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Indépendamment des mots français dbnt
la langue anglaise abonde, mots apportés
par les Normands , et qui , lors de la
conquête, ont passé en Ecosse avec l’Anglais,
l ’Ecossais en possède plusieurs qui ont été
importés, si je puis m’exprimer ainsi, directement
de France, sans passer par l ’Angleterre.
Les nombreuses relations qui exis-
toient jadis entre la France et l’Ecosse , le
séjour des troupes auxiliaires françaises dans
ce dernier pays, pendant les guerres du i6“ 9
siècle , l ’habitude qu’ont eu long-temps les
Ecossais de faire élever leurs enfans dans les
collèges de France, et d’entretenir quelques
troupes au service de cette puissance, toutes
ces causes n’ont pas peu contribué à intro^
duire des expressions françaises dans le langage
écossais. Plusieurs mots ont conservé O D
leur signification première, comme laidly ,
laid ; pt'igg, prier ; placad, placard, proclamation
; dôur, dur ; et tant d’autres qu’il
seroit trop long de citer. Quelques mots sont
employés dans un sens différent, mais en
conservant cependant quelque chose de leur
signification originelle.C O Ainsi du mot bon,
pris en terme d’éloge, on en fait honnie, qui
signifie joli ; appliquant ainsi aux qualités
physiques un terme qui désigne une qualité
du coeur. Ne dit-on pas, un homme
de bonne mine , une bonne tournure, à -
peu-près dans le même sens , en français?
Il en est de même du mot de brave ( en Ecossais
braw ) qui veut dire beau ; acception sous
laquelle ce terme est pris dans quelques provinces
de France, comme il l ’est dans la langue
italienne.
Un des traits qui caractérisent l ’idiome
écossais, c’est qu’il admet des diminutifs de
même que l’italien ; la diphtongue ie, qui se
prononce i , ajoutée à la fin des mots, en
affoiblit le sens. C’est ainsi que de bit, morceau
, on fait bittie, petit morceau , et de
baim, enfant, on fait bairnie, petit enfant, etc.
Cette faculté, qui permet de terminer par
une voyelle un mot qui finit par une ou plusieurs
consonnes , donne de la douceur à la
langue. Les voyelles y sont beaucoup plus
multipliées que dans l’anglais, et l’idiôme
écossais possède la plupart des élémens qui
forment un lanOg aOge doux et sonore. Mais
l’accent lent et traînant des Ecossais , la
manière rude et gutturale dont ils prononcent
les termes dérivés du Gaëlic, et