
qui se perdent en pleine mer. Ces débris
appartiennent de droit aü Duc d’Argyle,
comme grand amiral de l’Ecosse, mais il
les cède ordinairement aux propriétaires des
îles sur lesquelles ils ont été trouvés, ce qui
fait par fois à ceux-ci un revenu assez considérable;
car ils acquièrent ainsi tous les
hivers, non-seulement une grande quantité
de bois et de ferrures, objets précieux dans
les Hébrides, mais encore quelques tonneaux
de vin, principalement des vins de France,
provenant de la cargaison de bâlimens perdus
dansrAllantique( i ) .La mer apporte aussi,
nous dirent-ils, des graines et des fruits extraordinaires
et étrangers au pays. Je compris
qu’ils entendoient parla cesfruits américains,
dont quelques voyageurs ont parlé, et dont
l’arrivée sur lc-s côtes des Hébrides et de
la Norvège , a été souvent citée comme une
preuve de l’existence du grand courant qui
traverse l’Atlantique, depuis les côtes orien-
(i) La situation des îles Hébrides est si favorable
a la contrebande qu’il est à présumer, quoiqu’en
dissent nos bons matelots, que tout le vin de Bordeaux
qu’on y boit ñ’étoit pas originairement destiné
pour l’Amérique*
taies de l’ÀméHque, jusqu’aux rivages deS
contrées septentrionales de l ’Europe.
A la moitié de nblre route, enlre lona et
Ulva , nous laissons à noire droite le rob
d’Arniskef. Ce rocher désert ët stérile n’a
qu’un mille de circonférence, et élève sa tête
aride au-dessuS des flots comme le sommet
d’une montagne. Une foule d ’oiseaux de mer
l’habitent, et quelques moutons paissent le
peu d’herbe qui croit dans les interstices des
pierres.
Fatigiié de la mauvaise nuit que j ’avois
passée, je m’étois endormi, lorsque tOut-à-
coup je fus réveillé en sursaut; la marche de
notre bateau éloit arrêtée, et les matelots
dans une grande agitation, paroissoient fort
allarmés. Une baleine venoit de passer tout
près de nous ; mes compagnons de voyage
qui l’avoient vue élever le dos près de la
proue, me dirent qu’elle étoit d’une taillé
considérable. Aussitôt que les rameurs l’a-
voient aperçue, ils étoieut restés immobiles,
leurs rames levées , dans la crainte que cet
animal voyant la chaloupe ert mouvement,
ne se mit à la poursuivre ainsi que cela arrive
quelquefois. Us nous assurèrent que si
Tom. IL s 3