
h l’ouest que nous ne l’avions fait encore ; les
rochers de basalte dont nous avions remarqué
auparavant la tendance à se former en
prismes, prennent, à l’endroit appelé Cove,
une grande régularité. Après que nous eûmes
passé Ulva , les matelots cessèrent de ramer
et mirent h la voile. Nous avions un vent
foible du nord-est, la mer étoit encore agitée
delatempête delà veille,ainsi que delà marée.
Après une heure de navigation nous passons
auprès de l’ile de Colonsay qui appartient
à Mr. Macdonald de Staffa; cette petite
île est éloignée de deux lieues et demi d Ulva.
Ainsi que celte dernière elle est peu élevée,
et elle est composée de longues bandes de
rochers éscarpés de basalte, qui s’élèvent en
gradins les unes au-dessus des autres, et sont
séparées par des talus recouverts de bruyères.
C’est une figure qu’affectent en général les
îles et les montagnes de formation trapéenne
dans les Hébrides, en sorte qu’on peut les
reconnoître de très-loin par leur disposition
à former de hautes falaises h pic et des gradins
successifs, ainsi que par les larges bandes
alternativement noires et brunes dont leur
surface est rayée.
Colonsay est habitée; nous y vîmes quelques
huttes où logent le petit nombre de familles
qui vivent dans cette île. Leurs principales
occupations sont de soigner le bétail
et de fabriquer de la soude, en brûlant les
plantes marines qui croissent en quantité prodigieuse
sur les rochers baignés par la mer.
Staffa est éloignée de Colonsay de deux
lieues et d; mi, tra;et que nous fîmes en une
heure, grâces à la vigueur de nos matelots
secondés par un vent léger mais propice; nous
avions mis en tout deux heures à parcourir
cinq lieues.
Enfin arriva ce moment que j ’anticipois
depuis longtemps avec tant de plaisir ;
j ’allois contempler cette merveille de la
nature , celte grotte de Fingal si célèbre et
si extraordinaire. Souvent en songeant aux
difficultés qu’avoient éprouvées plusieurs des
voyageurs qui m’avoient précédé, aux dangers
qu’ils avoient courus , je craignois de ne
pouvoir réussir dans mon entreprise. Mais
tout sembloit me favoriser , le temps étoit
ravissant et la mer assez calme pour nous
permettre d’aborder aisément au seul endroit
de l’île qu’un bateau puisse toucher. C’est
une petite grève couverte de cailloux; par