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Le Manihot utilissima, et l’espèce voisine ou variété appelée
Aïpi, que l’on cultive également, n’ont pas été trouvés à l'état
sauvage d’une manière certaine. Humboldt et Bonpland ont
bien recueilli sur les bords de la Magdalena, un pied de Manihot
utilissima qu’ils ont dit presque spontané fe mais le D® Sagot
me certifie qu’on ne l ’a point découvert à la Guyane, et les
botanistes qui ont exploré la région chaude du Brésil n’ont pas
été plus heureux. Gela ressort des expressions de Pohl, qui a
beaucoup étudié ces plantes, qui connaissait les récoltes de
Martius et ne doutait pas de l’origine américaine. S ’il avait remarqué
une forme spontanée identique avec celles qu’on cultive,
il n’aurait pas émis l’hypothèse que le Manioc provient
de son Manihot pusilla ^ de la province de Goyaz, dont la stature
est minime et qu’on regarde comme une véritable espèce ou
comme une variété du Manihot palmata De Martius déclarait
en 1867, c’est-à-dire après avoir reçu de nombreuses informations
postérieures à son voyage, qu’on ne connaissait pas la
plante à l ’état sauvage Un ancien voyageur, ordinairement
exact, Piso fe parle d’un Mandihoca sauvage dont les Tapuyeris,
indigènes de la côte au nord de Bio-de-Janeiro, mangeaient les
racines. 11 est, dit-il, « très semblable à la plante cultivée » ; mais
la figure qu’il en donne a paru bien mauvaise aux auteurs qui
ont étudié les Manihots. Pohl la rapporte à son M. Aïpi, et le
D® Millier la passe sous silence. Quant à moi, je suis disposé à
croire ce que dit Piso, et sa planche ne me paraît pas absolument
mauvaise. Elle vaut mieux que celle de Yellozo d’un Manihot
sauvage qu’on rapporte avec doute au M. Aïpi Si l’on
ne veut pas accepter cette origine du Brésil oriental intertropical,
il faut recourir à deux hypothèses ; ou les Manihots cultivés
proviennent de l ’une des espèces sauvages modifiée par la culture;
ou ce sont des formes qui subsistent seulement par l’action
de l ’homme,après la disparition de leurs semblables de la végétation
spontanée actuelle.
Ail. Allium sativum, Linné.
Linné, dans son Species, indique la Sicile comme la patrie
de l’ail commun ; mais dans VHortus cliffortianus, où il est
ordinairement plus exact, il ne donne pas d’origine. Le fait
est que d’après les flores les plus récentes et les plus complètes
de Sicile, de toute l ’Italie, de la Grèce, de France»
d’Espagne, et d’Algérie, l’ail n’est pas considéré comme indi-
1. Kunth, dans Humb. et R., Nova Genera, 2 , p. 108.
2. Pohl, Icônes et descript., 1 , p. 36, pl. 2 6 .
3 . Müller, dans le Prodromus.
4 . De Martius, Beitrâge zur Ethnographie, etc., 1 , p. 19, 136.
5 . Piso, Historia naturalis Brasiliæ, in-folio, 1658, p. 55, cum icône.
6. Jatropia sylvestris Veil. F l. flum., 1 6 , t. 83. V o ir Müller, dans Pro-
dromus, 16 p. 1063.
o-ène, quoique çà et là on en ait recueilli des échantillons qui
criaient plus ou* moins l’apparence de l ’être. Une plante aussi
habituellement cultivée et qui se propage si aisément peut se
répandre hors des jardins et durer quelque temps, sans être d’origine
spontanée. Je ne sais sur quelle autorité Kunth cite l’espèce
en Egypte fe D’après des auteurs plus exacts sur les plantes
de ce pays fe elle y est seulement cultivée. M. Boissier, dont
l’herbier est si riche en plantes d’Orient, n’en possède aucun
échantillon spontané. Le seul pays où l’ail ait été trouvé à l ’état
sauvage, d’une manière bien certaine, est le désert des Kirghis
■de Soongarie, d’après des bulbes rapportées de là et cultivées
à Dorpat ® et des échantillons vus ensuite par Begel 'î. Ce dernier
auteur dit aussi avoir vu un échantillon que Wallicb avait
recueilli comme spontané dans l ’Inde anglaise ; maisM. Baker fe
qui avait sous les yeux les riches herbiers de Kew, n’en parle
pas dans sa revue des Album des Indes, de Ghine et du Japon.
Voyons si les documents historiques et linguistiques confirment
une origine uniquement du sud-ouest de la Sibérie.
L ’Ail est cultivé depuis longtemps en Ghine sous le nom de
S u a n . On l’écrit en chinois par un signe unique, ce qui est ordinairement
l’indice d’une espèce très anciennement connue et même
spontanée fe Les flores du Japon ^ n’en parlent pas, d'où je présume
que l ’espèce n ’était pas sauvage dans la Sibérie orientale
et laDaourie,mais que les Mongols l ’auraient apportée en Ghine.
D’après Hérodote (Hist., 1. 2, c. 125), les anciens Egyptiens en
faisaient grand usage. Les archéologues n’en ont pas trouvé la
preuve dans les monuments, mais cela tient peut-être à ce que
la plante était réputée impure par les prêtres fe
11 existe un nom sanscrit, Mahoushouda fe devenu Loshoun en
bengali, et dont le nom hébreu Schoum, Schumin^^, qui a produit
le Thoum ou Toum des Arabes, ne paraît pas éloigné. Le
nom basque, Baratchouria, a été rapproché des noms aryens
par M. de Charencey ‘ fe A l ’appui de son hypothèse, je dirai
que le nom berbère, Tiskert, est tout différent, et que par conséquent
les Ibères paraissent avoir reçu la plante et son nom des
Aryens plutôt que de leurs ancêtres probables du nord de
l ’Afrique. Les Lettons disent Kiplohks, les Esthoniens ATrms/awÂ,
d ’on probablement le Knoblauch des Allemands. L ’ancien nom
1. Kunth, Enum., 4, p. 381.
2 . Schweinfurth et Ascherson, Aufzählung, p. 294.
3 . Ledebour, Flora altaica, 2 , p. 4 ; Flora rossica, 4, p. 162.
4 . Regel, Allior. monogr., p. 4 4 .
o. Raker, dans Journ. of. bot., 1874, p. 295.
6. Rretschneider, Study and value, etc., p. 15, 47 et 7 .
7 . Thunberg, Fl. jç p . ; Franchet et Savatier, Enumeratio, 1876, vol. 2 .
8. Unger, Pflanzen des Alten Ægypten’s, p. 4 2 .
9 . Piddington, Index, sous l’orthographe anglaise Mahooshouda.
10. Hiller, Hierophijton; Rosenmüller^ Bibl. Alterthum, vol. 4 .
11. De Charencey, Actes de la Société pnilologique, 1«® mars 1869.
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