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d’Edimbourg, un ennemi sans armes et sans
défiance.
Le duel en champ clos fut de tous
temps pratiqué parmi les Borderers comme
jugement de Dieu , et cette coutume dura
chez eux plus long-temps que dans tout le
reste de l'Europe. On vit encore en 1602
un pareil combat judiciaire, entre un seigneur
anglais et un seigneur écossais , annoncé
publiquement et livré à la face de
•l'Angleterre et de l'Ecosse.
Il exisloit un code de lois d’une haute antiquité
auquel les Borderers s’obligeoient
par serment d’être fidèles , ces lois qui ré-
gloient les droits et les devoirs de la guerre,
lurent originairement proclamées par un
Archibald le noir, Seigneur de Douglas , et
renouvelées en 149S Par Ie Comte William
Douglas un des descendants du précédent.
Cependant, malgré de tels règlements, il
paroit que ces fiers guerriers ne connûrent
jamais ni droit public, ni droit des gens, et
que le fer de leurs lances et de leurs épées,
étoit pour eux la plus puissante loi.
On vit maintes fois les troupes des
deux nations rivales , ou des tribus ennemies
, convenir ensemble d’une conférence
pour traiter de la paix, se rencontrer
à l’amiable , et se livrer à des jeux , ou
à un commerce paisible, mais au moment
où l’accord alloit être conclu, si une rixe
particulière venoit à troubler celle bonne
harmonie, les cris de guerre se faisoient entendre
, on couroit aux armes, on se mêloit,
on s’entreluoit avec fureur, et le combat le
plus acharné succédoit en un instant aux
douceurs momentanées de lu paix et de la
concorde.
Enfin le contraste n’est pas moins frappant
lorsque l ’on considère le mélange de
férocité et de religion qui caractérisoit la vie
des Borderers ; lorsque l’on voit ces mêmes
hommes qui vont porter à l’improviste le fer
et le feu chez leurs voisins, implorer la bénédiction
du ciel sur leurs cruelles entreprises,
et ne pas partir pour une expédition
de brigandage sans avoir religieusement dit
leur chapelet. On a vu plus d’une fois des
seigneurs qui combloient de largesses les
couvents et les abbayes auxquelles ils don-
noient de grandes terres pour le salut de
leur ame, ne se faire aucun scrupule d’enfoncer
les portes des églises pour massacrer
un ennemi au pied de l’autel. C’est ainsi