
sence d’esprit, à lui sauver la vie h plusieurs
reprises et à le tirer des plus grands dangers.
Arrêtée deux fois elle-même, elle parvient
h rejoindre Charles Edouard et à le remettre
enfin en mains sûres ; mais bientôt victime de
son généreux dévouement, elle est reprise
par les Anglais et conduite prisonnière ù
Londres où elle fut retenue un an. Délivrée
enfin de sa captivité elle revint en Ecosse,
où elle fut durant sa vie, et est encore aujourd’hui,
l’objet de l’admiration et de l’amour
de toute la nation écossaise.
Nous ne nous arrêtâmes point à Aros,
comptant arriver le soir à l’île d’Ulva, chez
M.r Macdonald, propriétaire de la fameuse
île de Staffa. J’avois eu le bonheur de faire
connoissance avec lui à Edimbourg, où il
m’a voit obligeamment invité à venir le voir
dans son île. On nous d it, à Aros, que
nous n’avions que six milles à faire pour traverser
l’île de Mull, et arriver à l’etroit passage
qui sépare cette île de celle d’Ulva.
Il étoit 8 heures du soir; mais dans cette
saison, les jours étant encore fort longs et
les nuits claires , nous nous mîmes en route
ù pied, ayant pris un cheval pour porter
notre bagage. Je ne savois pas alors ce que
plus d’une fois, j ’ai appris depuis, à mes dépens,
c’est que les milles hébridiens, sont d’une
longueur double des milles anglais. Les six
milles de notre indicateur d’Aros, se trouvèrent
être quatre mortelles lieues. La partie
de Mull que nous traversâmes, est une étroite
vallée inculte et presque déserte, entre des
montagnes hautes et escarpées; pendant tout
le trajet, nous ne vîmes que trois ou quatre
cabanes éparses dans toute cette étendue de
pays. La nuit vint, mais comme le ciel étoit
serein, elle n’étoil pas assez obscure pour
nous empêcher de saisir l’aspect général du
pays, et d’admirer les belles formes des
monts qui nous environnoient. Après deux
lieues de marche, nous arrivâmes sur une
éminence d’où nous aperçûmes sous nos
pieds un grand lac, entouré de montagnes
élevées et pittoresques, le Loch-Nagheal,
bras de l’Océan qui pénètre très-avant dans
l’île ; sur la rive opposée, la masse imposante
du mont Benmore, attira plus parti-
ticulièrement nos regards ; c’est la plus haute
sommité de Mull, sa cîme se termine en un
cône pointu. La route que nous suivions n ’est