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la voûte. Si tous ces objets réunis excîtoient
en nous un vif intérêt, quoique préparés
d’avance à l’admiration par les descriptions
des voyageurs et par la renommée, quelle
ne dût pas être la surprise, le ravissement
du chevalier Banks lorsque sur le simple
rapport d’un gentilhomme anglais qu’il
rencontra dans l’île de Mull , il découvrit
pour ainsi dire, Staffa et sa caverne !
Traversant les Hébrides pour se rendre en,
Islande , Banks , accompagné de l’Evêque
de Linkoppinck, le savant Troïl, fut engagé
à se détourner un peu de sa route pour voir
cette île remarquable qui n’étoit alors connue
que d’un petit nombre de personnes; il y va,
il aborde de nuit et ce n’est que le lendemain,
que se trouvant à la pointe du jour au pied
de ces superbes colonnades naturelles, il voit
la grotte de Fingal éclairée parles premiers;
rayons du soleil. Un spectacle aussi inattendu
excite chez les deux illustres voyageurs
le pl us grand enthousiasme. Comment annoncer
au njonde, cette première découverte,
en quels termes peindre leurs impressions
et décrire cette merveille de manière à en
donner une juste idée. Le souvenir des plus
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beaux temples antiques, des cathédrales gothiques
les plus majestueuses , se présente
à leur esprit, ils comparent les chefs-d’oeuvre
sortis de la main de l’homme avec l’ouvrage
fantastique de la nature, et tous deux, en contemplant
cette simple et noble architecture
dont nul être humain n’a tracé les contours,
pensent avec dédain aux vains colifichets,
(car c’est-là leur expression) que l ’art le plus
exquis a pu produire.
Tout en comprenant le sentiment qui inspiroit
à ces savans une telle comparaison, je
ne puis partager en tout leur opinion. La
régularité parfaite de chaque colonne basaltique
dont ces rochers sont composés ,
peut il est vrai rappeler au premier instant
l’idée de l’architecture, mais il ne faut
pas ppusser trop loin ce parallèle qui ne
soutiendroit pas un examen approfondi.
Les grands monuments naturels peuvent
offrir comme celui-ci de la régularité dans
les détails, mais il n’y a jamais de symétrie
dans l’ensemble ; il y règne toujours une
variété infinie, un certain désordre pittoresque
qui est comme le cachet de la nature;
vçmloir les comparer avec l’ouvrage des