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l’aspect de la nature , sa physionomie particulière
dans ces régions septentrionales ,
les moeurs si originales et si intéressantes de
leurs habitans ; tout se réunissoit à piquer
vivement ma curiosité , et me promettoit
un voyage plein d’intérêt. Aussi , dès que
mes occupations me le permirent, je me mis
en route seul, et sans autre plan que celui
de m’avancer aussi loin que le temps et les
circonstances me le permettroient. Il est impossible
de calculer d’avance sa marche
lorsqu’on dépend de la mer et des vents.
Mais, pour ne pas perdre de temps, et pour
profiter encore des derniers beaux jours de
l ’été, je résolus de m’arrêter le moins pos-
sible sur la terre-ferme, et de gagner promptement
le port d’Oban, où je devois m’embarquer.
Ce fut le 6 Août 1807 que je partis d’Edimbourg,
pour me rendre à Sterling. La
route traverse Linlithgow , petite ville ancienne
et mal bâtie. Les ruines de l’antique
château de Linlithgow , situé h peu de distance
de la ville , forment un point de vue
pittoresque ; elles couronnent la sommité
d’une petite colline couverte d’un gazon vert
et de groupes de beaux arbres ; un grand
étang d’une eau pure et limpide baigne le
pied du côteau, et dans ses eaux se réfléchissent
tous les traits de ce tableau. Une
ancienne église gothique est bâtie à côté du
château , résidence autrefois des rois d’Ecosse;
une foule de souvenirs intéressans
se rattachent à ces ruines. Ce fut—là que nâ-
quit Marie Stuart; ce fut-là dit-on que plus
anciennement encore son aïeul laques I V ,
s’étant rendu à l’église pour faire ses dévotions
avant de joindre son armée , vit paroi
tre un vieillard vêtu d ’une robe bleue,
q u i, s’approchant de lu i , l’exhorta fortement
à renoncer à ses projets , et le menaça
des plus grands maux, s’il persistoit à vouloir
combattre les Anglais. Cet homme disparut
un instant après, laissant le Roi dans
la ferme persuasion qu’il avoit été témoin
d’une apparition surnaturelle, et que Dieu
lui-même avoit envoyé St. André ou St. Jean
pour le détourner d’une bataille qui devoit
être §i fatale au royaume d’Ecosse. Jaques,
malgré ces avertissemens , persista à vouloir
pénétrer en Angleterre à la tête de ses armées
; mais ayant rencontré les Anglais à