
étendus. En Ecosse les vallons étroits, les
petits lacs sont proportionnés à la hauteur
peu considérable des montagnes ; les énormes
forêts qu’on voit en Suisse couronner à
de grandes élévations les sommités inaccessibles
des rochers, sont représentées en
Ecosse par des masses de petits arbrisseaux
qui font dans le paysage un effet
analogue. De là vient que si nos vues de
Suisse présentent un ensemble plus vaste*
plus frappent, une grandeur et une majesté
qu’on ne retrouve pas ailleurs , les vues
d’Ecosse sont peut-être plus pittoresques , à
prendre ce mot dans sa véritable acception
, c’est-à-dire qu’elles, offrent des sujets
de tableau plus convenable au peintre, des
détails plus variés et plüs gracieux. L’Ecosse
n’a pas comme la Suisse, ces monts
couverts de neiges éternelles, ces pics de granit
si hardis et si légers qui, par la beauté
de leurs contours et le contraste qu’ils font
avec la brillante verdure des vallées, donnent
à tous les lointains un effet si frappant
, mais elle a en compensation, des
lacs parsemés d’îles de toutes les formes
et de toutes les dimensions, elle a l’Océan
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atlantique, ses îles, ses golfes intérieurs qui
donnent aux premiers plans du paysage une
beauté particulière.
Je quittai non sans regret les bords du joli
Loch Kathrin, et dirigeant ma marche
vers le midi, je traversai les collines d’Au-
chray qui sont le prolongement de la montagne
de Benivenow ; pendant toute cette
route qui est presque de deux lieues, on che-?
mine au milieu d’une haute et épaisse
bruyère. Rien de plus solitaire et de plus désert
que ces collines. La haute pyramide de
Benivenow s’élève seule au-dessus des touffes
de sombres bruyères qui s’étendent par-tout
ailleurs à perte de vue. Cependant je cessai de
voir cette montagne, et je descendis le long
d’un ravin creusé par un torrent. J’écoutais
avec plaisir la conversation de mon guide,
homme plein de bon sens et qui me parut
plus instruit de l’état de son pays, de sa politique
, de la guerre , que ne le sont en général
les hommes de laemême classe. Enfin
le pays se découvre , les bruyères cessent et
j ’entre dans la vallée d’Aberfovle , c’est un
beau bassin ouvert, fertile , bien cultivé et
arrosé de ruisseaux limpides. Le joli village
Tome II. 14