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tout ailleurs les côtes de Staffa ne présentent
que des murs énormes et perpendiculaires
dont la mer frappe continuellement les bases.
Nous descendons du bateau auprès de hauts
rochers de basalte en masses arondies qui
n’offrent aucune apparence de prismes. Les
cailloux roulés et les blocs de basalte sur lesquels
nous marchons indiquent par leur nombre,
par leur taille considérable et leur forme
sphérique, la force de cet Océan qui assiège
continuellement cette petite île,et en brise les
rochers les plus durs. C’est sur cette grève
que sont embarcjués ou débarqués les troupeaux
qu’on amène chaque printemps dans
l’île et qu’on en retire à l ’entrée de l’au-
toinne, opération difficile et qui n’est pas
d’ailleurs sans danger.
Nous montâmes d’abord par une pente
douce au sommet de l ’île; sa surface ne forme
pas une plaine comme on pourroit le croire
en la voyant à quelque distance, mais le ter-
rein est disposé en petits tertres qui offrent
des ondulations variéeis. Une belle prairie recouvre
toute la sommité; les moutons qui
trouvent là un paturage d’une excellente
qualité s’y engraissent promptement et
leur chair devient très-délicate. Du haut
des immenses rochers à pic qui supportent
ce pays fertile, au sud et à 1 ouest, nous
voyions à nos pieds la mer rouler majestueusement
ses grandes vagues. On apercevoit
des troupes de Mouettes, d Huitriers,(L?iC7?îiZ-
topus Oslralegus) de Cormoranls , (Peleca,-
nus Carbo et graculus) qui poursuivoient
sur les bords des eaux les petits insectes marins
ou les poissons dont ils se nourissent.
Le spectacle de l ’Océan et des îles environnantes
est grand et imposant.
Cependant, nous n’avions vu aucune colonne
basaltique, et nous attendions avec impatience
le moment où l’on nous conduiroit
à la grotte de Fingal; mais nos bateliers nous
gardoient ce plaisir pour la fin, sachant
qu’après avoir contemplé cette belle caverne,
tout ce que nous verrions dans 1 île nous
offriroit, en comparaison , un bien foible
intérêt. Ils nous montrèrent les vestiges d une
cabane, où vécut jadis, pendant huit ans,
une famille préposée à la garde des troupeaux;
c’étoient les seuls habitans de cette
île. Sir Joseph Banks et M.r Faujas, parlent
avec horreur de la mal-propreté de cette