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répandues autrefois sur les origines et sur l’introduction de la
culture de telle ou telle courge à certaine époque ou dans certaines
contrées. C'est une des raisons pour lesquelles, quand je
me suis occupé du sujet, en 1855, la patrie de ces plantes était
restée pour moi inconnue ou trèh douteuse. Aujourd’hui, on peut
scruter mieux la question.
D’après sir Joseph Hooker fe le Cucurbita maxima a été trouvé
par Barter sur les bords du Niger, en Guinée, « avec l’apparence
indigène » (apparently indigenous), et par Welwitsch
dans l’Angola, sans affirmation de la qualité spontanée. Je ne
vois aucune indication de spontanéité dans les ouvrages sur
l ’Abyssinie, l ’Egypte ou autres pays africains dans lesquels on
cultive communément l ’espèce. Les Abyssins se servent du mot
Dubba, qui s ’applique, en arabe, aux Courges, dans un sens
très général.
Longtemps on a soupçonné une origine indienne, en s’a p puyant
sur des noms tels que Courge d'Inde, donnés par des botanistes
du X V I ® siècle, et, en particulier, sur le Pepo maximus
indicus, figuré par Lobel fe qui rentre bien dans l ’espèce actuelle;
mais c’est un genre de preuve bien faible, car les indications
vulgaires d’origine sont souvent fausses. Le fait est que si les
Potirons sont cultivés dans l ’Asie méridionale, comme ailleurs
entre les tropiques, on n’a pas rencontré la plante à l’état sauvage
fe Aucune espèce semblable ou analogue n’est indiquée
dans les anciens ouvrages chinois, et les noms modernes des
Courges et Potirons cultivés actuellement en Ghine montrent
une or igine/ rangère méridionale fe II est impossible de savoir
à quelle espèce s ’appliquait le nom sanscrit Kurkarou, attribué
par Boxburgh au Cucurbita Pepo. et l ’incertitude n ’est pas moins
grande au sujet des Courges, Potirons et Melons cultivés par les
Grecs et les Bomains. On n’a pas constaté la présence d’un Potiron
dans l ’ancienne Egypte. Peut-être en cultivait-on dans ce
pays et dans le monde gréco-latin? Les Pepones doxA Charlemagne
ordonnait la culture dans ses fermes ® étaient ou l ’espèce
actuelle ou le Cucurbita Pepo ; mais aucune figure ou description
reconnaissable de ces plantes n’a été donnée avant le
X V I ® siècle.
Ceci pourrait faire présumer une origine américaine. L ’existence,
à l ’état spontané, en Afrique, est bien une objection, car
les espèces de la famille des Gucurbitacées sont très locales ;
mais il y a des arguments en faveur de l ’Amérique, et je dois les
1. Hooker, Floi'a o f b'opical Africa, 2, p. 555.
2. Lobel, Icones, t. 641. La figure est reproduite dans Dalechamp,
Hist., 1, p. 626. ^ ’
3. Glarke, dans Hooker, Floixi o f british India, 2, p. 622.
4. Bretschneider, lettre du 23 août 1881
5. La liste est'dans E. Meyer, Geschichte der Botanik, 3, p. 401. Les Cucurbita
dont il parle également devaient être la Gourde, Lagenaria.
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examiner avec d’autant plus de soin qu’on m’a reproché aux
Etats-Unis de n’en avoir pas tenu suffisamment compte.
D’abord, sur dix espèces connues du genre Cucurbita, six sont
certainement spontanées en Amérique (au Mexique ou en Californie),
mais ce sont des espèces vivaces, tandis que les Courges
cultivées sont annuelles.
La plante nommée Jurumu par les Brésiliens, figurée par
Pison et Marcgraf fe est rapportée par les modernes au Cucurbita
maxima. La planche et les courtes explications des deux auteurs
conviennent assez, mais il parait que c’était une plante cultivée.
Elle peut avoir été apportée d’Afrique ou d’Europe par tes
Européens, entre la découverte du Brésil, en 1504, et les voyages
des auteurs sus-mentionnés, qui ont eu lieu en 1637 et 1638.
Personne n’a trouvé l ’espèce sauvage dans l’Amérique méridionale
ou septentrionale. Je ne rencontre dans tes ouvrages sur 1e
Brésil, la Guyane, tes Antilles aucun indice de culture ancienne
ou d’existence spontanée, soit d’après les noms, soit d’après des
traditions ou opinions plus ou moins précises. Aux Etats-Unis,
les savants qui connaissent 1e mieux tes langues et tes usages
des indigènes, par exemple le D® Harris autrefois, et M. Trumbull
plus récemment fe ont soutenu que tes Gucurbitacées appelées
Squash par tes Anglo-Américains_et fe¥acoc/i ou Cashaw,
Cushaiü par d’anciens voyageurs en Virginie, répondent à d /
Courges. M. Trumbull dit que Squash est un mot indien._ Je
n’en doute pas, d’après son assertion, mais ni tes plus habiles
linguistes ni tes voyageurs du xvii® siècle ® qui ont vu les
indigènes pourvus de fruits appelés dans leurs livres Citrouilles^
-Courges, Pompions, Gourdes, n’ont pu donner la preuve que
ce fût telle ou telle des espèces reconnues distinctes aujourd’hui
par tes botanistes. Gela nous apprend seulement _ que
les indigènes, un siècle après la découverte de la Virginie,
vingt à quarante ans après la colonisation par W. Baleigh,
faisaient usage de certains fruits de Gucurbitacées. Les noms
vulgaires sont encore si confus aux Etats-Unis que le D“ Asa
Gray, en 1868, indique Pumpkin et Squash comme répondant
à des espèces de Cucurbita tandis que Darlington attribue
le nom de Pumpkin à la Courge ordinaire {Cucurbita Pepo),
et celui de Squash aux variétés de celle-ci quijentrent dans
tes formes Melopepo des anciens botanistes. Ils n attribuent pas
un nom vulgaire, particulier et certain, au Potiron [Cucurbita
TYiax'imci),
En définitive, sans ajouter une foi implicite à findigénat sur les
1. Piso, Brasil., éd. 1658, p. 264; M a rc g r/ éd. fe648, p. 44.
2 Harris, American lournal, 1857, vol. 24, p. 441, Irumhull, Bull, o f
Torreo’s Club, 1876, vot. 6, p. 69.
3. Champlain, en 1604; Strachey, en 1610 ; etc.
'4. Asa Gray, Botany o f the northern states, e d . 1868, p. 186.
5. Darlington, Flora cestrica, 1853, p. 94.
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