
qu’un étroit sentier pierreux et fatiguant.
Nous passâmes devant une cabane, et, désirant
trouver quelque chose à boire, nous y
entrâmes. Il étoit onze heures du soir, la
porte étoit ouverte et toute la famille dor-
moit dans la cuisine. Un feu de tourbe bru-
loit au milieu de la chambre qui étoit tellement
remplie de fumée que nous fûmes longtemps
avant de pouvoir distinguer aucun
objet. Enfin, nous aperçûmes un lit dans
lequel étoit un bon vieillard et sa femme ;
leurs nombreux enfans étoient répandus de
côté et d’autre dans la chambre, et dormoient
couchés sur des tas de tourbe, sur des nattes,
des filets, ou des peaux de mouton. Aussitôt
qu’ils nous eûrent aperçus, ils se levèrent
et vinrent au-devant de nous avec empressement
; nou^ leur expliquâmes le motif de
notre visite si tardive en leur demandant de
l ’eau ou du lait. Deux grandes jattes de lait
furent bientôt apportées, mais ce ne fut qu’avec
beaucoup de peine que nous réussîmes
à faire accepter quelque rétribution à ces
pauvres gens.
Continuant notre chemin sur la hauteur,
nous ne tardâmes pas à apercevoir au-dessous
de nous, l’Océan et l’île d’Ulva. Nous
avions une colline élevée et rapide â descendre
avant de parvenir au bord de la mer.
L ’obscurité nous fit perdre le sentier que
nous avions suivi jusques alors ; chacun er-
roit à tâtons et nous descendîmes les uns
d’un côté les autres de l’autre , sans trop
savoir où nous allions, à travers les rochers
et la broussaille, risquant à chaque instant
de nous rompre le cou ou de rouler dans
la mer qui étoit au-dessous de nous. Cependant
nous nous tirâmes de ce mauvais pas, et
nous arrivâmes heureusement sur la grève.
Ce n’étoit pas le tout , il nous falloit encore
traverser le petit détroit, de la largeur d une
portée de fusil, qui sépare Ulva de Mull. 11
n’y avoit point de bateau de notre côté, celui
qui sert au passage, étoit dans l ’île d’Ulva #
À forée de crier, nous parvîmmes à réveiller
un batelier qui vint nous prendre dans un
petit esquif. Il étoit minuit lorsque nous
traversâmes, et j ’observai pour la première
fois pendant ce passage , la mer couverte
d ’une multitude d’étincelles brillantes, semblables
ù des étoiles.
On nous conduisit à Ulva-liouse, maison