
sances qui avoient servi à leurs rivaux, ils
ont trouvé plus commode de les accabler
de leur humeur et de leur dédain. On a
aussi vivement reproché aux Ecossais ce
qu’on a appellé leur esprit de nation, ou
esprit de Clan , 011 les a blâmés de se soutenir
réciproquement , de chercher à se
favoriser les uns les autres, dans les objets
de leurs poursuites. On a trouvé fort mauvais
, qu’un Ecossais, en place ou en crédit,
profilât de sa position pour s’entourer de ses
compatriotes, et qu’il cherchât à procurer de
l ’avancement aux membres de sa famille on
de son clan. Parmi les fautes qüe les Anglais
ont reprochées à Lord Bute dans son ministère
, ils ont particulièrement insisté sur
le prétendu tort qu’il avoit fait à la nation
en plaçant des Ecossais dans les diverses
branches de l’administration. « La pauvre
» Angleterre est perdue, » disoit un des beaux
esprits dn temps ; « mais ce qui me chagrine
» le plus, c’est de voir que les Ecossais l’ont
» trouvée. »
Je ne sais si l’on peut blâmer un homme
d’Etat d’aimer à s’environner de personnes
qui lui soient bien connues, surtout, ( ainsi
qu’il est arrivé dans le cas dont il s’agit )
quand il les choisit dans un peuple distingué
par ses lumières, sa moralité et sa bonne foi»
Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a que la
prévention qui puisse faire un crime à un
individu de ne pas oublier dans la prospérité
, ceux avec qui il a eu jusqu’alors des
relations d’amitié, de famille ou de patrie.
Il est enfin une circonstance qui a servi
à répandre encore davantage en Angleterre,
des préjugés défavorables aux Ecossais.
C’est le voyage du Doct. Samuel Johnson
dans les Hébrides. Cet illustre littérateur,
plus versé dans l’étude des livres que dans
celle des hommes, n’étoit jamais sorti de
Londres, ou des Comtés qui environnent la
capitale. Un beau jour, à l’âge de 64 ans,
il lui prend fantaisie de visiter l’Ecosse, ses
montagnes et ses îles. Ce voyage déjà pénible
pour un homme à la fleür de l’âge,
étoit alors / vû le manque de bonnes routes
à travers les montagnes , une entreprise
presque téméraire pour un vieillard, et surtout
pour un vieillard tel que Johnson, accoutumé
à ses aises ) amateur du repos , de
la bonne chère et de ia société. Il part, déjà