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qnelques momens l ’attention sur la singulière
existence de ces peuplades guerrières
qui vivoient encore, il y a deux siècles,
dans les régions limitrophes de l’Angleterre
et de l’Ecosse. Ces tribus qui, comme celles
des Arabes , étoient sans cesse en guerre
soit entr’elles , soit avec leurs voisins , por-
toient le nom de Borderers ou habitans des
frontières. Leurs guerres sanglantes , leurs
pillages , qui ne laissoient pas que d’être
accompagnés d’un certain esprit chevaleresque
et d’un goût pour les arts et la
poésie, font encore le sujet des conversations
et des récits de ce peuple de bergers
qui habitent les bords de la Tweed. Ils répètent
les vieilles ballades et les lays naïfs
composés par les ménestrels, et chantés par
eux à la table de leurs Seigneurs, dans ces
châteaux gothiques dont les ruines existent
sur le sommet des coteaux.
Au temps où la féodalité régnoit dans
toute la Grande - Bretagne , et où les
Souverains n’avoient point de troupes régulières,
les Seigneurs de terres, entourés
de vassaux sans cesse armés et toujours
à leurs ordres , avoient acquis une exis*
.tenee d’autant plus indépendante que leur
château étoit plus fort et leurs paysans
plus nombreux et plus aguerris. A celte
époque, les bords des rivières Tweed, Esk,
Yarrow, Nith qui séparent l’Angleterre de
l’Ecosse , ces bords si riants et si tranquilles
de nos jours , étoient de part et d’autre hérissés
de tours et de donjons; l’écho qui ne
répète aujourd’hui que le chant mélodieux
et plaintif de la bergère écossaise, reten-
tissoit journellement du bruit des armes.
Des familles fîères et puissantes, d’origine
saxonne, gouvernoient militairement des
vassaux qui, ainsi que ceux des chefs high-
landers, portoient tous le nom de leurs seigneurs.
Les Scotts , à la tête desquels on vit
toujours un ancêtre des Ducs de Buccleugh,
les Kerrs, les Armstrongs, les Murrays,
les Elliots , les Johnstons et les Maxwells,
du côté de l’Ecosse ; les Percys, les Howards,
les Fenwicks, les Bulmers etc., de celui de
l ’Angleterre, étoient les plus redoutables de
ces tribus frontières.
Les contrées don l j e viens de parler, étoient
sans cesse exposées à être envahies pendant
les longues et fréquentes guerres qui eurent