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comparés à ceux que produisoient ces chanta
simples et naturels qui attendrissoient less*
coeurs les plus durs, calmoient les passions
furieuses, relevoient les esprits abattus, et les
rendaient capables dictions héroïques. Il
semble que plus la musique s’est éloignée de
la nature, plus elle a perdu de sa puissance sur
la masse de la société. Le goût pour notre
musique savante n’est plus le partage que
de ceux qui en ont fait une certaine étude.
Des classes entières, des nations mêmes
semblent privées du sentiment de la musique.
Cela ne vient-il pas peut-être de ce qu’en
la traitant comme un a r t, on a perdu le
secret de ces grands effets qui en faisoient
le plus général et le plus énergique de tous
les langages. Il est aisé de s’apercevoir de
ces différences chez les deux peuples qui
composent la nation Ecossaise. Tous les Highlanders
sont vivement émus par leur sauvage
et imparfaite musique, tandis que la musique
plus perfectionnée des Lowlajads ,n’est plus
aussi populaire ni aussi généralement sentie
par les habitans de la Basse-Ecosse.
Plus les hommes avancent en civilisation ,
plus les traits caractéristiques qui di&thv*
guoient entfe eux les peuples divers > semblent
s’effacer et se perdre. Les institutions,
les coutumes prennent une marche semblable
chez toutes les nations , et le concours des
peuples dans la poursuite d’objets d un
intérêt commun, rapproche les nations
les plus éloignées et les plus différentes pur
leur origine. Tel est actuellement 1 état de
notre Europe. Les habitans des contrées
qui la composent, jadis si dissemblables entre
eu x , ayant par la marche du temps, acquis
des rapports plus constants et plus intimes
les uns avec les autres, tendent tous les jours
davantage à prendre une physionomie semblable
, à se rapprocher dans leurs vêtemens
et leurs usages domestiques, à se modeler
enfin, sur un type commun. Le ton et les manières
de la bonne société sont les mêmes en
Angleterre qu’en France, en Italie et en Allemagne;
toutes les grandes villes se ressemblent,
les habitudes même de la basse classe
sont à-peu-près pareilles dans la plus grande
partie de l’Europe, ou ne diffèrent que
par des nuances presque insensibles. C’est
à saisir ces nuances que le voyageur
doit s’appliquer. Plus la civilisation a fait