
contempler ce magnifique point de vue; je
me plaisois à porter mes regards sur les sites
que je connoissois déjà ; mille souvenirs intéressons
se rattachoient à la vue des lieux
que j’avois parcourus ; j ’aimois aussi à observer
ceux que j’allois visiter , et la vue de
ces Hébrides, où je dirigeois mon voyage,
me donnoit un nouveau zèle , et me faisoit
pressentir une foule de nouvellesjouissances.
Le temps avoit été ravissant et le ciel parfaitement
serein pendant toute la matinée ;
mais après midi, j ’observai au loin de légers
nuages , qui s’élevoient à l’ouest. Je les vis
s’avancer peu-à-peu, et se former en colonnes
de pluie , qui cachèrent d’abord les îles de
Mull et de Jura , puis les collines de la terre-
ft-rme les plus éloignées : en se rapprochant
du lieu où j ’étois, ce rideau devenoit toujours
plus sombre et le ciel toujours plus menaçant
; l’orage marchoit sur nous avec une
rapidité incroyable , il eut bientôt atteint les
montagnes qui bordent le Loch-Lomond à
l’ouest ; en peu de momens , il avoit franchi
la vallée, et nous fûmes à notre tour
enveloppés dans la nue orageuse qui répan-
doit des torrens d’eau. Ce qui m’étonnoit
plus encore que la marche si prompte de
cet orage d’été, c’étoit l’absence de toute espèce
de signe d’électricité ; le tonnerre ne se
faisoit point entendre , comme* en pareille
circonstance dans nos climats méridionaux.
Le brillant spectacle q u i, peu d’instans
auparavant, charmoit encore mes yeux étonnés
, s’étoit évanoui. Les riches plaines, les
lacs parsemés d’islots, les montagnes innombrables,
la vaste mer avec ses golfes et
ses grandes îles, tout avoit disparu; plongé
dans un brouillard épais, je voyois à peine
¡Un espace de quelques toises autour de moi.
Je quittai alors cette station élevée , pour
descendre le long de la pente occidentale de
la montagne, et après une route longue et
peu rapide à travers les bruyères et les marais,
j ’arrivai sur le bord du lac Lomond,
nu petit hameau de Rouerdenan. Là , je
quittai le guide qui m’avoit conduit depuis
Calîender, et, dans un petit bateau, je traversai
le lac. La pluie avoit cessé aussi
promptement qu’elle étoit venue, et le soleil
, dans un ciel pur et dégagé de nuages,
étoit près de se coucher lorsque je m’embarquai.
Après une courte mais charmante