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 Jésus-Ghrist  l’empereur  Ghen-nung  institua  la  cérémonie  dans  
 laquelle  chaque  année  on  sème  cinq  espèces  de  plantes  utiles,  
 le  riz,  le  soja,  le  blé  et  deux  sortes  de  millets  K  Ges  plantes  
 devaient  être  cultivées  depuis  quelque  temps,  dans  certaines  
 localités, pour  avoir  attiré  à  ce  point  l ’attention  de  l ’empereur  
 L ’agriculture  paraît  donc  aussi  ancienne  en Ghine qu’en Egypte.  
 Les  rapports  continuels  de  ce  dernier  pays  avec  la Mésopotamie  
 font  présumer  une  culture  à  peu  près  contemporaine  dans  les  
 régions de  FEuphrate  et  du  Nil.  Pourquoi ne  serait-elle  pas  tout  
 aussi  ancienne  dans  l’Inde  et  dans  l’archipel  Indien?  L ’histoire  
 des  peuples  dravidiens  et malais ne  remonte pas haut et présente  
 bien  de  l ’obscurité,  mais  il  n ’y   a  pas  de  raisons  de  croire  que  
 la  culture  n’ait  pas  commencé  chez  eux  il  y   a  fort  longtemps,  
 en  particulier  au  bord  des  fleuves. 
 Les  anciens Egyptiens et les Phéniciens  ont  propagé  beaucoup  
 de  plantes  dans  la  région  de  la  Méditerranée,  et  les  peuples  
 Aryens,  dont  les  migrations  vers  l ’Europe  ont  commencé  à  peu  
 près 2500 ou  au plus tard 2000 ans  avant Jésus-Ghrist  ont répandu  
 plusieurs  espèces  qui  étaient  déjà  cultivées  dans  l’Asie  occidentale. 
   Nous  verrons,  en  étudiant  l’histoire  de  quelques  espèces,  
 qu’on  cultivait  probablement  déjà  certaines  plantes  en  Europe  
 et dans  le  nord  de  l’Afrique.  Il  y   a  des  noms  de  langues  antérieures  
 aux  Aryens,  par  exemple  finnois,  basques,  berbères  et  
 guanches (des îles Ganaries), qui l ’indiquent. Gependant les restes«,  
 appelés Kjôkkenmôddings,  des  habitations  anciennes  du  Danemark, 
   n’ont  fourni jusqu’à  présent  aucune  preuve  de  culture  et  
 en même  temps  aucun  indice  de  la  possession d’un  métal  Les  
 Scandinaves  de  cette  époque  vivaient  surtout  de  pêche,  de  
 chasse  et  peut-être  accessoirement de  plantes  indigènes,  comme  
 le  chou,  qui  ne  sont  pas  de  nature  à  laisser  des  traces  dans  les  
 fumiers  et les décombres, et qu’on pouvait  d ’ailleurs  se  passer  de  
 cultiver.  L ’absence  de métaux ne  suppose  pas,  dans  ces  pays  du  
 nord,  une  ancienneté  plus  grande  que  le  siècle  de  Périclès  ou  
 même  des  beaux  temps  de  la  république  romaine.  Plus  tard,  
 quand  le  bronze  a  été  connu  en  Suède,  région  bien  éloignée  des  
 pays  alors  civilisés,  l ’agriculture  avait  fini  par  s’introduire.  On  
 a  trouvé  dans  les  restes  de  cette  époque  la  sculpture  d’une  
 charrue  attelée de  deux  boeufs  et  conduite  par un homme  fe 
 Les  anciens  habitants  de  la  Suisse  orientale,  lorsqu’ils  avaient  
 des  instruments  de  pierre  polie  et  pas  de  métaux,  cultivaient  
 plusieurs  plantes,  dont  quelques-unes  étaient  originaires  d’Asie. 
