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La religion s’est conservée pure et honorée
dans toutes les classes, et avec elle
les moeurs publiques et particulières. Les
exces du luxe, qui, s’ils ne sont pas la cause
de la décadence des Etats, en sont du moins
un des symptômes les plus certains, n’ont
point jusqu’à présent accompagné le rapide
accroissement de la richesse. Il règr*ne encore
dans les manières et dans les goûts de la
société en Ecosse, une modération et une
simplicité exemplaires. Et l’hospitalité, cette
vertu que semblent partout éteindre les
progrès de la civilisation, n’a rien perdu dans
ce pays par les changements qui s’y sont
opérés.
Les progrès rapides qu’a fait l'Ecosse dans
tous les genres pçndant le siècle passé,
doivent-ils être attribués, comme on le croit
généralement, à sa réunion définitive avec
1 Angleterre, en 1707 ? C’est une opinion
qui ne me paroît pas fondée sur des
preuves incontestables, et qui ne peut se
soutenir que dans ce sens seul, que cette
réunion procura aux Epossais la tranquillité
et le repos nécessaires pour se livrer
avec fruit aux arts de la paix. Et encore,
sans les révolutions successives qui mont
cessé d’agiter les îles Britanniques pendant
que les Stuarts ont régné en Angleterre ,
cette tranquillité eut été le fruit de 1 accession
d’une même famille souveraine sur les
trônes d’Angleterre et d’Ecosse, dès le commencement
du 17™® siècle. Lacté d union
définitive qui fut passé un siècle plus tard
ne me semble pas avoir dû augmenter beaucoup
les rapports de deux peuples déjà soumis
au même monarque, puisque les lois
qui les régirent, les institutions, la religion
même ne cessèrent pas d’être différentes ;,
e t , si l’acte d’union avoit en quelque influence
marquée sur l’existence de 1 Ecosse,
cette influence eut été plutôt nuisible à son
avancement, en la privant de tous les bienfaits
d’une existence politique indépendante
et d’une représentation nationale pl us étendue.
D ’ailleurs, les préjugés que les Anglais nour-
rissoient contre leurs nouveaux compatriotes,
le mépris qu’ils affectoient pour eux , dévoient
décourager les Ecossais plutôt que
les exciter à imiter un peuple plus avance
qu’eux dans les lettres, l’industrie et le corn,
merce. Je pense donc, que nous devons cher'