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un tube creux qui s’élève au milieu d’une
base arrondie, l ’un et l’autre de spath
calcaire ou d’albâtre rayonnée ; le tout
ressemble, pour la grandeur et pour la forme,
à un bougeoir grossièrement travaillé.
Le sable qui s’est mêlé avec le suc pierreux,
incruste la surface de ces concrétions d’une
multitude de petits cailloux arrondis et sail-
lans , dont les plus considérables n’ont pas
deux lignes de diamètre. La plus grande
partie de ces grains sont quartzeux ; les uns
de quartz pur et limpide, les autres plus ou
moins souillés d’argile ferrugineuse de couleur
rouge ; il y a aussi quelques grains de
basalte, de serpentine et de chlorite. En
examinant attentivement à la loupe une de
\ ces stalagmites que j ’ai rapportée de la grotte
des Mackinnons , j ’ai observé quelques arêtes
, des dents et des vertèbres de fort petits
poissons, mélangés avec le sable , et agglu-
tinnés par le suc calcaire.
On nous dit qu’on n’avoit pas encore pu
trouver le fond de cette grotte, mais nous n’essayâmes
pas de l’atteindre,et après avoir pénétré
assez avant, nous revînmes sur nos pas.
C ’est toujours un moment agréable que celui
où l’on retrouve la lumière du jour, après
avoir erré dans les entrailles de la terre, enveloppé
dans les tenébres, mais cette jouissance
était encore plus vive ici par la beaute
du tableau qui s’offroit h nos regards. L’entrée
de la grotte, semblable à une vaste voûte, se
découpoit comme un cadre obscur sur le
bleu léger de l ’Océan calme et tranquille,
et sur le gris clair d’un ciel brumeux. La
petite île de Staffa et la montagne conique
du Dutehmans Cap paroissoient à l’horizon;
et à peu de distance s’élevoit des eaux de la
mer, la cime découpée d’un rescif ou se re-
posoient quelques Cormorants noirs (JPeleça-
nus Carbo.)
En suivant les rochers de Gribon, pour
regagner notre bateau, nous passâmes devant
une caverne bien moins profonde que
celle d’où nous sortions, mais fort remarquable
par la beauté des stalactites qui la
remplissent; ces concrétions ne forment point
ici comme ailleurs, de longs cylindres isolés.
Ce sont des masses semblables à des arbres
touffus , composées de rameaux distincts qui
se mêlent, s’entrelacent en tous sens , et se
subdivisent indéfiniment en petites branches