 M.  Heer  ^  a  montré,  dans  son  admirable  travail  sur  les  pala-  
 fittes,  qu’ils  avaient  des  communications  avec  les  pays  situés  au  
 midi’des Alpes.  Ils pouvaient  aussi  avoir  reçu  des  plantes  cultivées  
 par  les  Ibères,  qui  occupaient  la  Gaule  avant  les  Geltes.  A  
 l'époque  où  les  lacustres  de  Suisse  et  de  Savoie  ont  possédé  le  
 bronze  leurs  cultures  étaient  plus  variées.  Il  paraît  même  que  
 les  lacustres  d’Italie,  lorsqu’ils  avaient  ce  métal,  cultivaient  
 moins d’espèces  que  ceux  des  lacs  de  Savoie  fe  ce  qui  peut  tenir  
 à  une  ancienneté  plus  grande  ou  à  des  circonstances  locales.  
 Les  restes  des  lacustres de  Laybach  et du Mondsee,  en Autriche,  
 accusent  aussi  une  agriculture  tout  à  fait  primitive  :  point  de  
 céréales  à Laybach,  et un  seul  grain  de  blé  au Mondsee  ^  L ’état  
 si  peu  avancé  de  l ’agriculture  dans  cette  partie  orientale  de  
 l’Europe  est  en opposition  avec  l’hypothèse,  basée  sur  quelques  
 mots  des  anciens  historiens,  que  les  Aryas  auraient  séjourné  
 d’abord dans  la  région  du  Danube  et  que  la  Thrace  aurait  été  
 civilisée  avant  la  Grèce.  Malgré  cet  exemple  l ’agriculture  
 paraît,  en  général,  plus  ancienne  dans  la  partie  tempérée  de  
 l’Europe  qu’on  ne  pouvait  le  croire  d’après  les  Grecs,  disposés,  
 comme  certains  modernes,  à  faire  sortir  tout  progrès  de  leur  
 propre  nation. 
 En Amérique,  l’agriculture  n’est peut-être  pas  aussi  ancienne  
 qu’en Asie  et  en  Egypte,  si  l ’on  en  juge  par  les  civilisations  du  
 Mexique  et  du  Pérou,  qui  ne  remontent pas même aux  premiers  
 siècles  de  l’ère  chrétienne.  Gependant  la  dispersion  immense  de  
 certaines  cultures,  comme  celle  du  maïs,  du  tabac  et  de  la  
 batate,  fait  présumer  une  agriculture  ancienne,  par  exemple  
 de  deux  mille  ans  ou  à peu  près.  L ’histoire  fait  défaut  dans  ce  
 cas,  et l ’on  ne peut espérer quelque chose que des  découvertes  en  
 archéologie  et  géologie. 
 1.  Heer,  Die  Pflanzen  der  Pfahlbauten,  in-4,  Zurich,  1863.  Voir  l’article 
 2.  Perriu,  Etude  préhistorique  de  la  Savoie,  in-4,  1 8 70   ; _ Castelfranco,  
 Notizie  intorno  alla  Stazione  Lacustre  di  Lagozza,  et  SordeWi,  Sulle  piante  
 délia  torbiera  délia  Lagozza,  dans  les  Actes  de  la  Soc.  itat.  des  sc. 
 nat.,  1880.  .  ,  r.  ,  ov 
 3.  Much,  Mittheil.  d.  anthropol.  Ges.  in  Wien,  vol.  6  ;  Sacken,  Sitzoei. 
 Akad.  Wien,  vol.  6.  Lettre  de  M.  Heer  sur  ces  travaux,  et  leur  analyse  
 -dans Nadaillac,  I,  p.  247. 
 I 
 1.  Bretschneider,  On  the  study  and  value  o f  chínese  botanical  works,  
 p.  7. 
 2.  De  Nadaillac,  Les  premiers  hommes  et  les  temps  préhistoriques,  I,  
 p.  266, 268. L’absence de traces  d’agriculture  dans ces  débris  m’est  certifiée  
 d’ailleurs  par M.  Heer  et M.  Cartailhac,  très  au  courant  tous  les  deux  des  
 découvertes  en  archéologie. 
 3.  M.  Montelius,  d’après  Cartailhac, Revue,  1875,  p.  237.