
troupeaux. Les moutons timides ont remplacé
les féroces guerriers. Les forêts détruites
par la guerre n’ont jamais reverdi, le
sol si long-temps inculte et stérile semble ne
reprendre qu’avec peine sa fécondité, comme
si la malédiction du ciel planoit encore sur
ces contrées ! Les nobles descendans de ces
puissants seigneurs sont encore comme ils
l’étoient jadis, au premier rang de la noblesse
écossaise ; mais l’amour des arts, les vertus
domestiques , les charmes de la société ont
pris la place de ce désir de conquêtes et de
combats qui animoit leurs pères ; l’antique
hospitalité ne les a pas quittés, et ils aiment
à s entourer de paysans heureux et riches, plus
encore que leurs ancêtres ne desiroient être
suivis par de belliqueux vassaux.
Les châteaux démolis de ces fiers Barons
pe sont plus habités que par l ’aigle de mer,
les oiseaux de rapine construisent leurs nids
dans les tours abandonnées, entre les créneaux
brisés. Le sombre choucas et la triste
corneille font seuls retentir de leurs lugubres
croassements les ruines gothiques des Abbayes
oô résonnèrent si long-temps les
sons religieux de l’orgue et les choeurs harmonieux
de pieux solitaires.
T R O I S I È M E P A R T I E .
C H A P IT R E I ."
Voyage aux Hébrides.
A p r e s avoir observé la formation tra-
péenne dans les environs d’Edimbourg et
dans l’île d’Arran , il me restoit à visiter les
immenses dépôts de basalte répandus en si
grande quantité dans les îles de l’ouest de
l ’Ecosse. Je désirois voir cette île de Staffa ,
cette belle grotte de Fingal, célébrée par
plusieurs voyageurs , et vérifier les observations
de quelques minéralogistes sur sa
chaussée basaltique ; mais je souhaitois surtout
cle parcourir les autres îles de cet Archipel,
qui, étant moins connues, pouvoient
fournir quelques observations nouvelles :