
à la couleur uniformément noire des rochers.
On a cependant, à l’orient, quelques échappées
de vue, auxquelles un genre de beauté
sauvage ne laisse pas que de prêter un
charme particulier. On apperçoit des fenêtres
de la maison, le détroit qui sépare
Ulva de Mull ; sur la rive opposée le petit
bâtiment de Laggan-Ulva qui appartient
aussi à M.r Macdonald. On a essayé quelques
plantations de sapins dans les rocs
arides qui environnent la maison; malgré
tous les obstacles qui s’opposent dans ce
climat à la croissance des arbres, ceux-ci
paroissent réussir fort bien. Le basalte de
ces rochers se présente sous la forme de colonnes
fort irrégulières. Une belle cascade
se précipite du haut des rocs et tombe
sur le bord même de la mer, formant un
objet d’un grand effet dans le paysage. On
voit aussi l’entrée du lac Nagheal, vis-à-
vis duquel Ulva se trouve. Ce golfe profond,
parsemé d’islots et de rescifs, baigne
Je pied de montagnes élevées et stériles,
parmi lesquelles Benmore se fait remarquer.
Cette énorme masse porte sa sommité
pyramidale, à la hauteur de 45o toises
c m )
au-dessus de la mer. Les vagues en frappent
la base. Sa pente escarpée est couverte
partout de bruyères et de marécages. La
cime de Benmore est presque toujours enveloppée
de nuages que les vents amènent
de l ’Océan; quelquefois les nuées forment
une ceinture au milieu de la montagne, et
l ’on voit à une grande hauteur, sa pointe
aiguë se dessiner dans un ciel p u r , comme
une seconde montagne élevée dans les airs.
J ’ai vu souvent aussi dans une belle soirée,
le soleil couchant colorer des plus riches
teintes de violet et de pourpre ces sommités
couvertes de bruyères. Bien de plus magnifique
, alors, que le.contraste des couleurs
brillantes des monts, avec le gris noir des
falaises basaltiques et le verd foncé de l’Océan
continuellement agité.
Si l’on monte sur les rochers qui s’élèvent
au sud de la maison , on jouit d’une vue
fort étendue sur cet immense Océan et les
nombreuses îles répandues à sa surface, sur
les énormes rochers à pic de la partie de
M u ll, nommée Gribon. Ces falaises gigantesques
donnent une idée de la puissance
terrible de l ’Océan qui les a ainsi taillées,