ITnde, mais il ajoute que c’est toujours à proximité
d’établissements abandonnés. Kurz ne l’a pas trouvé spontané
dans le Burman anglais».
Ainsi l ’espèce est originaire du pied des montagnes occidentales
de la péninsule indienne, et son extension dans le voisinage,
à l’état cultivé, ne remonte probablement pas plus haut que
l ’ère chrétienne. 11 a été apporté à la Jamaïque en 1782, par
l’amiral Bodney, et de là à Saint-Domingue fe On l ’a introduit
aussi au Brésil, dans les îles Maurice, Seychelles et Bodriguez ®.
D a t t i e r . — Phoenix dactylifera, Linné.
Le Dattier existe, depuis les temps préhistoriques, d / s la
zone sèche et chaude qui s ’étend du Sénégal au bassin de
rindus, principalement entre les 15® et 30® degrés de latitude.
On le voit çà et là plus au nord, en raison de circonstances
exceptionneiles et du but qu'on se propose en le cultivant. En
effet, au delà du point où les fruits mûrissent chaque année, il
y a une zone dans laquelle ils mûrissent mal ou rarement, et
une dernière limite jusqu’à laquelle l’arbre vit encore, mais sans
fructifier ni même fleurir. Le tracé de ces limites a été donné
d’une manière complète par de Martius, Garl Bitter et moi-
même ». Il est inutile de les reproduire ici, le but du présent
ouvrage étant d ’étudier les origines.
En ce qui concerne le Dattier, nous ne pouvons guère nous
appuyer sur l ’existence plus ou moins constatée d’individus
vraiment sauvages ou, comme on dit, aborigènes. Les dattes se
transportent facilement; leurs noyaux germent quand on les
sème dans un terrain humide, près d’une source ou d’une
rivière, et même dans des fissures de rochers. Les habitants des
oasis ont planté ou semé des Dattiers dans des localités favorables
où l ’espèce existait peut-être avant les hommes, et q u / d
un voyageur rencontre des arbres isolés, à distance des habitations,
il ne peut pas savoir s’ils ne viennent pas de noyaux jetés
par les caravanes. Les botanistes admettent bien une variété
1. Rheede, Malabar, 3, p. 18; Wight, Icones, 2, num. 678; Brandis, Foi'est
flora o f India, p. 426; Kurz, Forest flora o f brit. Burma, p. 432.
2. Tussac, l. c.
3. Baker, Flora o f Maw'itius, etc., p 282.
4. De Martius, Geneixi et species Palmarum, in-folio, vol. 3, p. 257 ;
C. Ritter, Frdkunde, 13, p. 760 ; Alph. de Candolle, Géographie botanique
raisonnée, p. 343.
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DATTIER 241
s y lv e s t r is , c’est-à-dire sauvage, à baies petites et acerbes ; mais c’est
peut-être l ’effet d’une naturalisation peu ancienne dans un sol
défavorable. Les faits historiques et linguistiques auront plus de
valeur dans le cas actuel, quoique sans doute, vu l ’ancienneté des
cultures, ils ne puissent donner que des indications probables.
D’après les antiquités égyptiennes et assyriennes, ainsi que les
traditions et les ouvrages les plus anciens, le Dattier existait en
abondance dans la région qui s’étend de FEuphrate au Nil. Les
monuments égyptiens contiennent des fruits et des dessins de
cet arbre ». Hérodote, à une époque moins reculée (v“ siècle
avant Jésus-Ghrist), parle des bois de Dattiers qui existaient en
Babylonie ; plus tard Strabon s’est exprimé d’une manière analogue
sur ceux d’Arabie, par où il semble que l’espèce était plus commune
qu’à présent et plus dans les conditions d’une essence forestière
naturelle. D’un autre côté Garl Bitter fait la remarque ingénieuse
que les livres hébreux les plus anciens ne parlent pas des
Dattiers comme donnant un fruit recherché pour la nourriture
de l ’homme. Le roi David, vers l ’an 1000 avant Jésus-Ghrist,
environ sept siècles après Moïse, n’énumère pas le Dattier au
nombre des arbres qu’il convient de planter dans ses jardins. H
est vrai qu’en Palestine, sauf à Jéricho, les dates ne mûrissent
guère. Plus tard, Hérodote dit des Dattiers de Babylonie, que la
majorité seulement des pieds donnait de bons fruits, dont on
faisait usage. Ceci paraît indiquer le commencement d’une culture
perfectionnée au moyen de la sélection des variétés et du
transport des fleurs mâles au milieu des branches de pieds femelles,
mais cela signifie peut-être aussi qu’Hérodote ne connaissait
pas l’existence des pieds mâles.
A l ’occident de l’Egypte, le Dattier existait probablement
depuis des siècles ou des milliers d’années quand Hérodote les a
mentionnés. D parle de la Libye. Aucun document historique
n’existe pour les oasis du Sahara, mais Pline ^ mentionne les
Dattiers des îles Ganaries.
Les noms de l ’espèce témoignent d’une grande ancienneté soit
en Asie, soit en Afrique, attendu qu'ils sont nombreux et fort
différents. Les Hébreux appelaient le Dattier Tamar et les anciens
Egyptiens B eq ®. L ’extrême diversité de ces mots, d’une / a n d e
antiquité, fait présumer que les peuples avaient trouvé l ’espèce
indigène et peut-être déjà nommée dans l ’Asie occidentale et
en Egypte. La multiplicité des noms persans, arabes et berbères,
est incroyable ». Les uns dérivent du mot hébreu, les
autres de sources inconnues. Ds s’appliquent souvent à des états
différents du fruit ou à des variétés cultivées différentes, ce qui
1. Unger, Pflanzen d, ait, Ægyptens, p. 38,
2. Pline, Hist., 6, c. 37.
3. Unger, l. c.
4. Voir C. Ritter, l. c.
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