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le feu, se livroit aux plus affreuses cruautés;-
les femmes, les enfants même n’écbappoient
pas à leur rage, et s’ils conservoient la vie,
c’éloit pour être réduits à une rude captivité.
Dans ces moments, de tumulte , tout étoit
de bonne prise. Chefs et soldats se char-
geoient de butin; ils emmen oient les troupeaux,
et ils livroient aux flammes les récoltes
encore pendantes, les maisons, et ce qur
ne pouvoit être enlevé. De retour dans leurs-
fovers, les vainqueurs partageoient enlr’eux
le fruit de leurs conquêtes. Les seigneurs,
se livroient à la joie, leurs châteaux deve-
noient le lieu de rendez-vous, où des fêtes
brillantes, des tables hospitalières, attiroient
tous les châtelains des environs. Mais le produit
du pillage s’épuisoit à la fin. La dame
du château servoit alors h ses hôtes une
paire d’éperons dans un plat. Ce signe étoit
aisément compris, aussitôt les guerriers re-
montoient à cheval, et courroient de nouveau
mettre les villages et les châteaux d’Angleterre
h contribution. Les seigneurs anglais
qui ne pouvoient voir de sang froid ces ravages
continuels, armoient leurs vassaux
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irrités , entroient en Ecosse, commettoient
des représadles horribles ; de sanglantes batailles
se livroient ; des châteaux étoient pris
et repris d’assaut , et l ’on voyoit ces malheureuses
contrées constamment ensanglantées
par les querelles journalières de tant
de fiers ennemis.
On concevra quelle devoit être l’étendue
de ces dévastations d’après celle qui eut lieu
en 1544, par ordre du roi d'Angleterre ; en
quatre mois les Anglais brûlèrent sur les frontières
de fEcosse 192 villes, villages, châteaux
, tours, églises , etc. ; tuèrent 4°3
Ecossais, en emmenèrent 816 prisonniers,
et enlevèrent io 3i 6 têtes de gros bétail,
ï 2492 de menu bétail, 1296 chevaux, 200
chèvres et 200 sacs de bled.
Le goût du pillage s’étoit répandu chez
les paysans, et on les voyoit souvent, après
de telles expéditions, retournera la maraude
en petites bandes de cinq, dix ou vingt
hommes, conduits par un d’entr’eux à qui
son courage et ses succès avoit donné un
certain empire sur ses compagnons. On
mettoit de la gloire à, ces petites expéditions,
et après avoir fait long-temps trembler les