
triste demeure. Aujourd’hui la cabane est
détruite, et l’ile complètement deserte.
Un des matelots qui nous conduisoit, avoit
passé une partie de sa jeunesse dans cette
habitation solitaire, et les récits qu’il nous
lit de la vie d’inquiétude et d’angoisse qu’il
y menoit, nous louchèrent profondément.
Il ne se rappeloit lui-même qu’avec effroi
ces tristes momens où ses compagnons et
lui, n’entendoient autour d ’eux, que le mugissement
des vents et des flots irrités.
Lorsque la tourmente, nous disoil—il, ré-
gnoit sur la mer , ce qui a lieu plus des
trois quarts de l’année, le vent soufiloit alors
avec une telle violence que Ion craignoit
à chaque instant de voir la maison enlevée
comme une feuille légère. La mer rouloit
ses immenses lames avec tant de furie, qu’en
se brisant contre les rochers, des flots d’écume
réjaillissoient par dessus les énormes
falaises qui entourent l’île, et l’inondoient
en entier. Les vagues en s’engouffrant dans
la grotte de Fingal O y? et dans les autres cavernes
de l’ile , frappoient contre les murs
avec un bruit semblable à un roulement de
tonnerre perpétuel. Staffa étoit ébranlée
par les secousses de cet Océan furieux,
comme'par un tremblement de terre. Le soir,
tandis que ces pauvres gens, assis dans leur
frêle cabane, écouloient avec effroi la guerre
terrible des élémens, ils ont vu souvent le
roc même sur lequel brûloit leur feu de
tourbe, s’agiter et osciller avec la terre qui
trembloit sous leurs pieds, à chaque secousse
de ces montagnes d’eau qui sembloient de- 4‘.
voir réduire l’île entière en atômes. Quelle
situation affreuse ! On pourroit souhaiter .* è
d’être témoin un moment d’une scène pareille’,
pour juger de la puissance entière de
l’Océan sans bornes. Mais vivre là, pendant
. ; v
huit longues années , quelle existence ainquiétudes
et d’horreur 1 j i I I.»
Nous redescendîmes au bord de la mer ,
près de l’endroit où nous avions débarqué,
et nous arrivâmes d’abord sur un petit pro- y| ' ¡ H
montoire entièrement debasaltedontlesîongs ; *
prismes fort irréguliers, sont disposés à-peu- è ifli f l
près horizontalement oudumoinsneseredressent
que foiblement à leurs deux extrémités , i | L l jB f l
d’un côté vers la mer, et de l’autre vers l’intérieur
de File. Nous montâmes le long de ¿y,
ces colonnes comme sur des escaliers, et
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