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iueux, et faisoit encore sentir la force et la
grandeur de l ’Océan jusque dans son repos
le plus profond. Cet effet, produit par la
marée ou par le retentissement d’une tempête
éloignée , imprimoit à notre navire un
balancement peu agréable. La vue des îles
éloignées de leurs © montaDg nes,7 et de leurs
rochers énormes , celle de la terre ferme
hérissée de pics élevés et stériles , of-
froient une distraction à l’ennui que nous
éprouvions.
J’observai ici un phénomène qui tient de
fort près à celui du mirage , et qui s’explique
de même par la théorie de la
réfraction. Les petites îles- Treisnish , qui
d’ici comme de partout ailleurs , offrent
l’apparence de rectangles alongés , sem-
bloient soulevées au-dessus de l’eau , et séparées
de la surface de l’Océan par une
mince couche d’air. Ce phénomène dispa-
roissoit lorsque le vaisseau étoit élevé par
une des ondulations dont je viens de parler,
pour avoir lieu de nouveau, lorsque le niveau
des eaux s’abaissoit. Cela produisoit
l ’effet le plus singulier, on croyoït voir ces
rochers sauter et danser sur la surface de
la mer. D’autres spectacles , non moins
frappants , s’offrirent successivement à nos
veux. Rien de plus imposant que celui du
coucher du soleil ; nous vîmes cet astre au
moment de se plonger dans le sein des eaux,
se cacher derrière un bandeau de nuages
qui entouroit l’horizon et qu’il peignoit de
riches couleurs orangées et dorées. Les
plus belles teintes se répandirent alors sur
les montagnes de la terre-ferme à l’orient et
sur les îles qui s’élevoient au nord au-dessus
de la vaste plaine des eaux pures et calmes
de l ’Océan. Bientôt après la lune, dans son
premier quartier, commença à briller au milieu
d’un ciel pur, et à éclairer d’une lumière
argentée le miroir des eaux de la mer
dans lequel son image étoit réfléchie.
Cet astre parcouroit lentement sa carrière
et se penchoit déjà vers l’horizon t
tandis que nous restions immobiles et fixés
à la même place , sans qu’un souffle de vent
pût enfler nos voiles. Assis sur le tillac,
nous jouissions du spectacle d’une soirée
aussi belle et aussi tranquille. Le ciel parsemé
d’étoiles qui rayonnoient de tout leur
é c la t, le cédoit presque en splendeur à la